21 août 2008

Brunulf

- Vous osez revenir les mains vides, hurla le capitaine !
Derrière lui les flammes léchaient ce qu'il restait des murs d'un village à l'abandon, et seul l'ombre des quelques dragons, survolants les vestiges, semblait obscurcir ce tableau flamboyant. Les six guerriers se tenaient bien droits et attendaient piteusement les reproches de leur chef.
- Il fallait juste tuer deux enfants. J'envoie six soldats, et une meute de chiens, et tout ce que vous me ramenez, ce sont des excuses! Vous pensez que le seigneur Brunulf ce contentera de cela!
A l'évocation de ce nom, les dragons se posèrent à proximité des hommes qui se mirent à trembler sans sembler pouvoir s'arrêter. Après quelques instants, l'un put prendre courage et s'avança, avant de s'incliner :
- Mais nous ne sommes pas de taille pour affronter une Amazone.
- Une Amazone, dans la forêt. Il est vrai que six raclures telles que vous ne pouviez rien faire. Elle aurait donc récupéré les deux enfants.
- Pas exactement, mon Capitaine, intervint un autre d'une voix tremblotante. Il se trouve que le garçon n'a pas été sauvé par cette Amazone.
- Mais alors où est sa tête, hurla l'officier, de rage ?
- Eh bien, lui est sous la protection de la forêt.
- Sous la... Et puis quoi encore ? Il commanderait aux armées de guêpes ?
- Cela est vrai! Une dryade me l'a dit!
- Un esprit des bois s'est montré, s'exclama l'homme incrédule. Retournez à vos tentes, cria-t-il aux hommes. Le Seigneur décidera de votre sort à notre arrivée au château. Je dois le prévenir, murmura-t-il comme pour lui même.
Le chef des troupes rentra dans un logis en feu, ordonnant à ses soldats de s'éloigner. Il s'approcha des flammes et s'agenouilla devant elles.
- Seigneur Brunulf! Entend mon appel et répond à ton serviteur.
A ces mots, le vent se mit à souffler dans la hutte, et les flammes tourbillonnèrent avant qu'un visage apparaisse entre elles. Une voix grave et profonde s'éleva alors :
- Qu'y a-t-il ?
- L'homme est mort, mais les enfants nous ont échappé. Ils sont sous la protection des Scythes et des Bois.
- Au diable les mômes rugit la voix. Ils ne pourront se terrer indéfiniment, et ils mourront au moment où ils sortiront de ces bois. Rentrez au château aussi vite que possible. Clotaire ne doit se douter de rien en ce moment. Il obtient le trône d'Austrasie, et sera bientôt fait roi des francs, comme selon mon plan.
- Bien Seigneur, murmura l'homme en s'inclinant.
Dès que le visage eut disparu, il sortit de la tente et ordonna le retrait des troupes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un morceau de bonne fantaisy, à la fois drôle et sérieux. J'aime beaucoup ce passage ! Il arrive à donner une profondeur épique à un récit qui semble être, au premier abord, un banal fait divers moyenâgeux !