3 août 2009

Autre histoire

Je vais bientôt reprendre l'histoire, là où je l'avais laissée. Mais avant de m'y remettre, voici une autre histoire courte. Le thème principal (combat contre un dragon) date de mon année de cinquième : un sujet de rédaction. En retombant sur cette histoire, j'ai décidé de la réécrire rapidement.
Voici LAVA SWORD

10 avril 2009

Sens de lecture

Merci pour les commentaires Jillian! Il y a pas mal de fautes encore, car c'est la version bêta de l'histoire. Quand au sens de lecture, les articles les plus récents son en premier. Tu peux utiliser la barre d'archivage sur le côté pour prendre les premiers articles ( en Août 2008).

Pour le moment, l'histoire est en courte pause, mais elle continuera prochainement.

Merci encore.

24 janvier 2009

Originel

- Lâche le bâton, murmura Jillian à Lucie.
Tremblante, la petite fille s'exécuta. Au moment où ses mains ne touchèrent plus le bois, le dôme pétillant s'éteignit. Deux monstres se jetèrent sur les trois humains, mais le jeune garçon avait repris le relais, et un bouclier plus large les englobait tous les trois.
- Prépare-toi à le reprendre si nécessaire. Je peux tenir seul assez longtemps, mais au moment où ils arriveront à briser ma protection, il faudra que tu enclenches la magie du bâton.
La fillette hocha la tête, n'osant parler, terrifiée.
- Pour le moment, récupère des forces. Tu risques d'en avoir besoin.
Puis le temps passa. Une heure, puis deux. Jillian tint un long moment, et Lucie le remplaça un instant, pour qu'il se détende un peu. Les loups-garous tournaient autour de leurs proies, leur jetant des regards plein d'envie et de faim. Mais ils ne pouvaient rien faire. De temps à autre, un des leurs testait la barrière, puis reculait en la voyant toujours puissante.
Puis enfin, deux hommes arrivèrent. Lucie cria en voyant une des bêtes se jeter sur son père. Mais l'autre tendit ses mains, tenant devant lui une croix. Le monstre s'arrêta net devant l'objet, puis recula, effrayé. Un grognement monta des gorges de toutes les bêtes du groupe. Un grognement de colère, et d'effroi.
- Tant de lycanthropes, s'exclama le prêtre! Ça ne va pas être facile!
- Sauvez ma famille, demanda le père de Lucie.
- Je le ferais, si Dieu m'accorde le pouvoir de le faire.
Le prêtre se tourna vers les monstres, et commença à réciter d'étranges prières en latin. Les bêtes commencèrent à reculer, un peu, puis de plus en plus. Jillian soupira de soulagement, mais fut interrompu par un sentiment désagréable. Suivant comme toujours les conseils de Mars, c'est-à-dire suivant son instinct, il déversa ses pouvoirs dans un morceau de bois brisé qui gisait à ses côté. Le débris s'envola vers le prêtre, mais ne l'atteignit pas. Il s'écrasa contre une ombre qui s'était approché du saint homme.
Jillian sauta sur ses deux pieds et s'interposa entre le monstre et le prêtre, alors que Lucie reprenait le bâton pour se protéger. Devant lui se tenait un loup. Les yeux rouges, et le poil noir.
- C... Comment, s'étonna le prêtre ?
- Tu rejettes leur part animal, avec tes prières, le prêtre, répondit la bête. Mais celles-ci ne valent rien face aux originels! Puisque nous gardons notre esprit, nous pouvons vous attaquer.
- Prêtre, intervint Jillian. Éloignez les autres, et protégez Lucie et ses parents. Je retiens celui-ci.
- Que penses-tu pouvoir faire ? Tu es un mage puissant, c'est vrai. Mais tu es fatigué, et si je te vaincs, plus personne ne pourra m'arrêter. C'est trop simple.
Un rire caverneux sortit de la gueule du monstre. Mais Jillian savait que c'était la seule solution. Il ferma les yeux un instant, juste le temps de rassembler son courage, et prit une longue inspiration. Et il les rouvrit. Dans ses veines bouillonnait chaudement des geysers de pouvoir. Et il savait comment, et comptait les utiliser.Il n'avait pas le choix. Cette fois, il n'avait personne pour le protéger. Cette fois, c'était à lui de protéger.
La bête avança, sans s'arrêter de ricaner. Ce qui changea au moment où la vague d'énergie le prit au creux du ventre et l'expulsa à l'extérieur de ce qu'il restait de la maison. Jillian s'élança à sa suite, et aussitôt, le prêtre commença d'étranges incantations ayant pour cible les quelques autres monstres.
- Donne-moi dix minutes, dit-il à l'enfant, et je pourrais alors t'aider. Dix minutes!
L'enfant ne prit pas la peine de répondre, mais il sourit. Dix minutes! C'était inespéré. Il ne connaissait pas la force de son adversaire, mais il avait assez confiance en lui quant à sa capacité à pouvoir tenir ce temps. En face se tenait la bête. Un sourire barrait sa face.
- Alors petit! Tu as encore tant d'énergie! Dommage, je ne voulais pas utiliser ceci.
La créature ennemie poussa un hurlement à déchirer le ciel paisible de la nuit. Et son corps entama une rapide métamorphose. Ses épaules s'élargirent. Son museau s'allongea. Il posa ses bras devenus pattes à terre et se redressa. Jillian déglutit avec peine. Il se tenait face à un loup. Il n'avait aucun mal à le reconnaître, car il en avait souvent aperçus dans la forêt. Mais celui faisait entre deux et trois mètres au garrot. 'Aucune importance' pensa l'enfant. 'L'un ou l'autre est affreusement grand'. En effet, lui mesurait moins d'un mètre cinquante.
Le loup envoya son immense pattes vers sa proie. Jillian plaça ses deux mains en protection à gauche de sa tête. Geste dérisoire, pour n'importe quel humain. Mais il n'était pas n'importe quel humain, et un bouclier d'énergies émergea du néant pour stopper l'attaque. Cependant, le coup puissant réussit à ébranler Jillian, alors que celui-ci ne l'avait pas touché.
Mais une ferme résolution brûlant dans son esprit, Jillian attaqua. Il avait les moyens de vaincre, il le savait, mais il lui fallait les utiliser. il envoya deux vagues d'énergie. La première ne toucha pas. Les réflexes hors du commun de la bête lui avaient permis d'éviter, sans le voir, ce coup dévastateur. Mais le second fit mouche. Il toucha une de ses pattes arrières, ce qui lui fit perdre l'équilibre. Réagissant dans l'instant il parvint avec peine à maintenir son équilibre.
Mais c'est à ce moment qu'il remarqua que le jeune mage se tenait juste devant lui, envoyant ses deux poings en l'air, comme pour viser son menton. Un instant, il pensa qu'il n'avait rien à craindre de ces deux faibles poings. Mais celle-ci éclata en morceau avec le choc qui atteignit sa tête. Son corps imposant fut soulevé du sol et rejeté en arrière.
L'enfant avait visiblement gagné la première manche.

21 janvier 2009

Loups

- Son champ était vraiment malade, lui demanda le solide fermier ?
- Oui, répondit Jillian. Sacrément empoisonné. Je ne sais pas ce que c'est, mais rien n'y aurait poussé. La rivière a amené le poison qui s'est répandu.
- Qu'est-ce qui aurait pu causer cela ?
- Des monstres, qui seraient venu boire à la source. Leur poison se serait répandu.
- Quelle sorte de monstres ?
- Différentes sortes, expliqua l'enfant. Des dragons venimeux, des hydres, peut-être un kelpi, ou alors...
Alors qu'il allait parler, il entendit un hurlement déchirer la nuit. Il regarda droit devant lui. Le bruit venait de la maison. Dans le ciel éclatait la lune argentée, pleine.
- Ou alors des loups-garous, finit-il avec effroi!
Les deux se mirent à courir à toute vitesse, affolés. Jillian porta par réflexe la main à son dos, mais le bâton n'y était pas. Il se rappela alors, avec un soupir de soulagement, l'avoir confié à Lucie. Il pensa un instant à s'envoler en utilisant ses pouvoirs, pour aller plus vite, mais il écarta l'idée. Si Lucie avait le bâton, elle pouvait tenir plus d'une demi-heure, et il avait besoin de conserver ses forces, car il devrait probablement lutter contre les lycanthropes toute la nuit, jusqu'à l'aube.
- Allez chercher un prêtre!
- Quoi, s'exclama l'homme ?
- Les mages et les prêtres sont souvent en désaccord, mais ils connaissent un moyen de se protéger, et de vaincre ces monstres. Je pourrais seulement les bloquer. Peut-être assez longtemps, mais un prêtre pourra nous aider! Vite!
Le fermier l'écouta et bifurqua instantanément.
L'enfant continua sa course. Il ne faisait plus attention au paysage autour de lui, focalisé complètement sur son objectif. Et il arriva à la grange. Un corps démembré d'une chèvre gisait au sol. L'odeur repoussante ne put le faire chavirer, car la peur de voir le même spectacle plus loin, avec des corps humains pour acteurs, l'empêchait d'y prêter trop d'attention.
Il sentit un souffle dans son dos et se retourna. Trop lentement. Il tenta de concentrer son énergie, mais la bête était déjà sur lui. Mais elle fut repoussée sur le côté. Il ne comprit pas ce qu'il s'était passé, mais il ne prit pas le temps d'y penser. Ses pouvoirs accrochèrent un imposant pieu de bois qui aurait du servir pour fabriquer un enclos. Le pieu s'envola vers le ventre du monstre qui ne put y échapper. Le bruit fut sordide, et le cadavre sans vie reprit petit à petit la forme humaine, qui avait été la sienne.
Enfin, Jillian put regarder ce qui l'avait sauvé. Il fut surpris de voir qu'une des chèvres survivantes, qui s'étaient regroupées dans un coin de la grange, effrayées, avaient quitté son abri pour attaquer le monstre d'un coup de sabot. Il la regarda un moment, puis reconnut enfin celle qu'il avait soigné, au début de son séjour. Il prit juste le temps de s'agenouiller, et posa la main sur sa tête.
- Merci, murmura-t-il.
Puis il se releva lestement et se dirigea vers le logis. Il entra dans la pièce, et quatre paires d'yeux écarlates se tournèrent vers lui. Tout était chamboulé. Les quelques meubles étaient renversés, et des marques de griffes recouvraient tout le décor. Et au fond, Lucie s'accrochait désespérément au bâton qui dressait un dôme luminescent autour d'elle et sa mère, évanouie. Heureusement, aucune d'elle ne semblait avoir été blessée.
- Jillian, cria la petite fille!
Mais entre le garçon et la fillette se tenaient quatre immenses bêtes. Un corps musclé et poilu soutenait une imposante tête de loup, aux crocs acérés. Les babines retroussées, ils regardaient avec un soupçon de gourmandise l'enfant qui s'approchait d'eux. Ils avaient faim. Lorsque la lune s'était levé, ils avaient tout oublié de leur vie pour devenir des bêtes sauvages, des tueurs assoiffés de sang. Seul maintenant comptait cette faim, déchirante. Leur première proie avait offert une résistance inattendu, et leur rage n'avait fait qu'augmenter. Sans hésiter, ils se jetèrent sur le nouveau venu.
Mais Jillian, bien que jeune, était un mage doué. Ils étaient dangereux pour lui, surtout s'il n'était pas seul, mais il avait les moyens de se défendre, contrairement aux proies habituelles. Il s'était fait prendre par surprise une fois, et il ne comptait aucunement renouveler l'expérience. Dans son corps, des flots d'énergies bouillonnaient, ne demandant qu'à s'échapper. Et au moment au le premier loup-garou se jeta sur lui, l'éruption eut lieu. Il relâcha son contrôle.
La déferlante explosa. Seule la bulle dans laquelle se trouvait Lucie et sa mère, protégée par le bâton, fut épargnée. Chaque monstre fut projeté en arrière avec force, et aucun ne sortit indemne. Seul un d'entre eux put se relever, et deux succombèrent, les organes mortellement atteints par des débris de bois. L'autre était dans un tel état que Jillian compris que seul le poison qui circulait dans son corps lui permettait de survivre. Dès le petit matin, si les blessures n'étaient pas traitées, il mourrait.
Celui qui pouvait encore se déplacer se releva. Et, animal dans son être, la faim fut remplacé par la peur : devant lui se tenait un chasseur, capable de le détruire, pas une proie. Il jappât faiblement, piteusement, et tenta de s'enfuir. Mais il s'arrêta, de lui-même, tremblant, comme si une chose encore plus effrayante s'était montrée à lui. Il revint se placer, montrant les crocs, devant Jillian qui avait rejoint les deux femmes. Et derrière lui apparurent près d'une douzaine des siens. Et les ténèbres nocturnes recouvraient d'un voile ce qui se trouvait derrière. Mais Jillian, donnant sa confiance aux énergies, comprit que la véritable de terreur se trouvait là-bas, derrière les troupes.

18 janvier 2009

Incube

- Où allons-nous, interrogea le prince franc ?
- Dans un petit village, à une vingtaine de kilomètres, on dit qu'une femme est possédée. Je vais vérifier si cela est vrai, et si c'est le cas, je procèderais à l'exorcisme.
- Comment ?
- Secret, dit le prêtre ironiquement.
- Vous préférez conserver le secret que d'apprendre aux gens à se défendre, s'étonna Dagobert.
- C'est un secret, mais je n'ai jamais dit en être le détenteur. Ce pouvoir est en moi, et se libère à force de prières. C'est pourquoi je pense que Dieu m'a fait ce don. Quant à savoir pourquoi moi, et pas un autre, et bien, cela concerne seulement celui qui a fait ce don ?
- Bien. Secret extrêmement bien gardé, car personne sur cette terre n'en possède la solution, fit judicieusement remarquer le prince.
- Certes. Mais ce qui me concerne, enfin nous concerne vu que nous faisons équipe, c'est ce que je peux faire de ce pouvoir.
Cette phrase interrompit une fois pour toute cette étrange conversation. Dagobert était curieux, avide de savoir même, mais il savait à quels moments il ne fallait pas insister, ni fureter. Et il vivait justement un de ces moments. Il en profita alors pour changer de sujet de conversation. L'homme connaissait bien les alentours, et même bon nombres de villes éloignées. Dagobert ne connaissait que les hautes strates de celles-ci, il en profita donc pour interroger son compagnon de fortune sur l'état du royaume.
Sans aucun préjugé, il s'intéressait aux moindres facettes de son royaume, du paysans le plus banal, au chevalier le plus puissant. Il apprit les craintes des populations, qui se résumaient en deux principaux points : leurs besoins naturels, la peur de ne plus pouvoir y subvenir, et les créatures magiques. S'ils acceptaient sans broncher les peuples elfiques, indifférents des affaires humaines, ils redoutaient toutes les bêtes aux instincts de destruction : dragons, lycanthropes, vampires, et bien d'autres. Mais dans la magie, ce qui les effrayait le plus, ce n'était pas les pures créatures purement féeriques, mais bel et bien ceux qui chevauchaient entre les deux mondes. Ceux qui se tenaient entre les humains et la magie, les sorciers et sorcières.
Mis paradoxalement, c'était également ceux qu'ils acceptaient le mieux, du moment que ceux-ci mettaient leur don au service du peuple. Une tâche bien ingrate, songea Dagobert, en pensant qu'un malheur pouvait transformer d'un seul coup des années d'aide et de dévouement en néant, ne laissant à l'homme que la malédiction de ses pouvoirs innés.
Et, continuant à discuter du sort du royaume, il arrivèrent en vue du village. Toute la population attendait dehors, et personne ne fit attention au jeune prince. Peu de personne connaissait le visage du prince, et il ne portait pas ses armoiries. A peine le chef du village eut-il présenté ses salutations à l'homme d'église que les pleurs des proches de la malheureuse victime résonnèrent, implorant l'aide du prêtre.
Celui-ci semblait par ailleurs totalement habitué à ce manège, et sans se départir de son sang-froid, il se fit conduire auprès de l'intéressée. Elle avait été placée dans un petit cabanon miteux, à l'égard du village. Pour toute réaction, l'homme soupira.
- Qu'y a-t-il, demanda Dagobert ?
- Penses-tu qu'il y est une réelle différence entre placer la possédée dans une maison du village, ou ici, à l'égard du village ?
- Non, répondit Dagobert. Mais les démons...
- Penses-tu que la mettre ici protégerait le village si le démon voulait l'attaquer ? Bien sûr que non. Quelle différence peut faire une dizaine de mètres. Mais les superstitions sont fortes. Si je n'étais pas venu si vite, ils auraient sûrement laissé mourir ici cette femme, sans rien faire.
- Ils ont peur, répondit Dagobert.
- Et parce qu'il a peur, penses-tu que l'homme ait le droit de se comporter comme un animal ?
- Non, répondit simplement le prince, remarquant qu'il avait été piégé.
Lui aussi avait été indigné, en voyant la femme, seule, étendue ainsi. Mais il avait essayé de comprendre le peuple. Et il commença à comprendre les leçons que tentait de lui transmettre son guide. Il était prince, et il ne devrait un jour diriger un peuple. Et il ne devrait jamais autoriser son peuple à se transformer en bête, que ce soit par peur, par colère, ou pour quelques autres raisons possibles. Mais, préférant tout de même changer de sujet, il aborda celui de leur patiente.
- u n'as pas besoin d'intervenir, répondit l'homme. Son mal est causé par un pur esprit. Toute attaque matérielle est impossible. Tu n'as donc pas à t'en faire.
- Peut-être, répondit Dagobert. Mais si un truc peut causer un tel état, répondit-il en montrant la femme, je préférerais quand même pouvoir le toucher pour me défendre.
- Ne t'inquiètes pas! Je m'occupe de l'esprit. Contente-toi d'observer.
L'homme posa sa main droite sur le front de sa patiente, qui commença aussitôt à trembler. Nerveux, Dagobert posa la main sur le pommeau de son épée, pas le moins du monde rassuré par les paroles de son compère. Celui-ci commença d'ailleurs à enlever sa main, tout doucement. Et entre sa main et le front de la femme apparut un brouillard sombre, une sorte de nuage noir.
- Un incube, expliqua le prêtre. Un démon inférieur. Il pénètre l'esprit de sa victime et lui puise son énergie. L'humain touché commence par agir d'une étrange manière, puis il tombe dans un long sommeil, qui peut être le dernier si le mal n'est pas traité à temps.
- Qu'allez-vous faire du...?
Dagobert n'eut pas le temps de finir sa phrase. Une lumière éclatante avait commencé à briller au centre du brouillard, qui commença à se déchirer, pour finir par se dissiper brusquement, dans un cri de désespoir. Puis le calme revint, et la femme ouvrit les yeux. Sans comprendre où elle se trouvait, elle regarda, inquiète, les deux hommes à ses côtés. Le prêtre sourit chaleureusement et montra l'extérieur.
- Allez rassurer vos proches! Ils vous attendent!

16 janvier 2009

Passé

- Père, je vais partir.
- Pour aller où, demanda le roi ?
- Dans notre royaume, parmi nos sujets. Je dois connaître le peuple!
Ainsi son voyage avait commencé. Il avait réussi a justifié l'utilité de cette recherche auprès de son père, et était donc libre de faire ce voyage. Puisqu'il partait seul, il pourrait en profiter pour enquêter sur le passé de Brunulf. Il était sûr de pouvoir entendre certaines histoires qui lui seraient utiles parmi les seigneurs et barons. Car tous ne lui étaient pas acquis, et certains avaient comme lui-même des doutes sur la loyauté du conseiller.
Cependant, ces premières rencontres furent toutes infructueuses, car les ducs et barons qu'il questionna étaient tous persuadés de sa bonne foi, et étaient même pour certains plus fidèles à Brunulf qu'au roi. Mais après un long moment, un duc, de bonne renommée, et reconnu comme sage, le duc Ega, l'accueillit et comprit ses craintes. Et il lui raconta une histoire des plus intéressantes.
- Sir Brunulf, avait-il dit, est comme entouré d'une chape de brume, et je juge qu'on ne peut faire confiance à quelqu'un dont on ne connaît rien, et qui cultive son secret. Mais je peux te raconter les faits qui entourèrent l'arrivée de son grand-père. A cette époque, le roi était atteint d'un mal étrange, dont aucun guérisseur ne put le guérir. Il souffrait terriblement, et toutes les nuits, on attendait ses cris d'agonie envahir le palais. Le pays était presque déjà en deuil, car rien ne semblait pouvoir être fait. Mais un étranger se présenta au château. Il disait venir de terres lointaines au nord, des terres appartenant aux guerriers qui portaient le nom de Tuatha Dé Danann. Et il proposa de guérir le souverain. Beaucoup s'y opposèrent, prétextant que l'inconnu pourrait en profiter pour assassiner le souverain. Mais étant donné que notre roi devrait mourir quoi qu'il arrive, on décida de laisser l'homme essayer. Et il réussit. Là où les guérisseurs s'étaient échinés des heures durant, il ne lui avait fallu qu'une nuit, et le roi devint même plus vif qu'il ne l'était avant la maladie.
- C'était son grand-père ?
- Oui. Il fut adoubé sans attendre, et devint rapidement un des plus grands chevaliers. Il eut une épouse, puis un fils. Mais certains doutaient de lui, et de son influence grandissante au palais. Petit à petit, le roi lui laissa la régence complète du royaume, se contentant de valider les paroles et les actes de celui-ci. C'est à cette époque qu'un homme vint défier le grand-père de Brunulf. Celui-ci était différent. Il était un homme lettré, venant avec sa femme et son fils de la grande Byzance. Et il accusa le conseiller du roi d'ingérence des affaires d'un royaume. Il menaça notre homme de destruction totale si ce dernier ne s'éloignait pas du trône des francs. Le conseiller refusa, et il y eut une bataille. Avant d'y partir, l'érudit de Byzance confia un imposant manuscrit rouge à son fils, avec quelques paroles. On ne sait pas ce qui fut dit. Seul le fils doit le savoir.
- Et que se passa-t-il ensuite, s'intéressa Dagobert ? La bataille eut-elle lieu ?
- Oui. Et seule deux certitudes nous restent. La première est que le combat ne fut pas humain, car tout fut détruit sur un kilomètre à la ronde, et la seconde est la mort des deux opposants, dont on trouva des restes. Ne sachant qui était dans son droit, tous deux furent inhumés. Le fils du conseiller récupéra l'épée de son père, et sa position, mais fut nettement moins remarquable. Et enfin naquirent deux filles, et un fils, Brunulf, qui lui semble avoir hérité du charisme de son grand-père.
- Et de l'autre côté ?
- On a perdu la trace de l'enfant et de sa mère. Selon certaines sources, il se serait réfugié en Neustrie, près de Brocéliande, et aurait eu un fils, qui a son tour aurait eu deux enfants, un fils et une fille. Mais leur village a brûlé il y a bien longtemps.
- Et ?
- Brunulf est devenu à son tour conseiller, et prend peu à peu le pouvoir. Sa sœur aîné est maintenant reine, et je ne sais ce qu'il réserve à la cadette.
Mais ces informations furent les seules véritables qu'il put récupérer, car comme l'avait dit le duc Ega, personne ne savait ce qui se trouvait derrière le voile de brume qui enrobait Brunulf. Dagobert se résigna, mais n'abandonna pas son voyage, se déplaçant dorénavant de village en village, écoutant les ragots et potins, qui souvent contenaient un soupçon de vérité.
C'est ainsi qu'il prit connaissance de l'existence du homme, un prêtre, qui jouissait d'une grande renommée. On le disait capable de repousser tous les démons d'un regard, et qu'à ses côtés, la lumière de Dieu s'épanouissait dans le cœur des hommes. Il se dirigea dans la direction des rumeurs, et trouva le saint homme. Quand il l'aborda, celui-ci lui répondit simplement :
- Je sens une obscurité en vous, mon prince. Accompagnez-moi dans le royaume. Vous me protégerez des fléaux humains, tandis que je m'occuperais de ceux du ciel. Je ne puis rien face aux bandits, mais les démons sont de mon ressort. Et vous, vous grandirez d'avoir vu la véritable obscurité.
Dagobert avait été soufflé, et avait accepté la proposition. En effet, le voyage serait plus agréable à deux, et si les ténèbres protégeaient son ennemi, il devait à tout prix les connaître.

15 janvier 2009

L'Inde

L'échange avait commencé dans l'instant. Les coups pleuvaient. Lenlen attaquait à un rythme fulgurant, mais son opposant parvenait à dévier ses attaques, et même à placer quelques coups de temps à autre. Mais aucun de ceux-ci ne semblait avoir le moindre effet.Mais seul l'adversaire de Lenlen paraissait s'épuiser. Après dix minutes de combat, ils s'arrêtèrent, Tchen reprenant son souffle.
- Tu n'es pas si forte que cela, fit remarquer un des taoïstes de l'assemblée!
- Vous m'avez demandé de le vaincre. Pas d'utiliser toutes mes capacités pour le faire, répondit-elle simplement. Mais j'ai bien peur que vous ne puissiez pas voir mes véritables capacités de toute manière!
- Te penses-tu vraiment si supérieure à moi, ragea son adversaire ?
Elle tourna la tête vers lui, intriguée.
- Je ne te sous-estime pas! Tu es très fort, mais pas suffisamment pour me vaincre! Mais ils ne pourront voir mes capacités car le principe même de l'ombre est de ne pas être vue.
- Quoi ?
- Tchen, dit-elle! Tu t'es bien battu, pour me tenir tête si longtemps, malgré ta nature de simple humain. Apprends maintenant à avoir peur du noir.
Et devant les yeux ébahis du disciple, et de ceux de nombreux maîtres taoïstes tout autour, l'image de la jeune fille se troubla pour se confondre sous un voile de ténèbres. Tous retinrent leur souffle, attendant l'action, s'attendant à voir réapparaître Lenlen au moment de l'attaque. Seul le vieux sage resta calme. Tchen commençait à sentir l'angoisse le saisir, mais il s'efforça à garder son calme.
- Je suis là, lui susurra une douce voix à l'oreille.
Il se retourna brusquement, mais rien n'était visible, et personne n'avait rien vu, comprit-il en remarquant leurs regards étonnés. Elle s'était approché à quelques millimètres de lui, et personne n'avait réussi à la remarquer. Ses battements de cœur augmentèrent encore. Il comprit qu'à aucun moment la jeune fille ne l'avait sous-estimé. Qui donc pourrait se battre contre ce qu'il ne pouvait percevoir ?
- Prépare-toi, le prévint la jeune fille, toujours invisible. J'attaque.
Il était prévenu. Il se préparait à réagir au moment du contact. Même s'il devait perdre, il pensait pouvoir donner un bon coup. Il n'en eut pas le temps. Sans pouvoir bouger, il se prit deux coups de pieds dans le ventre, puis un sous le menton. Ses pieds se détachèrent du sol lors de l'impact, mais il parvint à atterrir plus loin, et à conserver un semblant d'équilibre. Sa fierté lui interdisait de tomber si facilement devant toute l'assemblée de ses maîtres.
- Bien, intervint le vieux sage en se levant. Arrêtons-nous en là!
Tchen voulut réintégrer les rangs, mais ses jambes faibles défaillirent. Heureusement, il se sentit supporté, avant de remarquer que Lenlen était réapparue, et l'avait empêché de s'écrouler. Il la remercia d'un signe de tête, avant de s'éloigner.
- Tchen s'est remarquablement bien battu, fit remarquer le maître. Je ne le pensais pas capable de tenir si longtemps face à un Xuan Wu. Quant à toi, jeune fille, je comprends pourquoi le Qi Lin Li Yuan t'a envoyé ici. Reste donc le temps que je t'apprenne notre voie. Elle te permettra de te comprendre toi-même, et de devenir plus forte. Seule l'expérience te manquera encore pour pouvoir réveiller alors ton véritable potentiel.
- Merci, dit Lenlen en s'inclinant.
Et c'est ainsi qu'elle resta plus d'un mois à travailler avec les taoïstes, apprenant et s'endurcissant. Puis, malgré tout ce qu'il lui restait encore à apprendre, vint le moment où elle dut reprendre la route. Elle dit adieu à ses enseignants, et partit sans crainte vers le Licchavi. Elle apprit à vivre parmi le peuple, cachant encore son identité, dans ses contrées que les légendes du Xuan Wu avaient atteintes. Puis, elle arriva enfin en Inde du Nord.
Le royaume du roi Harsa était magnifique. Mais la guerre se préparait. Les Chalukya, au sud, prenaient les armes pour unifier le pays. Elle avait tenté de rentrer dans le palais par la voie principale, mais on l'y avait refusée. Elle s'y infiltra donc, à la manière des ombres. Elle parvint sans aucun soucis jusqu'au roi. Elle lui avait expliqué la situation, avant qu'il ne puisse même feindre d'appeler la garde.
- Je n'ai nul besoin de protection, avait-il dit.
- Laissez-moi affronter votre meilleur guerrier, avait-elle demandé! Vous verrez que je peux vous être utile!
Elle lui avait tellement demandé qu'il lui avait finalement accordé ce combat. Qu'elle remporta. Mais le roi Harsa n'avait pas changé d'avis.
- Ton bras est fort, avait-il reconnu, mais tu ne pourras t'intégrer à mon armée. Et malgré ta force, tu ne peux rien faire seule à cette échelle. Pas contre un peuple entier.
- Mais, avait-elle tenté de protester,...
- Écoute, si on ajoutait à ton clan un homme redoutablement fort, pour certaines missions, mais qui n'est absolument pas l'habitude de combattre à vos côtés, il n'aidera pas les autres, ou pire, les gênera. Et quant à être mon garde du corps, c'est inutile. Je n'aurais besoin d'un tel garde que si nos troupes sont décimées. Je n'aurais alors d'autre choix que de me rendre pour le bien de mon peuple. Et tu n'auras servi à rien. Continue ta course vers la dernière demeure du soleil jeune fille! Tu finiras par trouver ce que tu cherches.

12 janvier 2009

Petites nouvelles de Chine

Voilà! Lenlen est partie. Nous allons devoir abandonner nos personnages de Chine. Pour Feng, l'Histoire ne dit rien de ce qui lui arriva par la suite (forcément, l'Histoire n'est pas au courant de son existence!). Mais la révolte n'est pas finie. Le 18 juin 618, Li Yuan, avec l'aide de son fils, renverse l'empereur et met fin à la dynastie des Sui. Il prend le nom de Tang Gaozu et devient le premier empereur de la dynastie des Tang (après avoir utilisé le jeune héritier comme marche-pied, selon certaines sources. Les batailles continueront pendant quelques années, pour se débarrasser de quelques prétendants au trône.

Maintenant, parlons d'Eliane. La récente aventure est écrite comme elle s'est tout d'abord inscrite dans l'esprit enflammé du flamboyant Kociteb (et voilà, c'est reparti pour la minute de délire total!). Les faits ne correspondent que peu à une vérité historique. Dans ces régions, à cette époque, vivaient plus des peuples nomades. Il est probable qu'on puisse y trouver des fermes, mais sûrement pas des châteaux. Cette scène risque fortement de se développer, par la suite, en une guerre de deux jeunes filles( les mêmes, on va pas les changer, elles) contre une tribu barbare. Pour l'instant laissé à l'imagination du lecteur.

Bye! En espérant vous inspirer des songes colorés!

11 janvier 2009

Tao

- Plus que quelques centaines de mètres, et nous y sommes.
Cette voix appartenait au frère aîné de la famille qui l'avait accueillie. Elle avait bien sûr été choquée par leur réponse, mais elle avait décidé de croire en Li Yuan. Même si elle devait être refusée, elle irait jusqu'au bout. Mais ainsi, elle apprendrait peut-être quelque chose d'utile. Elle l'avait annoncé ainsi à ses hôtes, qui avaient essayé de l'en décourager. L'escalade était trop dûre pour une jeune fille ! Mais ils n'avaient pu lui faire changer d'avis. Et comme leur fils comptait faire l'escalade pour tenter de devenir disciple auprès des sages du sommet, ils avaient insisté pour qu'ils y aillent ensemble.
Comme elle avait pris l'habitude de le faire quand elle disparaissait en ville sous une fausse identité, elle avait fait le chemin en cachant ses véritables capacités. Pour ne pa blesser la fierté de son guide, qui était déjà époustouflé de la voir arriver à le suivre. Mais il n'en montrait rien, et indiquait maintenant l'entrée d'une caverne, au loin. Ils s'y pressèrent.
A l'intérieur, de nombreuses torches brûlaient, donnant un faible éclairage. Tous les deux, ils pénétrèrent dans les profondeurs. Lenlen sentit le malaise que l'obscurité provoquait chez son compagnon. Elle savait qu'il en était ainsi pour la plupart des gens, mais l'obscurité la réconfortait plutôt qu'autre chose, surtout qu'elle s'y savait à son avantage.
Après une courte marche, ils arrivèrent dans une vaste caverne, au centre de laquelle flambait un immense brasero. Et de nombreuses personnes étaient assises tout autour. Une voix surgit, venant d'un homme qui se trouvait à l'autre extrémité de la caverne.
- Bienvenue ici. Pourquoi venez-vous ?
- Je viens pour apprendre, répondit son compagnon de route.
- Qui es-tu ?
- Sei Lon est mon nom.
- Le Tao est un art de l'esprit et du corps, reprit l'homme. Tu nous as remis ton âme en donnant ton nom, nous devons maintenant prendre ton corps. Tchen!
- Oui, dit un jeune homme rasé en se levant.
- Teste notre ami, et montre-lui la route qui te sépare de lui.
L'homme, le disciple, s'inclina et se tourna vers Sei.
- Vient et combat!
Sei s'élança. Sa main en avant pour fendre l'air. Mais l'autre déplaça avec facilité le poing qui venait vers lui. Et le coup finit dans le vide. N'y croyant pas vraiment, Sei attaqua à nouveau, mais une nouvelle fois, sa tentative fut déviée. Et le combat continua ainsi pendant près d'une heure, jusqu'à ce que Sei s'écroule d'épuisement.
- Bien, dit le sage en reprenant la parole. Comprends-tu maintenant le chemin qu'il te reste à parcourir ?
- Oui, et je m'en remets à vous comme guide.
- Bien. Suis donc maître Hong, dit-il en montrant un de ses confrères qui se leva, il t'apprendra ce que tu dois savoir pour vivre ici.
Sei s'inclina, et partit avec son nouveau mentor, avant que le sage ne reprenne la parole, à l'égard de Lenlen.
- Sais-tu que nous n'enseignons pas aux femmes ?
- Je l'ai entendu dire.
- Pourquoi es-tu venu ?
- Quelqu'un en qui je crois m'a dit de venir.
- Qui ?
- Le général Li Yuan.
- Quelles sont tes liens avec le rebelle des terres du milieu ?
- Il a sauvé mon âme, et j'ai sauvé sa vie.
- Pourquoi n'es-tu pas resté là-bas ?
- Il ne voulait pas que je combatte là-bas.
- Pourquoi ?
- Ma famille est du côté de l'empereur.
- Pourquoi n'es-tu pas du côté de l'empereur ?
- J'ai été banni.
- L'as-tu trahi ?
- Il m'a trahi.
- Qu'as-tu fait ?
- J'ai agi en accord avec le serment de l'empereur.
- Quel serment ?
- Qu'il ne serait fait aucun mal à Li Yuan durant les négociations à la capitale.
- Que faisais-tu proche de l'empereur à ce moment ?
- Mon devoir.
- Ton devoir, s'étonna le sage pour la première fois. Qui es-tu ?
- Xuan Wu Lenlen.
Trois sages se levèrent en entendant cela, et un d'eux éleva la voix.
- Qui es-tu pour oser proclamer comme tien le nom du Guerrier Noir ?
- Qui pensez-vous que je sois, répondit-elle avec insolence, énervée par les incessantes questions qu'ils lui posaient ?
- Tel est vraiment ton nom, demanda celui qui la questionnait depuis le début ?
- Oui! Voici une preuve, dit-elle en sortant le médaillon de son clan, qu'elle avait toujours sur elle.
L'homme parut réfléchir un instant, puis dit.
- Bien, je t'autorise à passer un test. Si tu réussis à vaincre Tchen, nous t'apprendrons notre art. Mais nous ne pouvons t'accepter comme disciple.
- Bien, accepta Lenlen. Je n'avais aucune envie de me raser le crâne de toute manière!
- Tchen!
Le disciple se leva et s'approcha.
- N'avez-vous pas quelqu'un d'autre, demanda Lenlen ?
- Tu as peur de moi, demanda son adversaire ?
- Je ne voudrais pas te blesser. Vous devez sûrement avoir un disciple plus fort!
- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?
- Sa technique peut sembler incroyable, mais il n'a pas le timing. Contre un ennemi plus lent, ça ne pose pas beaucoup de soucis, mais...
- Je me retenais juste, répondit l'autre, se sentant insulté. Mais ne t'inquiète pas! Je ne me retiendrais pas face à toi! Tu vas comprendre la différence entre nous!
- Je ne demande que ça!
Et tous les deux se mirent en position de combat.

9 janvier 2009

Montagne

Et elle était partie. Pas tout de suite bien sûr. Elle s'était reposé de sa fuite éreintante d'abord, puis avais demandé, comme on lui avait conseillé, l'avis du général Li Yuan. Et elle comprit à ce moment combien l'homme voulait l'aider, elle. Car il avait prévu un itinéraire. Pas celui le moins dangereux, bien sûr! Ce serait une honte pour une ombre de choisir un chemin pour sa facilité. Mais celui qui pouvait lui apporter le plus.
- Je te conseillerais de passer par la grande montagne, par le Tibet. Des moines taoïstes peuplent la montagne, et tu pourras apprendre d'eux. Énormément de chose. De plus, ce paysage ne t'est pas familier, et te permettra de t'accomplir. Tout ton voyage te dépaysera, et tu changeras, parfois sans t'en rendre compte. Donc, tu dois aller par là-bas, puis tu feras un passage au Licchavi, pour rejoindre le nord de l'inde, le royaume du roi Harsa. C'est un roi sage, et il est possible qu'il est besoin de quelqu'un comme toi. Tu pourras, si tu en as envie bien sûr, lui proposer ta protection. Qui sait s'il acceptera.
- Merci, dit Lenlen en s'inclinant. Pour tout ce que vous avez fait, et faites pour moi.
- Va, lui avait-il répondu, et vit ta vie. Bon voyage!
Elle ne l'avait pas revu après. Elle était partie le matin suivant, avant même l'aube. Elle n'avait pas pris de monture, juste quelques armes, et un paquetage contenant le nécessaire. Mais elle était partie à pied. Pour se chercher, pour se retrouver.
Comme il lui avait dit, elle se dirigea vers les montagnes. Elle était en forme, et douée, mais plus elle progressait, et plus avancer devenait difficile. Les épaisses couches de neige ne lui posaient pas le plus de problème, car elle parvenait à marcher dessus presque sans s'enfoncer, mais le froid mordant faisait son office et lui enlevait ses forces, gâchant de précieuses ressources.
Pendant plusieurs jours, elle ne fit que marcher, se nourrissant à l'aide de plantes trouvées sur son passage. Puis la végétation se fit de plus en plus rare, et elle entama les quelques réserves qu'elle avait pu emporter. Elle faiblit de plus en plus, tentant de garder cependant sa direction et son allure. C'est ainsi qu'elle arriva dans un petit village. Personne n'était dehors, car le temps était était à la tempête.
Elle frappa à plusieurs portes, mais personne ne semblait l'entendre. Poussée par le froid, elle se décida finalement à rentrer dans une des maisons. Pénétrer dans un tel lieu ne représenta aucune difficulté pour la jeune ombre. Trouvant quelques couvertures, elle s'enroula à l'intérieur, et s'endormit, éreintée. Et toute la nuit, elle dormit, alors que la tempête glacée rameutait la neige à l'extérieur.
Elle se réveilla quand un rayon de soleil put enfin l'atteindre, passant à travers la neige et le bois. Elle sentit une odeur de riz parvenir jusqu'à ses songes, et elle émergea lentement. Et quand sa conscience perça enfin le voile des songes, elles remarqua le bol. Sous son nez, il y avait un bol plein de riz, que lui tendait un petit garçon souriant.
- Tiens, tu dois avoir faim!
Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait qu'elle était déjà sur ses pieds, effarée. Une demi-douzaine de personnes était dans la pièce, partageant leur repas. Et tous la regardaient avec une lueur chaleureuse au fond des yeux. Mais ne l'ayant jamais vu chez personne d'autre que son clan, elle crut se tromper. Tout les gens normaux haïssaient les Xuan Wu. Elle courba rapidement la tête, se rappelant n'avoir pas été invitée dans la maison.
- Pardon ,s'exclama-t-elle! Pardon d'être rentrée chez vous sans votre permission.
- Tu as eu tout à fait raison, dit un homme au large sourire. Il fait froid dans ses régions, et puisque le village était désert et qu'il te fallait un abris, tu n'as pas eu d'autre solution. Mais plutôt que de rester ainsi, viens reprendre des forces, et mange avec nous. Lenlen releva la tête, et l'enfant s'approcha une nouvelle fois avec la nourriture. Elle lui sourit et prit le bol plein. Dans un éclat de rire, le petit garçon se précipita vers la table, et s'y installa, montrant la place qui jouxtait la sienne à Lenlen. Elle y vint s'asseoir.
- Bienvenue chez nous, reprit l'homme. Désolé de n'avoir pu t'accueillir hier soir, mais notre sage avait prédit la tempête, et nous sommes aller nous réfugier dans un abri, où il fait moins froid et où le vent souffle moins fort.
- Merci de votre accueil tout de même, et de ne pas m'en vouloir de m'être introduit chez vous. Je m'appelle...
- Stop, l'arrêta l'homme. Tais ton nom. Je devine que tu ne resteras pas longtemps, et si nous t'accueillons avec joie parmi nous, nous ne souhaitons pas entretenir de nouvelles chaînes. Ton nom, expliqua-t-il face à son regard d'incompréhension, porte ton âme. Nous ne le donnons qu'à nos familles et ceux en qui nous avons totale confiance. Et seul le temps peut construire la confiance.
- Bien, dit Lenlen.
- Donc pour les présentations, nous n'avons besoin de savoir qu'une chose, que tu voyages. De notre côté, continua-t-il en montrant tour à tour chacune des personnes de la tablée, voici ma femme, mon père, ma fille et mes deux fils.
- Bonjour à tous, salua Lenlen.Puis ils discutèrent, avec entrain, de différentes choses, que souvent la jeune guerrière ne comprenait pas. Puis vint la question, posée par le tout jeune :
- Où vas-tu ?
- On m'a conseillé de chercher les moines taoïstes, répondit-elle.
ET tous se turent.
- Qu'y a-t-il, demanda-t-elle ?
- Ne sais-tu pas qu'ils n'enseignent pas aux femmes, dit le frère aîné.

7 janvier 2009

Vers de nouveaux horizons

Encore cette phrase.
- Non, avait aussi dit Li Yuan. Je ne peux t'autoriser à te battre avec nous.
- Pourquoi, s'était-elle insurgée ? J'ai abandonné mon devoir envers l'empereur, et je suis désormais considérée comme une rebelle. Laissez-moi vous aider dans votre guerre! Je peux être utile!
- Je n'en doute pas, avait-il répondu simplement. Mais tu ne peux pas...
Elle n'avait pas voulu en entendre plus. Elle était arrivé au campement rebelle après un long voyage à travers la Chine. Les gardes à l'entrée n'avaient pas voulu la laisser s'approcher, mais Feng, qui passait par là, s'étonna de son apparition soudaine. Il l'invita à l'intérieur du camp et lui demanda de lui raconter la raison de sa venue. Quand elle eut fini avec son évasion et la disparition de son frère, le guerrier du Bai Hu avait décidé de lui faire rencontrer Li Yuan et son fils, Li Shiming. Elle fut donc introduite dans la tente où les deux hommes conversaient.
- Lenlen, dit Li Yuan en inclinant la tête.
- Merci d'avoir secouru mon père, continua Li Shiming. Nous vous sommes redevables.
- J'ai entendu parler de ton évasion, et de la disparition de ton frère. Tu n'as plus besoin de t'inquiéter. Des membres de notre groupe l'ont aidé et lui ont offert un bateau. Il a rejoint sain et sauf les îles du Levant, annonça-t-il. Depuis, je n'ai plus de nouvelles, mais il semble vouloir rétablir un semblant de clan, en enseignant autant que possible ses arts à ceux qui le suivront.
- Bine, je suis soulagée, avoua Lenlen. Mais je ne suis pas venue uniquement pour cela. A vrai dire, j'ai énormément réfléchi. J'ai consacré aveuglément ma vie au devoir jusqu'à présent. Je veux maintenant me battre à vos côtés.
- Non, avait simplement répondu Li Yuan.
- Vous ne me faites pas confiance ?
- Ce n'est pas ça, avait-il répondu. De nombreuses raisons ont poussé mon choix, mon refus, mais aucune n'est liée à un quelconque manque de confiance. Je te confierais sans hésiter ma vie une seconde fois, et une troisième fois. Mais notre combat n'est pas le tien.
- Pourquoi, s'insurgea-t-elle ? ...
Elle n'avait pas entendu la réponse. Elle n'avait pas attendu la réponse! Elle en connaissait une partie. Et une autre lui avait été livrée par Feng, le soir, au campement.
- Tu ne cherches pas véritablement à changer les choses! Tu veux le changement, mais la véritable raison qui te pousse à te joindre à nous, c'est le dégoût que tu as pour toi-même. Depuis ta jeunesse, tu as protégé l'empereur. C'était ton devoir. Mais de ce fait, tu l'as inconsciemment aidé à torturer le peuple. Et maintenant que tu en as pris conscience, tu cherches à réparer tes erreurs. C'est louable, mais ça ne te permettra pas d'être plus en accord avec toi-même. Tes fautes resteront toujours en toi, et un jour, tu t'en vaudras de nous avoir suivi pour des raisons égoïste. Avant de trouver ta route, tu dois faire la paix avec toi-même. Apprends que chaque personne a fait des erreurs dans sa vie, et doit les assumer.
- Mais...
- Et tu sais que ce n'est pas tout. Même sans cela, ton aide nous serait précieuse. Mais je connais Li Yuan, et il ne te laissera jamais participer.
- Oui, répondit-elle en baissant la tête. Je sais.
- Ton clan appartient toujours à l'empereur, et il s'en vaudra si tu es obligée de te battre contre les tiens. Surout depuis qu'il a appris la destruction de son peuple. Il se bat pour des idéaux. Et parmi ceux-ci, il y a l'envie de ne plus jamais voir des familles déchirées, détruites, comme en furent trop parmi la population, comme le fut son peuple. Et même s'il ne peut empêcher d'autres familles de souffrir de la bataille à venir, il ne supportera d'être la cause d'une guerre intestine à votre clan, déjà sur le déclin.
- Je sais, mais je veux me battre.
- Et de plus, toi qui connaît le poids de l'honneur, pense au sien. Tu as risqué ta vie pour le sauver. Et par chance, et par l'intervention de ton frère qui s'est exilé, tu as pu t'en sortir. Li Yuan, et tout notre groupe, a une dette envers toi. Et Li Yuan sait que ta place n'est pas là. Je ne saurais dire comment, mais je te préviens qu'il a toujours eu raison. S'il t'écartait de ta place, pour te sacrifier parmi nous, comment pourrait-il penser rétablir le droit chemin en Chine. Si tu ne pars pas pour toi, permet lui au moins de nous diriger sans doutes ni hésitations.
- Mais dans ce cas, il a également une dette envers toi.
- Non. Je lui avais déjà juré protection. Mais toi, tu l'as protégé alors que rien ne t'y obligeait vraiment, et te mettant hors-la-loi parmi les tiens de ce même fait. Nos situations sont trop différentes. J'aimerais à nouveau combattre à tes côtés, et te voir devenir le véritable Xuan Wu, mais nos chemins doivent se séparer. Trouve ta place Lenlen. Grandis. Et protège celui que tu auras choisi. Tu ne dois pas mourir ici.
- Mais où puis-je aller ?
- Li Yuan te conseillera, mais sinon, tout ce que je peux te dire, en tant que membre d'un des quatre clans, c'est d'aller quelque part où tu ne seras pas un monstre, mais une jeune fille, jolie en plus.
- Que... C'est impossible!
- Non, Loin de la Chine, les gens ne connaissent pas le clan des ombres. Vis, Lenlen. Trouve un endroit où tu peux vivre.

6 janvier 2009

L'Arène

La lame fendit l'air. Elle décrivit une courbe à une vitesse fulgurante, hallucinante, absurde, trop lente. Elle ne put que frôler la joue de la jeune fille qui avait esquivé d'un mouvement parfaitement maîtrisé. Les cris, tout autour, encourageait avec force le redoutable guerrier. Il avait une fillette en face de lui. Lui, qu'on disait le plus redoutable de tous les guerriers de l'armée du roi Harsa, peinait à affronter celle qu'il ne pouvait considéré que comme une gamine. Avec rage, il redoubla d'effort. Les cris de ses camarades lui confiaient force et courage, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir le souffle froid du désespoir.
- Tue-la! Tue-la!
Pourquoi donc tous était persuadés de la facilité de cette tâche ? Ne se rendaient-ils compte de rien ?
- Tu y es presque! Elle arrive tout juste à éviter.
Est-ce l'impression que ce combat donnait ? Lui, attaquant sauvagement cette fillette, aux abois, parvenant à peine à éviter. Le rythme de ses attaques, insoutenable pour la plupart des guerriers, lui donnait-il une aura de puissance. Il ne comprenait pas vraiment que ses compagnons soient si aveugle, puis il réalisa. Ce qui l'effrayait. Ce que les siens ne pouvaient pas voir. Les yeux de la jeune fille. Ces yeux qui, à chaque fois qu'ils croisaient les siens semblaient lui dire : 'C'est tout ? Tu ne peux pas aller un peu plus vite ? Je m'attendais à mieux de la part d'un soldat d'élite.'
Comprenant alors qu'il se faisait manipuler depuis le début, la fureur pénétra jusqu'au plus profond de son être, et décupla sa force. Pour la première fois du combat, il eut l'impression de véritablement pousser son adversaire sur la défensive. Son épée s'envolait de droite à gauche, décrivant des dizaines et des dizaines de courbes vengeresse, qui auraient fauchées nombres d'ennemis.
Mais elle était encore debout. Finalement aveuglé par la rage, il tira du fourreau d'un de ses confrères une seconde lame, qui suivit la première dans son travail. Tous en hoquetèrent de surprise. Il était le plus fort, avec une seule épée, mais son véritable talent était bel et bien le maniement des deux armes simultanément. Qui aurait pu survivre ?
- C'est bon! Elle est morte, hurlèrent les siens.
Mais ils avaient tort. Pour la première fois du combat, elle dégaina. Deux dagues, d'une trentaine de centimètres chacune. Ridicules! Minuscules! Dangereusement affilées. Personne ne remarqua le mouvement, mais toujours est-il qu'au moment où les deux lourdes épées allaient finir leur course meurtrière, elles s'interposèrent et dévièrent avec légèreté les attaques.
Un silence pesant s'installa dans l'arène. Quand elle avait dit être bien plus forte qu'eux, ils l'avaient pris comme une blague. Quand elle l'avait répété, comme une insulte. Quand elle les avait défiés, comme une folie. Et maintenant, comme une inéluctable fatalité. Ils comprirent la leçon qu'elle venait de leur donner. Rien n'était acquis. Malgré les apparences du combat, elle avait mené la danse/ Mais la fierté des guerriers en prit un coup, et si un seul des leurs pouvait la vaincre, c'était bien celui qui se trouvait dans l'arène en ce moment. Les cris reprirent de plus belle.
- Tu peux le faire! Vas-y! Elle va fatiguer!
Le guerrier inspira une longue goulée d'air frais. Puis ses épées reprirent leur danse. Précise. Acérée. Mortelle. Mais à chaque attaque, les deux lames de la jeune fille intervenaient et déviaient le coup. Jamais elle ne bloquait. Ses armes fragiles auraient été facilement brisée. Mais elle guidait selon son envie la force de destruction de son adversaire, et n'avait par conséquent aucun problème pour échapper aux crocs aiguisés.
Mais le guerrier était doué, et il comprit petit à petit la façon dont elle s'y prenait. Et il se rappela avoir déjà vu une telle manière de combattre. Un moine, qui venait du nord, utilisait les mêmes mouvements. Au moment où son épée allait toucher la dague, il lui imprima un mouvement de rotation puissant qui fit décoller l'arme des mains de son adversaire. Il n'avait pas pu la blesser, mais elle n'avait plus qu'une seule arme. Elle ne semblait cependant pas le moins du monde embêtée :
- Tu es fort, c'est vrai. Redoutable, pour un humain normal. Mais il est temps de te montrer ... ma vitesse.
- Ton bluff ne fonctionnera pas, répondit-il dans l'instant. Tu es désarmée, et si tu veux abandonner, fais-le maintenant!
- Désolé, mais je vais te vaincre, et m'approcher encore un peu de mon potentiel latent.
Ne prêtant pas attention aux dernières paroles, le guerrier se précipita et envoya de toute sa rage, de toute sa force, et avec toute sa vitesse ses deux lames vers le corps sans protection de la jeune fille. L'attaque lui sembla se dérouler au ralenti. Il voyait chaque millimètre que gagnait ses armes vers la chair de son ennemie, alors qu'elle attendait immobile, le coup fatal. Mais il l'aperçut. Alors que tout se déroulait au ralenti, elle sembla bouger normalement. Et son pied s'éleva. Il ne put éviter.
Il sentit le coup puissant le prendre sous le menton, et le soulever dans les airs. ses mains lâchèrent les armes, et il s'étala, deux mètres plus loin, sonné. il tenta de se relever, mais ses jambes ne voulaient plus obéir. Il ne put que saluer la victoire de la jeune fille, assis au sol.
- Tu avais raison, Lenlen.
Le roi Harsa s'était levé de son trône, et s'était approché des combattants. Il posa sa main sur l'épaule du guerrier endolori.
- C'était un magnifique combat.
- Elle était trop forte, répondit humblement l'homme. Elle appartient au monde du dessus.
- Peut-être, dit le monarque en souriant.
- Alors, les interrompit Lenlen, pressée d'obtenir sa réponse. M'autorisez-vous à rester ?
- Non, dit le roi avec douceur. Je ne peux t'autoriser à combattre avec nous.

5 janvier 2009

Crime et châtiment

Eliane pénétra dans la pièce vide et froide. Une imposante tapisserie servait d'unique décoration, avec les décorations trop riches d'un lit suffisant pour loger une demi-douzaine de personne. Sinon, seule régnait la pierre froide. Elle avait d'abord pensé avoir une meilleure chambre en suivant les soldats, mais cette chambre vide et froide s'avérait déjà beaucoup moins confortable que la petite pièce bien chauffée des deux fermiers. Mais elle savait qu'elle ne pouvait les laisser être mêlés à la suite.
La porte se ferma derrière elle, et elle se détendit. Elles avaient été obligées de laisser leur paquet à l'entrée du château, à l'immense déplaisir d'Ariane. Mais Eliane ne s'en souciait pas. Elle repensait au repas qu'elles avaient pris avec le maître des lieux. Il avait des manières, c'est sûr, mais il n'avait pas réussi à cacher son regard. Un regard qui visait son amie, une peu plus âgée et très jolie, et qui laissait présager à la jeune fille de l'action pour terminer la soirée.
Puis elle décida de se coucher rapidement. Car si ils mettaient moins de temps qu'elle ne pensait pour agir, elle voulait au moins avoir profiter du lit qui trônait, fier, au centre de la pièce. Puis elle s'endormit.
Elle fut réveillée au milieu de la nuit car des bruits de pas discrets. Mais, attentive et préparée, elle ne bougea pas. Pas le moindre mouvement, pas le moindre tremblement. Elle attendit, simplement. Rapidement, elle sentit que quelqu'un montait sur le lit. Puis celui-ci lui plaqua une main sur la bouche. Elle reconnut le soldat qui les avait escortés.
- Alors jeune fille, murmura-t-il, mon maître a préféré ton amie, et il m'a laissé libre de faire ce que je veux de toi! Alors reste calme et sois conciliante, si tu ne veux pas être blessée.
- Quelle manque de chance!
- Tu peux le dire! Vous auriez mieux fait de ne jamais mettre les pieds dans notre région.
- Non, je parlais de toi, de ton maître, et de vos soldats, dit-elle dans un murmure.
- Quoi ?
Elle sourit, et elle retourna puis plaqua l'homme sur le lit, avant de lui appliquer sa dague sur la gorge. Ils avaient commis une erreur. En effet, les Amazones sont un peuple de mercenaires, s'engageant pour des causes diverses pour de l'argent. Par conséquent, elles devaient rester le plus à l'écart de la politique. Tant que cela ne concernait pas une mission, elle ne devait pas toucher aux royaumes, petits ou grands, et à leurs souverains, car ils s'avèrent être le plus souvent de bon clients. Mais malgré tout ça, une loi, de leur peuple, de leur pays, les autorisait à agir en toute situation. 'Un homme ne doit jamais tenter de prendre de force un femme'. Et tout ceux qui violaient cette loi, surtout en présence d'Amazones, devaient s'attendre à une punition immédiate. Et toute personne ayant aidé à cette tentative pouvait être châtié.
- Moi et mon amie sommes des Amazones en mission, dit-elle à l'oreille de l'homme.
Celui-ci se mit instantanément à trembler. Malgré le peu de lumière qu'elle recevait dans cette chambre sombre, Eliane put voir son visage blanchir.
- Je ne sais pas pour mon amie, continua-t-elle, mais ce confortable lit m'a mise de bonne humeur. Je ne vous tuerais donc pas...
- Merci, merci, pria l'homme, les larmes aux yeux.
- ... et me contenterais de vous émasculer, finit-elle avec un sourire effrayant.
Le visage du guerrier se décomposa. Soudain, il se demanda laquelle des deux punitions, celle dont il avait réchappé ou celle dont il avait écopé, était véritablement la pire. Et avant qu'il ne trouve la réponse, ils entendirent un cri effrayant, suivi de pleurs, venant d'à côté.
- Mon amie a apparemment eu la même idée, continua-t-elle. Mais la connaissant, elle n'a pas du faire dans la finesse. Elle a sûrement juste tout arraché! Je n'ai pas envie de ma salir les mains, alors j'utiliserais ça, dit-elle en montrant son couteau.
Un autre cri retentit, et les soldats émergèrent dans la chambre. Ils s'arrêtèrent devant l'affreux spectacle qui s'imposa devant leurs yeux.
- Bon, nous allons en rester là pour le moment, mais si vous ne vous êtes pas calmés quand nous reviendrons de notre mission, dit Eliane, alors nous raserons le château, avec les soldats à l'intérieur. Et quand je dis calmés, ce n'est pas seulement pour votre appétit de jeune fille, dont je pense vous avoir définitivement guéris, mais également de la façon dont vous traitez le peuple.
Le chef des soldats, toujours blessé, courba la tête et murmura d'une voix piteuse son assentiment. Mais un soldat, qui n'avait pas reconnu la fille comme une des redoutables guerrières scythes, leva son épée, et tenta d'attaquer celle qui avait si douloureusement blessé son chef au plus profond de sa fierté. Sa lame fut arrêtée en l'air, Eliane l'ayant attrapée de sa main droite. puis elle frappa de la gauche. Au ventre. L'épée seule lui resta dans la main. L'homme fut propulsé en arrière, d'une violence inouïe, qui fissura même la dure roche des murs des châteaux à l'endroit où il s'incrusta.
- Bien! J'espère que vous avez compris, finit-elle. Et aussi, j'ai failli oublié. S'il est arrivé la moindre chose au vieux couple qui nous avait hébergé, vous regretterez sincèrement de ne pas pouvoir arriver plus vite en Enfer! Bonne chance!
Puis elle sauta de la fenêtre et atterrit au sol, une dizaine de mètres plus bas. Ariane était déjà là, ayant récupéré ses armes. Elle tendit à Eliane les armes de la jeune fille et une longe.
- J'ai pris des chevaux! Puisqu'ils sont criminels, on peut, non ?
- Bien sûr! Prenons en quatre pour éviter de les fatiguer, on arrivera plus vite ainsi.
- Bien allons-y!
Voyant qu'Eliane regardait vers le château en effervescence qu'elles quittaient, Ariane lui demanda à quoi elle pensait.
- Ils n'ont peut-être aucun sens de l'accueil, mais je trouve dommage de n'avoir pas pu profité plus longtemps de leurs lits! C'est la seule chose de bien qu'ils avaient.
Pour toute réponse, Ariane éclata de rire.

4 janvier 2009

Peur ?!?

Aussitôt, un poignard effilé apparut dans la main d'Ariane. Mais la main calme d'Eliane arrêta son geste. Ariane leva un regard plein d'interrogation, et avec le zeste de mépris habituel. Mais elle se retint d'agir et attendit une explication de sa camarade. Explication qui ne tarda pas à venir :
- Je comprends ton désir de protéger ses gens, expliqua Eliane, mais si tu interviens maintenant, tu ne fera que leur causer des soucis en plus.
- Quoi ?
- Admettons que tu tues ces soldats. Sur le moment, tu protèges ce vieux couple. Mais après, le courroux du seigneur les aura pour cible, et nous ne serons plus là pour les protéger. Nous avons une mission et ne pouvons rester.
Ariane remarqua immédiatement que sa compagne avait raison. Elle avait envie de trucider celui qui s'était adressé si durement au gentil couple, mais elle savait que ce n'était qu'un désir égoïste. Elle se contint.
Eliane, elle, se concentrait sur la discussion. L'homme avait apparemment repoussé le couple et était entré dans la maison, pour se servir parmi les maigres richesses du vieux couple. Elle aussi bouillonnait, mais, beaucoup plus calme et posée que son amie, elle réfléchissait au moyen de faire payer ce geste au brute, sans mettre en danger leurs hôtes.
-Ariane, demanda-t-elle inquiète, es-tu capable d'avoir un visage effrayé ?
Le regard, et la mimique qui accompagna celui-ci, donnèrent immédiatement la réponse à Eliane. Elle voulut presque rire de la mine outrée de son amie, mais elle se retint et poursuivit avec des instructions :
- Bon, puisque tu n'en es pas capable, il faudra que tu cache ton visage quand les hommes rentreront dans la chambre. Et si tu pouvais trembler...
- Trembler ?
- Ca leur fera croire que tu as peur.
- Et comment je fais pour trembler, demanda Ariane ingénument ?
- Imagine que tu vas bientôt pouvoir t'occuper d'eux à ta façon!
Le tremblement d'excitation qui secoua les épaules de la fille sembla parfait à Eliane. Seul l'immense sourire qui barrait son visage démentait ce qui pouvait passer pour de la peur.
- Parfait! Donc tu caches ton visage, et tu t'imagines en train de les découper. Évite seulement de pousser des cris de guerre intempestif.
A ce moment, la discussion fut interrompue par le cri du vieil homme.
- Non! N'allez pas là!
Et la porte s'ouvrit à la volée. Comme convenu, Ariane dissimula ses traits, alors qu'Eliane simulait parfaitement l'effroi.
- Que nous cachiez-vous là, sourit le soldat ? Deux aussi belles pucelles!
- Elles ne sont que de passage! Ne les mêlez pas à cela!
- Cela ne dépend que de mon envie, cria le soldat colérique. Et d'aussi beau minois feront plaisir à mon seigneur!
En entendant cette phrase, Eliane eut envie de sourire. La situation devenait intéressante. Elle se jeta au pied de l'homme, simulant la soumission, ne faisant aucunement attention au regard de dégoût que lui décocha sa camarade.
- Pitié, dit-elle! Emmenez-nous si vous le voulez, mais ne faites pas de mal à ce vieux couple qui n'a commis que le seul péché de nous héberger.
-Parfait, s'exclama le soldat. Nous avons donc un accord. Vous avez cinq minutes pour faire vos bagages, bien que je pense que vous n'ayez rien de précieux, puis nous partirons en laissant ces vieux tranquilles.
- Non, s'exclama la vieille femme. Ne vous en faites pas pour nous et enfuyez-vous!
- Ne t'inquiètes pas, lui dit Eliane en lui posant la main sur l'épaule. Tout se passera bien pour nous.
Et l'éclat de glace que la vieille fermière capta dans les yeux de la jeune fille la fit frissonner, jusqu'au plus profond de ses os. Soudainement, elle se demanda lequel des deux était en plus mauvaise position, du geôlier et sa prisonnière. Puis elle comprit. La jeune fille ne se sacrifiait pas pour les sauver, mais s'éloignait pour ne pas les mêler à la bataille qui se préparait. Ou au massacre. Malgré sa dangerosité, la jeune fille prenait soin du couple. La vieille femme prit entre ses doigts la main de la jeune fille, elle lui dit avec toute sa reconnaissance :
- Merci!
Souriante, Eliane demanda à Ariane de se relever. Puis elle ramassa en un instant ses quelques affaires, alors qu'Ariane prenait le fagot de bois. Et quand elle sortirent de la petite pièce, le reflet du feu qui se consumait dans la cheminée eut sur ce chargement un éclat beaucoup trop métallique. Le groupe composé des soldats et des jeunes femmes sortit, et avant de disparaître dans la nuit, Eliane se retourna et cria :
- Merci de votre hospitalité.
Le vieux couple put même voir l'autre fille s'incliner légèrement, et l'entendre leur dire merci. Ce dont visiblement, elle n'avait pas l'habitude. Eliane reprit ensuite son rôle de jeune fille effrayée, sans pouvoir s'empêcher de lancer une boutade au passage. Contrairement à son habitude, Ariane rougit à celle-ci.
- Drôle de filles, murmura l'homme, qui semblait avoir remarqué des choses étranges.
- Oui, je ne les aurais jamais imaginé ainsi. Beaucoup plus effrayantes!
- Quoi ? Les imaginer, s'interrogea son mari ?
- Elles ont un peu menti! Elles viennent du Sud. Des montagnes, loin au sud!
- Quoi ?
- Pauvres soldats, et pauvre seigneur! Se mettre à dos deux Amazones n'est pas la meilleure manière de se garantir une longue vie, répondit La vieille dame.

3 janvier 2009

Accueil

- Range ça et fais ce que je te dis, s'énerva encore une fois Eliane.
- Pourquoi je devrais le faire ? Mon épée est comme mon âme. Je suis une Amazone.
- Et toi, tu dévoiles ton âme à tous ? Apprends à avoir des secrets! Sinon, je te laisse ici et je trouve un endroit où m'héberger toute seule.
- Ouais, bon, bougonna Ariane. Mais je doute que ton plan fonctionne
Elle rangea tout de même l'imposante arme avec celle de sa partenaire, et leurs arcs, dans des branchages.
- Mais je porte le paquetage, se défendit Ariane.
- Si tu veux, répondit simplement l'autre fille.
Rabattant sa capuche sur son visage, Eliane reprit la marche. Le ciel se couvrait, et elle n'avait pas envie de passer la nuit dehors. Elle avait repéré une ferme éloignée, où elle avait décidée de demander l'asile. Mais les Amazones portaient comme un masque d'effroi, et personne ne leur aurait accordé le gîte. Elles devaient donc cacher leur condition si elles ne désiraient pas être trempées. Eliane avait eu énormément de mal, mais avait fini par convaincre Ariane de cacher son appartenance à ce peuple. Il avait été plus dur de l'éloigner de son épée.
Elles arrivèrent rapidement près de la ferme. La maison était un petit bâtiment, mais les paysans qui y habitaient les laisseraient sûrement avoir un peu de place dans la grange, à côté. Et si elles avaient de la chance, elles pourraient même avoir un bol de soupe. Eliane s'approcha de la porte, sans faire attention à l'air contrarié qu'affichait sa comparse, et frappa à la porte. Elle entendit des pas pressés, et la porte s'ouvrit. Un vieux couples apparut, et Eliane put voir défiler sur leur visage successivement la peur et la colère, puis le soulagement, et enfin la surprise.
- Pardon de vous déranger, dit-elle, mais nous étions parties chercher du bois à la demande de notre père, et nous sommes faites surprendre par la nuit et la pluie. Quand nous avons vue votre maison, nous avons espéré que vous nous permettriez de nous mettre au sec.
- Mais entrez donc, mes pauvres chéries, intervint la maîtresse de maison en donnant un coup de coude à son mari. Nous avons assez de soupe pour vous, et une chambre inutilisée. Vous pouvez laisser votre chargement dans la grange, dit-elle en montrant le bois empaqueté.
Entendant cela, Ariane attrapa et tint fermement le paquet. S'alarmant de la lueur soupçonneuse qui apparut dans les yeux de la vieille dame, elle s'approcha et lui dit à l'oreille.
- Pardonnez à ma sœur. Elle a l'esprit assez simple. Notre père nous a recommandé de ne jamais nous séparer de notre fardeau, et elle refuse par conséquent de s'éloigner de celui-ci.
- Ah, soupira la dame. Je comprends. Il faut obéir à son père, affirma-t-elle en jetant un regard plein de compassion à Ariane. Mais ne t'inquiète pas, dit-elle à Eliane. Ta sœur est jolie, et trouvera sûrement un bon mari.
- Le problème vient plutôt de son caractère, pour cela, avoua la jeune fille, à l'insu de sa compagne.
- Ah ?
- Sauf s'il s'agit de Père et Mère, elle est têtue et irascible. Même avec moi, sa chère et tendre grande sœur.
- Quelle tristesse !
- N'es-tu pas d'accord avec ta grande sœur, demanda Eliane à Ariane qui s'approchait ?
Elle ne daigna pas répondre, et tenant toujours le paquet de bois, elle lui lança un regard noir. La vieille femme soupira à nouveau, puis reprit le sourire et proposa aux deux affamées un bol de soupe qu'elles acceptèrent toutes les deux avec empressement. Ariane mangea, et resta muette pendant toute la soirée, alors qu'Eliane discutait avec entrain et jovialité avec leurs hôtes. Ils étaient clairement pauvres, mais ils n'avaient pas hésité à ouvrir leur porte aux deux jeunes filles. Ariane en parla à Eliane dans la chambre qu'ils leur avaient prêtée.
- Ne leur vole-t-on pas leur pitance, ainsi ?
- Tu as un cœur, finalement, s'étonna Eliane!
- Mais ...
- Apprends à te fondre dans le peuple, c'est important, lui dit sérieusement Eliane. Il y a des moments où l'Amazone ne doit pas se faire remarquer, et ton visage morose attire sans aucun doute l'attention. Mais pour ce qui concerne ta question, continua Eliane sans laisser le temps à l'autre de riposter, je pensais mettre de l'argent, le peu d'argent que j'ai, sur le lit lors du départ. Si nous voulons payer, ils refuseront. Alors que de cette façon, ils ne remarqueront l'or qu'après notre départ.
- Ah, dit simplement Ariane !
A ce moment, elles entendirent un bruit de sabots. Elles tendirent toutes les deux l'oreille, et captèrent des bruits de bottes qui foulent le sol. Puis le visiteur toqua à la porte. Eliane présuma qu'il était celui à l'origine du sentiment de peur qu'avaient les fermiers. La porte s'ouvrit, et une voix grave prit la parole.
- Vous n'avez pas payé l'impôt cette semaine! Si vous ne payez pas maintenant, au nom de mon maître et seigneur, je vous fais déclarer hors-la-loi et vous pends haut et court.

2 janvier 2009

Premier obstacle

Shaen s'approcha d'Eliane, et lui murmura à l'oreille :
- Bonne chance! Cette mission risque d'être difficile. Les évènements que l'on m'a relatés me porte à penser que plus d'un dragon est à l'œuvre dans les terres glacées.
- Ne t'inquiète pas! Je ferais tout pour vaincre, car je sais que l'assassin de mes parents s'en prendra un jour à moi et à mon frère. Et qu'il est bien plus redoutable qu'un ou deux dragons. Si je perds maintenant, cela ne pourra que prouver que je n'aurais eu aucune chance de protéger ma famille.
- Garde cet état d'esprit, et ne te laisse jamais surprendre. La concentration est la première arme du guerrier.
- Et comme pour les autres armes, celle de l'Amazone est démesurée ?
- Quoi ?
- Je me souviens encore de la tête de ses soldats, avant que je ne m'évanouisse d'épuisement, la première fois que je t'ai vue.
- Bon voyage, dit finalement Shaen en souriant à l'allusion.
Eliane jeta son sac sur ses épaules et sortit de la hutte. Elle s'avança jusqu'à l'entrée du village, là où le rendez-vous avec Ariane était prévu. Elle aperçut une souche sur le bord et jeta un regard autour d'elle. Encore personne. Elle attrapa l'extrémité du morceau de bois toujours enraciné. Et elle tira. Petit à petit, la teere se souleva, puis elle finit par s'ouvrir, alors que la jeune fille dégageait finalement les restes de l'arbre coupé. Elle jeta sans s'en occuper son trophé dans la forêt. Puis elle donna quelques coups de pieds sur les rebords de la fraiche crevasse qui s'effondrèrent. Elle continua jusqu'au moment où le trou fut rebouché.
Toujours personne. Elle ne s'alarma pas, et n'était pas véritablement impatiente, mais elle savait Ariane très fidèle aux devoirs, consignes et règlements. Entre autre, elle ne pouvait s'empêcher d'être ponctuelle. De plus, la jeune guerrière n'aurait jamais pris volontairement du retard. Finalement poussée par la curiosité, Eliane grimpa aux branches d'un arbre à proximité. En quelques secondes, elle fut en haut, et elle manqua de s'étouffer de rire en remarquant les malheurs que subissait sa pauvre camarade.
Ariane, également lourdement chargée, et victime de sa renommée parmi les jeunes guerrières, s'efforçait avec peine de se frayer, sans violence ni bousculade, un chemin à travers le groupe qui lui souhaitait un bon voyage. L'ensemble des fillettes, et de quelques garçons, semblait, depuis le point de vue d'Eliane, formé une marée continuellement renouvelée se dressant sur la route d'Ariane. Elles n'étaient pas encore partie que déjà la pauvre Amazone renommée croisait le chemin d'obstacles à l'apparence de l'insurmontable.
Cependant, une de ses amies remarqua le problème, et décida d'envoyer tous les plus jeune en séance d'entraînement, intensive et improvisée. Pouvant de nouveau respirer, Ariane remercia l'amie salvatrice, put achever ses adieux, puis arriva, avec un léger retard, au lieu du rendez-vous. Elle allait se plaindre de la lenteur d'Eliane quand la voix de celle-ci survint de plus haut :
- Je préfère les griffes de dragons qu'une attaque coordonnée d'encouragements de la part de tes fidèles! Pas trop dur de s'en dépêtrer ?
- Que fais-tu là-haut, s'énerva Ariane, furieuse d'être sujette à plaisanterie ?
- Moi! J'ai tenté de chasser l'écureuil pour passer le temps en t'attendant. Mais ils n'ont pas voulu se montrer. Dommage, n'est-ce pas ?
Avant d'obtenir une réponse, elle sauta à terre et se redressa.
- Bien, dit-elle en ouvrant la marche, il est temps d'y aller.
Ariane se précipita derrière elle.
- Où ? Ne doit-on pas attendre le guide ?
- Quel guide, demanda Eliane avec un rien de mépris ?
- Je ne sais pas! Quelqu'un qui connaît le coin. Le gars qu'est venu donner la demande, peut-être.
- Ariane. Je vais t'expliquer comment la transmission des informations fonctionne, mais nous avons beaucoup de route à faire, et à pied, vu qu'aucune de nous deux n'a encore de monture. Alors nous parlerons en marchant, d'accord ?
Ariane, véxée de sa propre ignorance, ne daigna pas répondre, et se mit en route. Eliane poussa un soupir résigné et commença son explication.
- Les hommes, et celles qui ne deviennent pas guerrières, s'occupent souvent de la logistique. Comme tu le sais, lors d'une mission, le tiers du tribut demandé va à la guerrière, ou aux guerrières si elles sont plusieurs. Ensuite, un tiers sert de revenus à toute la logistique, et enfin le dernier va à tous le groupe, pour permettre l'entraînement des plus jeunes, l'approvisionnement en nourriture et armes, et toutes les sortes de cérémonies.
- Je sais. Et pour les montures, les guerrières doivent se débrouiller. Acheter un cheval, ou dompter la créature que nous voulons comme monture. Et alors ?
- Pourquoi crois-tu que si peu d'hommes habitent au royaume ? La plupart servent de relais. Ils sont éparpillés à travers les différents pays, et tous ceux qui veulent faire appel à nos service vont vers eux. Celui-ci, selon l'urgence, paye un coursier rapide, ou utilise nos pigeons voyageurs.
- On a ça ?
- Oui. De nombreux pays peuvent ainsi faire appel à nos services en toute discrétion et avec rapidité. Mais si tu veux suivre un pigeon voyageur, je te souhaite bon courage. De plus, la demande était urgente, et l'oiseau doit se reposer un certain temps. Nous ne pouvons attendre son départ.
- Et comment on peut faire alors, s'inquiéta Ariane ?
- Je sais d'où est parti le message. Là-bas, quelqu'un nous attendra pour nous donner les détails de la mission, et nous mettre en relation avec les commendataires.
- Et après, c'est dans mes cordes, fit remarquer l'impétueuse Amazone!
- Ouais, acquiesça Eliane. Après, il n'y a plus besoin de réfléchir.

27 décembre 2008

Convoquées

- Ma reine!
Ariane s'inclina sous le regard interloqué d'Eliane. Shaen sourit en voyant la situation et en profita pour lancer une pique à Eliane.
- Quelqu'un ici connaît le respect du aux plus forts!
- Bien sûr, répondit Eliane. C'est très respectable de sa part, je dois dire, mais je ne m'attendais pas à ce que toi, tu le fasses remarquer.
- Moi, dit Shaen surprise ? Et envers qui pourrais-je...?
Ariane avait redressé la tête. Elle avait vu la nouvelle reine assez souvent, mais s'attendait à une cérémonie plus formelle. En effet, elle était maintenant dans la demeure de la souveraine, ce qui était un immense honneur. Une preuve de de confiance, et une reconnaissance de sa force. Mais elle assistait maintenant à une joute verbale entre la reine Shaen et sa disciple.
- Tu le sais très bien!
- Non ! Je devrais ?
- Les enfants ont toujours eu bonne mémoire, et je ne t'ai jamais vu montrer une once de respect à Mars.
- Mars! Mais je...
- C'est lui le plus fort, et tu le sais!
- Il ne sait pas utiliser des armes de jets! Il est nul à l'arc, et il fait mauvais se trouver à côté de lui quand il tente de lancer une de ces francisques.
- Et alors ?
- Je ne connais pas ce Mars, intervint Ariane, mais un homme ne peut pas être plus fort que notre reine!
Eliane la regarda.
- Ariane, es-tu déjà sorti de notre pays, lui demanda-t-elle ?
- Non, mais...
- Il exsite des choses à travers le monde que tu ne peux pas imaginer.
- Comme ?
- Brocéliande, la cité des dryades.
- Tu ne l'as pas vu! Seule notre reine a ce droit.
- C'est vrai, en théorie, mais la reine des dryades m'a laissée venir, vu que je suis la soeur de mon frère!
- Quelle explication, ironisa Shaen.
- Il est vrai que notre reine est forte, reconnut Eliane. Je suis persuadé qu'elle pourrait tenir pendant au moins cinq minutes face à Mars.
- Quoi, s'étrangla Ariane ? C'est impossible. Notre...
- C'est vrai, Ariane, intervint Shaen. Mais vu que personne n'a jamais réussi à tenir cinq minutes face à lui, je crois que tu m'estimes tout de même beaucoup, continua-t-elle à l'intention d'Eliane. Ce temps, c'est à peu près ce qu'il lui faut pour détruire une petite armée.
- Je l'ai vu faire, confirma la jeune fille.
- Il existe vraiment des gens aussi forts, demanda Ariane interloquée ?
- Non! Lui, c'est le plus fort. Au début, j'ai été surprise, expliqua Eliane. Je le connaissais, et savait qu'il était redoutable, mais en venant ici, j'ai entendu des légendes sur lui, et sur la façon dont il avait acquis son nom. Ce n'est peut-être pas l'homme le plus dangereux au monde, mais il est sans conteste le plus grand guerrier.
- Et vous risquez de rencontrer toutes les deux d'autres guerriers dignes d'intérêt, la coupa Shaen. Pas aussi exceptionnels, il faut l'avouer, mais tout de même redoutable.
- Qu'y a-t-il ?
- Vous partez toutes deux vers les tribus barbares du grand Nord. Une demande nous est parvenue. Une malheureuse histoire de dragons. La plupart de nos meilleures guerrières sont déjà en mission, les autres doivent rester ici pour veiller sur la ville et entraîner les plus jeunes. J'ai donc décidé d'n faire votre première véritable mission.
- Nous... commença Ariane, éberluée.
- Vous manquez d'expérience. Mais ce défaut pourra être comblé. Vous êtes les deux plus prometteuses de nos jeunes. Et l'une d'entre vous sera sans nul doute l'héritière de mon trône.
- Nous ne faillirons pas ma reine.
- Faux, intervint Eliane.
- Que dis-tu ?
- Je dis que ta parole est mensongère, même si tu ne pensais pas à mal. Tu ne peux pas savoir ce qui va se passer, et la seule chose que tu peux promettre, c'est de faire tout ton possible, ou tu peux dire 'réussir ou mourir en essayant'. Mais rien ne te promets la victoire.
- Cela ne change rien.
- Il faut avoir confiance en sa capacité, c'est sûr. Mais jamais il ne faut se sentir vainqueur avant la fin de la bataille. Sinon, on ne peut plus faire face à l'imprévu. Et le meilleur moyen pour cela, c'est de garder constamment à l'esprit la possibilité, même si elle est infime, de la défaite.
- Je n'ai pas besoin des conseils d'une paysanne.
- Comme tu voudras, tu le regretteras sûrement entre les canines d'un drag...
- J'espère également que cette mission vous permettra de mieux vous connaître, pour forger des alliances qui seront utiles dans l'avenir, les coupa Shaen.
Eliane baissa la tête, et Ariane rougit, honteuses toutes les deux de s'être laissée emporter. Un silence pesant s'installa, aucune n'osant prendre la parole. Puis Shaen soupira, et reprit les instructions.
- Vous partirez dès demain. Je vous laisse la journée pour préparer vos affaires, et tout le nécéssaire au voyage. Eliane, tu sais déjà ce qui sera utile, car tu as déjà voyagé. Tu aideras donc Ariane, et tu la conseilleras comme tu le pourras. Et toi, Ariane, tu écouteras ce que te dira Eliane, dans un domaine où son expérience est sans aucun doute plus importante. Maintenant, vous pouvez y aller.
- Bien, dirent les deux jeunes filles à l'unisson, avant de se retirer.

26 décembre 2008

Le seigneur du lac

- Ariane!
La jeune Amazone posa son épée sur un tronc d'arbre. Elle se retourna et vit une petite fille qui courrait vers elle. Elle s'agenouilla pour se mettre à sa taille, et sourit.
- Ariane! La reine te demande...
Elle sourit encore plus. Shaen avait sûrement remarqué qu'elle valait mieux que la paysanne qu'elle avait ramené de son voyage en Brocéliande. Elle allait peut-être devenir son héritière désignée. Mais ses espoirs déchantèrent :
- ... avec Eliane.
- Que nous veut-elle ? Pourquoi convoque-t-elle cette moins que rien ?
- J'en sais rien, répondit la petite fille, mais elle m'a demandée d'aller vous chercher! Tu sais où est Eliane ?
- Non. Je t'accompagne! Nous allons la trouver. Elle doit être en train de paresser quelque part.
Ramassant son arme, et l'accrochant dans son dos, la jeune guerrière et la fillette se mirent en route. Elles fouillèrent les centres d'entraînements, en vain. Il s ne la trouvèrent pas. Cependant, ils remarquèrent un groupe de filles qui semblait profiter d'un moment. L'une d'elle parlait, et les autres éclatèrent de rire. Connaissant le sujet des blagues actuelles, Ariane se dirigea vers elles. Mais dès qu'elle approcha, les autres se retournèrent et l'encerclèrent.
- Ariane! Qu'est-ce que tu fais ?
- Je dois rechercher la pouilleuse. Sauriez-vous où elle est ?
- Ouais! Elle était au camp ce matin! Elle voulait aller se baigner, intervint celle qui contait son histoire, l'instant auparavant! Elle se dirigeait comme d'habitude vers la haute source, mais je lui ai dit que je connaissais un meilleur coin!
- Qu'est-ce que tu as dit, intervint Ariane avec un regard dur ? Tu ne lui as pas indiquée le lac, j'espère!
- Euh... Si! Elle m'a crue et elle y est allée. Tu ne trouves pas ça drôle ?
- Idiote! Elle est peut-être nulle, et ne méritait certainement pas d'être des nôtres! Mais là, tu l'as envoyée à la mort. Et même pas d'une façon digne! En la trompant, comme le ferait un serpent. Comment prouver qu'elle était inutile, si elle meurt!
- Mais..., tenta de protester piteusement la fille.
- Tais-toi! Tu as juste à prier pour que le requin n'ait pas eu faim aujourd'hui! Sinon, je n'ose même pas imaginer la punition que le conseil des Sœurs te préparera!
Celle qui avait fait la mauvaise blague tomba à genou, réalisant alors la situation dans laquelle elle s'était mise. Ariane, elle, se tourna vers la fillette qui avait été envoyé la chercher :
- Restes ici. Je vais revenir aussi vite que possible. Avec Elle si possible!
Elle s'élança dans la forêt. Elle connaissait parfaitement le chemin, et ne faisait plus attention à ce qui l'entourait. Elle avait beau détester la nouvelle, elle ne pouvait rien y faire, et une Amazone ne devait jamais laissé tomber l'une des siennes. Elle entendit le hurlement de loup, de plusieurs loups. 'Comme si ça ne suffisait pas' pensa-t-elle. Elle accéléra l'allure, et arriva enfin en vue du lac. Dans une cuvette, entouré de nombreuses falaises. Mais elle n'avait pas le temps. Elle sauta, et put se raccrocher aux branches d'un arbre avant de percuter le sol. Et là, elle aperçut Eliane. Celle-ci était trempée, et était en train de remettre ses habits.
- Bonjour Ariane, que me vaut le plaisir de ta présence, dit-elle d'un ton un rien moqueur ?
- Tu es convoqué, avec moi, chez la reine, répondit-elle en lâchant un imperceptible soupir.
- Tu as l'air soulagé. Vu la vitesse à laquelle tu es descendue, je croirais presque que tu étais pourchassée...
- Pourquoi serais-je venu quérir l'aide d'un incapable!
- C'est vrai. C'était juste une impression.
- Rien ne t'a sembler anormal ici ? Rien ne s'est produit ?
- Rien d'exceptionnel. Pourquoi ?
- Ne reviens pas te baigner ici, plus jamais! Ce lac est véritablement dangereux.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Un seigneur des mers! Un requin! On ne sait pas comment il est arrivé ici, et il est incroyablement féroce. Nous n'avions aucun intérêt à risquer la vie de nos guerrières pour le chasser, alors nous avons juste interdit l'accès au lac.
- Ce n'est pas dans les habitudes des Amazones!
- Nous pouvons vaincre n'importe quel ennemi terrestre, mais nos flèches ne pénètrent pas l'eau, et nos mouvements y sont ralentis. Nous sommes peut-être dangereuses, mais pas folles!
- Bien bien! Désolé de t'avoir posé une telle question. N'étions-nous pas attendues ?
- Si, suis-moi!
Ariane escalada la falaise, avec plus de prudence cette fois-ci qu'à l'aller. Puis elle ouvrit la route à travers la forêt, ne prononçant pas un mot de plus. Un nouveau hurlement déchira l'air. Ariane se demandait ce qu'avait bien pu trouver ces loups pour se nourrir.
Près du lac, une meute d'une douzaine de loups avait trouvé leur nourriture. Une immense carcasse d'un imposant carnassier aquatique avait été tractée hors de l'eau, ensanglantée.

25 décembre 2008

Sourcier

- Pourquoi tu ne viens pas aujourd'hui ?
- Désolé Lucie, répondit Jillian. Mais il faut que je me repose encore un peu. Je ne peux pas courir partout dans les landes avec toi pour le moment. Mais je vais aider un peu ton père à la ferme.
- Mais tu m'avais dit...
- Je t'apprendrais à guérir, mais tu dois d'abord me promettre une chose.
- Quoi, demanda ingénument la jeune fille ?
- De ne jamais utiliser mon enseignement que pour soigner les gens et les bêtes.
- Que... Pourquoi ? On ne peut faire que ça non?
- Savoir manipuler les énergies pour reconstruire implique également de savoir le faire pour détruire. Il existe des sorciers sombres, qu'on appelle nécromanciens, qui volent leurs énergies aux autres. Il n'y a pas pire engeance sur terre.
- Ce sont eux les méchants qui te poursuivent ?
- Non. L'homme qui veut me voir mort est mauvais, c'est sûr, mais pas à ce point. Je ne sais pas pourquoi, mais il donne plutôt l'impression de s'être égaré, d'avoir perdu une partie de son âme et de son cœur. Mais être prêt à vivre en volant l'énergie des autres, il faut être imprégné du mal même.
- Quelle est la différence ?
- Mon ennemi est plus redoutable car il ne réalise pas le mal qu'il fait. Il ne pense qu'à ses intérêts. Les autres sont vils car ils connaissent le mal qu'ils font, et y puisent leurs forces.
- Comment le sais-tu ?
- L'endroit où je vivais n'a pas été détruit. Je suis une menace pour mon ennemi, et il n'hésitera jamais à me tuer. Mais une fois que je me suis échappé de la chez moi, que je ne m'y cachais plus, il n'a plus vu le moindre intérêt à attaquer et détruire. Un nécromencien détruit pour le plaisir de détruire. C'est-à-dire qu'il tuera sans hésiter n'importe quelle personne, même si elle n'a aucun lien avec elle.
- C'est horrible!
- Je sais que tu ne fera pas cela, mais tu dois comprendre que prendre l'énergie d'un autre être vivant et la mélanger à la sienne propre conduit à la folie, et au malin. C'est pour cela que tu ne dois jamais le faire, même si cela peut sembler nécessaire au premier abord. Le mal qui en découlera sera trop important, quelque soit le bien que tu aies fait.
- Je le jure, s'exclama la fillette, un rien effrayé.
- Ne le dis pas comme cela, la coupa Jillian. Réfléchis aujourd'hui, et si tu es sûre que cette contrainte ne te gênera pas, ne te gênera jamais, alors je commencerais à t'enseigner.
- D'accord, dit-elle en hochant vivement la tête.
- Maintenant vas-y! Les chèvres t'attendent.
La petite fille acquiesça puis partit en courant, vers sa journée bien remplie.
- Alors garçon, tu viens apprendre à faire pousser des plantes, rugit une voix grave.
- Je viens tout de suite.
- Dépêches-toi, nous avons de la route à faire.
- Où allons-nous ?
- Chercher l'eau. La rivière n'est pas assez proche pour que nous puissions irriguer nos champs. Nous devons aller la chercher et la transporter en chariot, dans de grandes jarres.
- C'est encombrant, remarqua le garçon. Pourquoi n'utilisez-vous pas la source ?
- La source ? Quelle source ?
Jillian réalisa soudainement qu'il n'avait jamais véritablement vu cette source dont il parlait. Il l'avait senti, la nuit, pendant son repos, coulant sous terre, et transportant les énergies.
- Bon, tant pis, dit-il.
Il renonçait finalement à cacher son don. Ou plutôt à le cacher entièrement.
- Depuis ma naissance, je sens des choses, autour de moi. Et une source coule, sous vos terres. On doit pouvoir la rattraper avec un bon puits. Une dizaine de mètre, puis vous aurez toute l'eau nécessaire chez vous.
- Oh, s'exclama l'homme. Tu serais donc un sourcier!
- Quoi ?
- Oui, nos prêtres nient les anciennes croyances, mais mon grand-père m'a souvent parlé du temps où les sourciers étaient respectés et aidaient les gens avec leurs pouvoirs! Bien! Pendant que je creuserais le puits, j'aimerais que tu me parles de ce que tu sais faire! Ce serait formidable de garder quelqu'un comme toi à la ferme.
- Je ne peux pas rester trop longtemps, mais...
- Qu'y a-t-il ?
- Votre fille peut apprendre. Elle ne sera pas exceptionnelle, mais au moins douée, et capable d'aider tout le monde autour.
- Quoi ?
- Je peux lui apprendre à soigner les gens et à comprendre la terre. Elle me l'a demandé, et elle en est capable. Mais puisque vous êtes au courant, je préfère vous demander votre avis. Cela ne lui fera-t-il courir aucun danger ?
L'homme eut l'air inquiet, un instant seulement, puis son sourire refit surface, éclatant comme toujours.
- Ne t'inquiète pas! C'est notre partie du problème. Tu es un mage, alors assure toi qu'elle est capable au niveau magie. Nous nous assurerons, sa mère et moi, de sa sécurité auprès de la population. Mais tous ont besoin de soin, et je ne pense pas la voir un jour mal accueilli. Même les prêtres reconnaitront qu'elle ne peut être mauvaise si elle soigne les gens autour d'elle.
Soudainement, une partie du poids de la lourde responsabilité qu'avait contracté Jillian en faisant cette promesse s'envola. Il était prêt à enseigner. Car il le savait, la réponse de Lucie serait positive. Courbant la tête devant son hôte, Jillian murmura :
- Merci.

24 décembre 2008

Guérisseur

- Viens par ici!
Tout en parlant, la fillette se précipita parmi les herbes de la plaine. Jillian, s'aidant de son bâton qu'il n'avait jamais lâché durant son sommeil, se mit à la suivre. Il la retrouva près d'un petit ruisseau, en train de se tremper les pieds.
- L'eau est bonne et pure par ici!
Elle sourit en regardant le garçon qui trempa ses pieds nus à son tour. Les bottes que Mars lui avaient fabriqué dans le passé avait mal vieilli durant sa fuite éperdue, et il s'était finalement résigné à marcher pieds nus. Le sol était cependant beaucoup moins retors qu'en Brocéliande : moins de branches acérées gisant au sol, moins de cailloux pointues prêts à vous écharper la plante des pieds, moins de bêtes cachées sous les feuilles mortes, en attente de la chair fragile de membres postérieurs. En fait, il se sentait mieux sans celle-ci, alors que leur protection n'était plus véritablement utile.
Chassant de son esprit ces pensées d'un temps révolu, il porta à nouveau son regard sur le présent. Les habits de la fillette étaient bien loin d'être riches, mais il était coud avec délicatesse, ce qui les rendaient charmants. Et leur porteuse était vraiment mignonne. De longues boucles blondes courraient ses épaules et encadraient deux yeux verts remplis de gentille malice. Elle tourbillonna dans l'eau en éclatant de rire, et se retourna vers Jillian, qu'elle éclaboussa avec joie.
Il resta un petit moment interloqué, n'ayant jamais eu de camarades de son âge pour jouer. Mais il se reprit vite et riposta dans l'intant. Et pendant quelques minutes, il oublia son passé et ses soucis, arrosant et se faisant arroser de tout son être. Il put rire véritablement, comme il ne l'avait jamais encore fait, comme seul un enfant, inconscient des dangers du monde, pouvait rire.
Un aboiement interrompit la rêverie. La première réaction de Jillian fut de s'inquiéter pour son amie. Si ses poursuivants étaient là, elle serait en danger. Mais avant qu'il n'ait pu se décider sur la marche à suivre, la petite fille s'était déjà précipité vers le lieu d'où venait le jappement. Jillian n'hésita plus et se lança à sa suite. Il s'attendait à voir des hommes armés, ou quelques créatures féériques, mais pour tout comité de réception, il n'eut que la vision du chien, aboyant près d'une chèvre écroulée au sol, et de sa jeune amie, à genou à côté de l'animal allongé.
- Jill! S'il te plaît! Va trouver mon père! Elle est malade.
- Je..., dit-il sans bouger, hésitant.
- Vite! Elle risque de mourir!
- Justement! Je ne sais pas ce que pourrait faire ton père, mais je suis sûr que nous ne reviendrons pas à temps pour la sauver.
- Mais que...?
Jillian ferma les yeux, et sentit son pouvoir se réveiller au fond de lui. Il s'immergea dans le pouvoir du bâton qu'il avait créé, et brida son pouvoir. Puis il le tendit à la petite fille.
- Tiens-moi ça!
- Que...?
Il s'approcha et s'agenouilla à son tour à côté de l'animal malade. Il ferma les yeux et se laissa pénétrer par les énergies alentours. Il sentit les flux du vent autour de lui, la puissance de la terre sous ses pieds, les faibles ressources des herbes qui poussaient lentement. Puis il se concentra sur la chèvre. Il n'avait jamais vraiment étudié le métabolisme des animaux, mais il reconnaissait par les nœuds d'énergies certains organes, semblables à ceux des hommes. Il s'intéressa un certain temps à la structure de ce corps étrange, puis il commença à opérer. Il envoya une partie de son énergie propre dans le corps malade.
Utilisant celle-ci, il modifia les courants d'énergie interne, réparant malaise et lésions, petit à petit. Il agit avec prudence, évitant de blesser l'animal par de manipulations imprécises de ses forces. Puis enfin, il rouvrit les yeux. La chèvre fit de même en face de lui, et le regarda avec de grands yeux brillants. Même si elle ne put parler, il comprit qu'elle le remerciait. Puis elle se releva et s'éloigna, allant rejoindre ses congénères.
- Que s'est-il passé ?
Jillian se retourna et vit la surprise inscrite sur le viasge de la fillette. Elle était jeune, trop jeune pour être effrayée par un tel miracle.
- Elle allait mourir, tu t'es approché, et tu es resté deux heures comme ça, alors que du vent semblait sortir de ton corps et c'est bon, elle est guérie, s'exclama-t-elle d'une traite.
- N'en parle pas, s'il te plaît.
- Pourquoi ? Tu as fait un miracle!
- Des hommes mauvais me poursuivent, et s'ils entendent parler du miracle par ici, ils risquent de venir m'attaquer.
- D'accord, Je jure de ne jamais en parler, dit-elle avec sérieux.
- Merci Lucie, je t'en suis reconnaissant.
- Pas de problème. En revanche, si on ne veut pas être questionné en rentrant, on ferait mieux de rentrer maintenant.
- Tu as raison.
Les deux se mirent en route, derrière le troupeau que le chien reconduisait docilement à la ferme.
- Tu m'apprendras ?
- Quoi, demanda Jillian ?
- A soigner, comme tu l'as fait!
Jillian sourit. Il prit la main de la petite fille et s'insinua entre les énergies de la fillette, sans qu'elle ne s'en rende compte.
- Oui, répondit-il soudainement. Tu en as les capcités! Je ferais de toi une guérisseuse.

23 décembre 2008

Epuisement

Jillian continuait à avancer, de toutes ses forces. Il lui en restait cependant assez peu. Il avait perdu toute notion du temps. Le temps passé dans la forêt lui semblait lointain, invraisemblablement lointain, mais il n'avait pas le choix. Le passé était définitivement révolu. Il ne retrouverait plus l'époque naïve où il s'amusait dans la forêt, et y habitait en compagnie de Shaen, de Mars, de la reine dryade, et surtout de sa sœur. Ses jambes était faibles. Il passait tout son temps à marcher, vers le Sud, comme lui avait demandé la reine des esprits des bois.
Il avait tout d'abord couru sans s'arrêter deux journées de suite, par peur et obéissance, à la fois. Pour seul bagage, il n'avait que le bout de bois magique, unique vestige de sa vie passée. Il s'y tenait fermement, espérant que les elfes s'en étaient sortis sans blessure. Après cette première course éreintante, il avait marché, s'arrêtant de temps à autre pour manger quelques plantes, boire de l'eau s'il en trouvait, et pour se reposer. Combien de fois s'était-il arrêté ? Combien de temps avait-il marché ? Ces questions ne représentaient plus rien pour lui. Seules comptaient la fatigue, imprimée au plus profond de chaque fibre de son corps, et l'inquiétude, qui le tourmentait durant ses brèves périodes de repos.
La douleur grandissait au fur et à mesure qu'il avançait. Son corps lui réclamait un repos que son esprit lui refusait. Il se sentait défaillir de plus en plus souvent, et il parvenait à peine à se tenir debout, se cramponnant de toutes ses forces et de toute sa volonté au bâton. Il dut tout de même plusieurs fois se relever, sans savoir jamais le temps qu'il avait perdu, l'esprit trop embrumé pour faire attention à la position changeante du soleil.
Cette fois-ci, il réalisa qu'il avait perdu connaissance en entendant des voix autour de lui. Il y avait les bêlements de quelques chèvres, qui couvraient en partie une voix de petite fille. Il tenta de se relever, mais ses bras refusèrent de lui obéir. Il ne pouvait que rester au sol, immobile, exténué. Il utilisa ses dernières ressources pour comprendre les paroles de la jeune voix. Ce ne fut pas sans difficultés.
- ...Reste ici, et garde-le, dit-elle! Je vais chercher papa et maman!
Pour toute réponse, la voix ne reçut qu'un aboiement. ensuite, tout s'embrouilla dans sa tête. Il se souvenait vaguement d'une ombre imposante s'approchant de lui, de l'eau qui coulait entre ses lèvres, de discussions qu'il pouvait entendre, mais pas comprendre, et la sensation d'une petite main qui se glissait entre ses doigts. Tout cela flou, mélangé dans sa mémoire épuisée. Puis enfin, il se réveilla. Il se trouvait allongé sur un lit de paille, dans une petite pièce en bois. Il prit une position assise, et la tête commença à lui tourner. Il s'allongea à nouveau, et se reposa comme il le put.
Après quelques heures, il entendit le bruit d'un troupeau qui revenait. Puis, quelques instants après, une fillette de huit ans rentra dans la chambre et s'approcha de lui. Dès qu'elle remarqua qu'il était réveillé, elle rougit et partit en courant. Elle revint en quelques minutes avec un homme, probablement son père. Celui-ci était bien bâti, et aurait pu être effrayant avec sa barbe fournie, si son regard ne pétillaient de joie de vivre.
- Tu t'es enfin réveillé, mon garçon, remarqua-t-il!
- Merci de vous être occupé de moi, dit Jillian en tentant de se redresser.
- Reste allongé, lui conseilla l'homme. Tu as eu une forte fièvre ses deux derniers jours! Tu dois encore être affaibli.
- C'est vrai, mais je dois repartir!
- Non! Tu ne peux aller courir les routes dans ton état!
- Mais...
- Tu resteras ici un moment, avec nous.
Jillian voulut protester, mais son regard se posa sur l'enfant qui se tenait derrière son père. L'homme capta ce signe et demanda gentiment à la fillette d'aller s'occupper de la cuisine pour leur invité. Elle y partit rapidement, et avec bonheur.
- Qu'y a-t-il ?
- Je suis poursuivi, expliqua Jillian. L'endroit où je vivais a été attaqué, et je sais qu'ils en avaient après moi. Je ne peux pas rester ici, je mettrais votre famille en danger!
- Pourquoi t'en voulaient-ils ?
- Je ne sais pas! L'assassin de mon père disait que je gênais ses plans.
- Attaquer un enfant pour ça! Ne t'inquiète pas! S'il vient ici, je lui apprendrais comment se comporter!
Toute la gentillesse contenue dans cette affirmation secoua le cœur du garçon qui sourit. Il savait bien que l'homme ne pourrait rien faire, mais il n'avait pas aperçu de poursuivants de puis des jours. Et La reine des dryades lui avait certifié que Brunulf ne pourrait pas le poursuivre.
- Merci, dit-il simplement.
L'homme sourit de toutes ses dents, et se leva.
- J'espère que tu te rétabliras vite et que tu te plairas parmi nous.