29 novembre 2008

Discussion

- Je vous en prie, seigneur. Votre peuple meurt!
Li Yuan s'inclina, sa tête touchant le sol. Il essayait désespérément de convaincre l'empereur d'abdiquer.
- Le peuple gronde! Vous n'utilisez pas votre autorité. Laissez le clan des sages diriger effectivement le pays! Nous assurerons la prospérité de l'Empire du milieu, et vous resterez au palais, jouissant de votre titre et de vos richesses.
- Pourquoi devrais-je faire cela? Le ciel m'a placé sur le trône, et je compte y rester.
- Pourquoi ne déléguer vous pas la gestion du pays, si vous n'y portez pas plus attention!
- Le pouvoir est mien! Ceux qui ne le comprennent pas sont des traîtres à leur patrie et au ciel! Pourquoi devrais-je me soucier des ignorants de province! Pour mon prestige et mon confort,la capitale doit être rendue magnifique, et si cela ce fait au détriment de la vie de quelques millions de pouilleux, ... et bien tant pis! Ils n'ont pas eu de chance, mais ils sont nés pour mourir sous mon commandement.
- Il existe des moyens de faire prospérer le pays entier sans les tuer!
- C'est ma méthode, qu'elle te plaise ou non.
- Seigneur, je vous en prie.
Li Yuan colla son visage au sol une nouvelle, et Lenlen sentit une lance de colère lui traverser la poitrine. Pourquoi devait-elle protéger cet imbécile orgueilleux plutôt que l'homme juste et honorable qui n'hésitait pas à s'humilier pour lier son devoir et ses convictions.
- Le clan des sages pourrait ...
- Il ne pourra rien, le coupa l'empereur avec un sourire malsain. Trois membres ne sont pas suffisant pour diriger un pays.
- Trois... Li Yuan manqua de s'étouffer. Trois membres! Ce n'est pas possible!
- Si... Toi, le chef des rebelles, ton fils, Li Shiming, qui t'apportes son soutien, et encore un qui survit difficilement dans nos geôles.
Un soldat s'approcha et s'inclina au pied de l'empereur. celui-ci se tourna vers lui et d'un geste plein de dédain, lui accorda la parole. L'homme releva la tête et murmura quelques mots.
- Oh, je suis navré, mais finalement, c'est plutôt deux membres! Notre prisonnier est finalement mort!
Le visage de Li Yuan se teinta de tristesse. Même s'il ne connaissait pas tout les membres du clan, ils avaient toujours été un peu sa famille. Et pour l'ambition sans limite d'un homme qui se croyait l'égal des dieux, ils étaient tous morts. Son cœur se serra, et la colère gonfla. Mais il la contint, pour mener à bien sa mission.
Lenlen, elle, bouillonnait. Elle savait que le clan des ombres avait été tenu à l'écart de cette traque à laquelle ils se seraient opposés. La destruction totale d'un des cinq clans pouvait être considérer comme blasphème, même si l'ordre provenait de l'empereur en personne. Plus la discussion avait progressé, et plus son devoir lui semblait infâme. Elle s'en voulait d'avoir obéi si longtemps aux ordres d'un tel tyran, mais ne pouvait plus rien faire pour changer les années passées. Elle repensa aux tentatives d'assassinats qu'elle et son clan avaient déjoué, et également à la révolte, trois ans plus tôt. Elle réalisa qu'à chaque fois qu'elle avait sauvé l'empereur, elle avait condamné des centaines d'innocents à la mort. Et au milieu de ses pensées tourbillonnantes, se trouvait la colère et la haine, envers les gardes, envers l'empereur, et envers elle-même.

27 novembre 2008

Plan

Douce et étincelante, la lune éclairait de ses rayons argentés les toits de la ville. En bas aussi, la lumière brillait. De nombreuses lanternes pendaient à leurs crochets, arrachant de l'obscurité leurs environs immédiats. Et dans ce mélange délicat de ténèbres et de lumières, se glissait une ombre. Entre les bâtiments, entre les personnes. Elle était invisible. Elle frôlait un tissu, une personne, mais son son passage fut le souffle du vent. Rapide, doux et très vite oublié. Et alors que les petites rues étaient remplies, bondées, et que les hommes peinaient à s'ouvrir un chemin, elle avança sans aucune difficulté vers son but.
Elle arriva en un instant à l'auberge et, sans se faire remarquer monta à l'étage, l'endroit où les trois s'étaient installés. Ils avaient trouvé une chambre ici après avoir annoncé leur arrivée, puis Lenlen les avaient laissés le temps de soumettre un rapport au conseil. Puis enfin, elle revenait vers le général. Elle s'approcha de la porte.
- Annulez la rencontre, seigneur, je vous en prie.
Lenlen reconnut la voix de Feng.
- Le danger est plus important que nous ne le pensions. Je suis de son avis, continua l'homme en rouge. Si nous ne pouvons assurer votre sécurité, il faut renoncer.
- Le clan des ombres a promis de me protéger.
- Et elle a elle-même reconnu que si un ordre de l'empereur s'opposait à cette promesse, ils ne pourraient peut-être pas...
- Pourquoi ne leur fais-tu pas confiance ?
- Je... je n'hésiterais pas, reconnut Feng, à faire confiance à n'importe lequel des leurs dans de nombreuses circonstances. Surtout Lenlen! Je l'ai affronté, et je connais sa valeur. Mais justement, je connais sa force, et je la redoute car elle a grandi! Son âme n'est pas encore solide que son corps, et cela est dangereux. Au moment où s'opposeront son devoir et ses convictions, je n'ai aucune idée de comment elle réagira. Mais en plus, le danger pèse sur vous! Ne serait-ce que sur moi et mon clan, je choisirais encore de lui faire confiance, mais...
- Je peux t'offrir un moyen de faire pencher la balance, avoua l'intéressée en pénétrant dans la chambre.
- Que... ?
- Que proposes-tu, intervint Li Yuan, la voix apaisée comme à son habitude ?
- Si j'engage mon honneur en plus de mes convictions, je n'aurais aucune hésitation.
- Mais, demanda Feng...
- Dépêchez-vous de vous décider. Les ordres que j'ai pour le moment sont de vous protéger quo qu'il en coûte. J'ai donc l'autorisation d'engager mon honneur sur votre protection durant votre séjour. Ce sera en accord avec mon devoir, même si cela s'opposera plus tard.
- Mais si les ordres changent, tu risques d'être considérée comme une traîtresse.
- Je ne trahirais ni mon devoir, ni ma parole, et le clan des ombres le comprendra. Et si jamais...
- C'est trop dangereux, coupa Li Yuan! L'empereur ne le pardonnera pas.
- C'est peu probable que j'ai à intervenir. Et si jamais c'est le cas, je sais que nos deux amis interviendront assez rapidement pour que mon action soit imperceptible par l'Empereur. J'aurais juste à retarder subtilement l'attaque, le temps qu'ils vous sortent de là. Bien sûr, le léger flottement dont nous parlions vous bénéficiera autant qu'aux attaquants. Enfin, plus à vous.
- Nous devrons avoir des informations pour agir, expliqua Feng.
- Deux ombres seront à proximité de l'empereur. Je serais aux côtés du général. Le nombre de gardes dépend de son humeur, mais il ne devrait pas y en avoir plus d'une vingtaine. Les autres ombres seront dans les baraquements. Il leur faut un moyenne de vingt secondes pour intervenir.
- C'est long.
- Il y a cinq cents mètres!
- Bien! Peux-tu nous expliquer comment nous approcher suffisamment du lieu des négociations?
Elle réfléchit un instant. Elle ne devrait pas, mais elle voulait aider le général Li Yuan autant que possible. Puisqu'on lui avait ordonné de le protéger autant que possible, se dit-elle, elle devait leur répondre.
- Oui, accepta-t-elle. Voici comment nous ferons...

26 novembre 2008

Feng et Lenlen

- Logerez-vous au palais, interrogea Lenlen en se tournant vers Li Yuan?
- Loger? Il n'en est pas question, intervint Feng du Bai Hu. Après les négociations, nous repartirons directement vers notre camp!
- Bien, reconnut la jeune fille! Mais qu'en est-il pour avant les négociations ?
- Avant? Que...
- Que me conseilles-tu, coupa Li Yuan?
- Une auberge! Il sera plus dur de vous attaquer avec le foule ambiante.
- Ne nous tends-tu pas un piège, reprit le maître de la lame avec un sourire ironique ?
- Pourquoi ?
- Quelle question! Pour tuer notre général Li Yuan!
- Si mon clan avait voulu le tuer, nous n'aurions eu qu'à envoyer une demi-douzaine des nôtres vous réceptionner! Malgré la force que vous pouvez avoir, je ne pense pas que vous puissiez survivre à deux contre six membres du Xuan Wu.
- Elle dit vrai, dit l'homme vêtu de rouge. Mais pourquoi une auberge. Le clan des ombres protégera Li Yuan.
- Je fait confiance à mon clan, mais...
- Tu doutes de l'Empereur, n'est-ce pas, intervint la voix calme de Li Yuan ?
- Si il ordonne lui-même votre mort, cela suffira à insinuer le doute chez les miens! Ils ne vous tueront pas eux-mêmes, mais les soldats du palais pourraient profiter d'un tel instant.
- Nous le protègerons alors, dit Feng.
- Vous ne pourrez pas!
- Et Pourquoi donc ?
- Penses-tu, Feng, répondit Li Yuan à la place de la jeune ombre, que le clan chargé de la protection de l'empereur pourrait laissé approcher deux traîtres aussi forts que vous de leur maître ? Ils ont peut-être une certaine confiance en leur capacité à le protéger, mais ils ne sont pas fou! Les membres du Bai Hu et du Zhu Que ne seront pas admis dans l'enceinte du palais!
- Et si vous logez à l'auberge, reprit Lenlen, le seul moment où vous devrez compter sur moi sera celui des négociations.
- Ils ne nous laisseront même pas assister aux négociations, s'étrangla Feng!
- Vos clans sont bannis, sous peine de mort, du palais impérial. Même le clan des ombres ne peu rien y faire, c'est la décision de l'Empereur.
- Bien, dit Li Yuan. Allons avertir le palais de notre arrivée, puis trouvons une auberge pour patienter!
- Prenez une chambre, conseilla Lenlen. Les négociations n'auront pas lieu aujourd'hui.
- Pou...
- L'empereur estime, répondit-elle avant que Feng n'ait posé sa question, qu'il témoigne de son pouvoir en faisant attendre les gens selon ses humeurs. Personne ne peut s'y opposer, et je ne serais pas étonné qu'il vous faille attendre plus d'une semaine.
- Je m'y attendais, commenta Li-Yuan. Ce sera vraisemeblablement notre dernière chance e le ramener à la raison. Après, il nous faudra mener notre révolte à son terme.

25 novembre 2008

Arrivée à Kiang-tou, ville impériale

Trois cavaliers arrivaient de la grande route de l'ouest. Rien ne pouvait faire penser qu'un homme aussi connu et recherché que le général Li Yuan voyagerait ainsi. Rien sauf peut-être son caractère, pour quelqu'un qui connaîtrait le sage. Lenlen avait anticipé un tel mouvement : elle savait que Li Yuan ne voudrait pas risquer inutilement la vie de ses hommes. Aucune troupe armée composée d'hommes du peuple ne pourrait sortir vivant du palais si l'empereur le décidait ainsi, et la ville aurait été aussi dangereuse.
Le regard de Lenlen fut rapidement attiré par les deux autres cavaliers. Elle reconnu, bien qu'elle ne l'ait pas vu depuis longtemps, l'homme qui chevauchait à la droite du général. Son sabre meurtrier dans le dos, le membre du Bai Hu faisait office de garde du corps. Il ne faisait aucun doute qu'il était le plus redoutable combattant des trois. Mais l'aura qui s'échappait du dernier n'était pas pour autant banale.
L'homme était drapé de soie rouge, de telle façon que seuls ses yeux étaient encore à découvert. Et ces yeux étaient ceux d'un homme qui cherchait à comprendre. Le moindre détail s'inscrivait dans les profondeurs de son âmes. Ces yeux de jais semblait absorber la lumière environnante. Bien qu'elle n'en ait jamais rencontré, Lenlen sut que cet homme était membre du Zhu Que.
Ceux-ci étaient savants, médecins, et maîtres en arts martiaux. Tous redoutables combattants, ils étaient cependant considéré comme moins dangereux que les Bai Hu ou les Xuan Wu. Ce n'était pas pour autant un adversaire à négliger.
Et alors que les ombres se rétractaient sous l'influence du soleil levant d'Orient, le groupe se rapprocha de la ville. Le général Li Yuan leva la main, et tous trois s'arrêtèrent instantanément.
- Bonjour jeune fille! C'est un plaisir de te revoir.
- Comment, intervint la voix de Lenlen, toujours dissimulée parmi les ombres.
- Non, la rassura-t-il. Aucun de nous ne t'a vu! Mais je suis membre du Qi Lin. Je n'ai pas grand peine, avec les informations que je possède, à raisonner comme l'a fait le Conseil des ombres. Même chez les révoltés, nous avons entendu parler de ton attitude rebelle. Tu étais le meilleur choix pour m'escorter efficacement.
- Je devais vous attendre au portail du palais.
- Je sais! Mais je savais également que tu viendrais par ici.
La jeune fille sortit des ombres et s'approcha du général. Puis, à une distance suffisamment respectueuse, elle mit un genou au sol.
- J'ai été envoyé pour tenir la promesse de l'Empereur et vous protégez tout le long de votre séjour, ... seigneur, rajouta-t-elle, hésitante. Bienvenue à la grande ville de Kiang-tou, général Li-Yuan.
- Je protégerais moi-même notre seigneur, intervint le maître de la lame. Le Bai Hu peut s'en charger tout seul! Nous n'avons pas besoin de votre clan ténébreux.
Lenlen releva la tête.
- Les ombres et les ténèbres sont deux choses distinctes!
- Où donc ? Les deux servent à dissimuler la lâcheté!
- Les ombres naissent de la forte lumière, alors que les ténèbres en sont l'abscence! Notre voie n'est pas sans honneur, quoi que vous en pensiez!
- Alors pourquoi... ?
- Stop, Feng, intervint la voix toujours calme de Li Yuan. Il n'est pas l'heure de se disputer. Les quatre clans sont fait à partir de la même branche, même si leurs fruits diffèrent. De plus, un individu ne devrait pas être jugé par sa naissance.
Le guerrier baissa la tête et accepta la remontrance. Le général se tourna de nouveau vers Lenlen et sourit.
- Montre-nous le chemin, maintenant.

21 novembre 2008

Mission

- Les combats ont cessé ?
- Oui! C'est pour t'avertir que je te cherchais, lui répondit son frère.
- Mais... Que se passe-t-il ? Il est sûr que notre armée n'a pas pu vaincre les membres du Bai Hu, le Tigre Blanc, et du Zhu Que, l'Oiseau de Feu!
- C'est pourtant la vérité!
- Nous ne sommes pas vaincu! La garde est encore trop conséquente pour qu'un ancien général ne le remarque pas. Et le seul moyen que nous aurions eu de vaincre, c'est l'aide du Quing Long!
- Le Dragon Azur est resté fidèle à ses principes.
- Toujours neutre, donc. Une reddition? Je ne pense pas!
- A moins...
- Qu'ils nous demandent de nous rendre, oui. Mais Li Yuan doit savoir que ça ne fonctionnera jamais! L'empereur ne reniera pas son trône!
- C'est là la différence entre un Qi Lin et notre empereur!
- Oui, remarqua Lenlen, s'assurant que personne ne se trouvait à proximité. Même s'il sait que sa tentative est vouée à l'échec, il tentera de raisonner l'empereur pour le bien du peuple. Quand est la rencontre ?
- Il arrivera demain au palais. l'Empereur a promis qu'aucun mal ne lui sera fait avant son retour au campement rebelle.
- Qui ?
- Toi!
- Quoi, vous voulez...
- Le conseil des ombres à décidé de te confier la vie de Li Yuan. L'empereur a promis qu'aucun mal ne lui serait fait. C'est notre devoir de nous assurer que cette promesse sera tenu. Quoi qu'il arrive, tu devras le protéger comme s'il s'agissait de l'empereur lui-même. Même si je suis persuadé que tu le protégeras mieux que cela.
- Quand arrive-t-il ? Et par où ?
- La porte Ouest, avant l'aube.
Lenlen s'inclina devant son frère.
- J'accomplirais ma mission.

20 novembre 2008

Flirt

- Oui! Je suis un jeune soldat au service de l'empereur!
- Oh, incroyable! Tu dois être très fort.
- Bien sûr, répondit le garçon. j'ai passé les tests et j'ai été accepté dans la la garde du palais.
- Tu n'as pas peur au palais, l'interrogea la jeune fille ?
Ce jeune garçon, doué pour son âge, venait d'être enrôlé dans l'armée impériale et profitait de son nouveau statut pour tenter de séduire les filles autour de lui. Il se redressa en entendant cette remarque, et prit un air fier.
- Peur, mais de quoi?
- Bien, tu sais... Les gens disent beaucoup de choses! Il paraît que ces... monstres, dit-elle avec un air effrayé,... vivent au palais eux aussi!
- Eux! Il en faut plus pour me faire trembler! Je suis un garde d'élite, et ils ne me font pas peur!
- Quel courage!
Le jeune homme rayonna du compliment.
- Mais ne crains-tu pas d'être envoyé au front ?
- Il est vrai que la révolte progresse, mais la protection de l'empereur est prioritaire! Ce maudit Li Yuan corrompt les gens autour de lui, et il projette de destituer l'empereur!
Le sourire de la jeune fille fana sur son visage, et le garçon parut s'inquiéter.
- Pardon! Je n'aurais pas du prononcer le nom du traître! Pardon si je t'ai effrayé en parlant de cela!
- C'est bon! Ce n'est pas si grave, souligna la jeune fille! J'accepte de te pardonner si tu m'emmènes voir le palais.
- Mais...
Avant qu'il ait pu prononcer un mot, elle s'accrocha à son bras et se colla contre lui. Puis, elle lui dit avec un magnifique sourire :
- Tu me protégeras ?
Le cœur du jeune garçon manqua un battement. Il déglutit péniblement, puis tenta un sourire confiant.
- Bien sûr!
Le garçon, rayonnant d'avoir pu capter l'attention de la superbe jeune fille, se dirigea vers le palais, son amie toujours suspendue à son bras. Avec tout de même une certaine appréhension, il s'approcha du portail. Mais contrairement à ce qu'il pensait, les autres gardes ne l'arrêtèrent pas. Il se contentèrent de se moquer de lui :
- Alors, le jeune! Tu as enfin trouvé une fille que tu as pu impressionner!
- C'est sûr qu'avec sa tête, intervint un autre, il n'aurait pas pu obtenir une telle beauté autrement!
- Fais tout de même attention de ne pas croiser le capitaine avec cette jeune demoiselle au bras, reprit le premier.
Soulagé, le garçon guida son amie dans le palais, espérant sincèrement ne pas croiser son capitaine. Malheureusement pour lui, il croisa pire. Il n'avait vu que quelques fois, et de loin, les membres redoutés du clan des ombres, mais il reconnaissait l'homme qui venait vers lui maintenant. Il n'était âgé que de quelques années de plus que lui, mais son appartenance au Xuan Wu en faisait un homme redoutable, à éviter.
- Que fais-tu là, dit celui-ci, une sombre lueur dans le regard ?
Le jeune soldat se sentit figé par ce regard, et voulut s'enfuir à toute jambe, mais il sentit le poids de sa jaune amie à son bras, et il tenta de regagner un brin de contenance. Et alors qu'il s'apprêtait à s'avancer courageusement pour s'expliquer, la jeune fille le devança :
- Ce jeune homme m'a abordé dans la rue, et il m'a proposé de me faire visiter le palais.
- Lenlen! Nous ne sommes pas là pour nous amuser! La révolte gronde et le trône est en danger. Tu ne peux pas juste flirter dehors!
- Et que veux-tu que je fasse alors! Comme toi, je dois rester ici et protéger l'empereur! Mais de quoi? La menace est en province, et la Capitale loue encore notre seigneur! ce n'est pas en t'inquiétant pour une menace inexistante que tu seras près le moment venu!
L'homme du clan de l'ombre voulut répondre, mais la jeune fille lui tourna le dos et voulut s'approcher du soldat qui recula vivement, comme pris de panique. Une terreur absolue fiché dans le regard, il se retourna et sans même reprendre son souffle, se précipita à toute jambe, le plus loin possible.
- Désolé de t'avoir effrayé, murmura Lenlen.

18 novembre 2008

Entraînement!!!

Parmi les roches et les bois du Caucase, alors que la lumière apparaissait paresseusement depuis l'occident, une ombre rapide se déplace. C'était une jeune fille, en pleine course, tirant avec peine derrière elle un chariot. Un chariot rempli de viande et d'armes. Elle passa, tirant son fardeau derrière elle, entre les huttes de bois du village Amazone, avant de s'arrêter devant la plus grande des demeures. Elle déchargea rapidement à l'intérieur le contenu du chariot, puis alla ranger celui-ci dans un hangar légèrement éloigné. Puis elle rentra dans la maison de bois.
-Va prendre quelques heures de repos, lui ordonne un voix douce.
Eliane se retourna et remarqua Shaen dans l'encadrement de la porte.
- Quand tu m'as dit vouloir t'occuper de l'approvisionnement général, je ne pensais pas que tu prendrais la place du cheval pour le faire.
- C'est l'entraînement précédant celui de l'aube.
- Repose quand même de temps à autre ton corps.
Shaen s'approcha de la jeune fille et attrapa sa veste d'une main, un sourire sur le visage?
- Tu en as encore augmenté le poids, remarqua-t-elle?
- Juste une vingtaine de petits sacs de sables.
- On va croire que tu grossis si tu continue à en rajouter.
- Peu importe, si je deviens forte.
- Même si aucune ne le sait, tu es probablement déjà une des jeunes guerrières les plus douées de notre nation.
- Alors il faut que je continue à m'entraîner pour devenir la plus forte de toutes.
- Après avoir pris du repos.
- Mais...
- C'est un ordre! Si tu ne sais pas prendre soin de ton corps, je dois alors t'ordonner de le faire.
- Bien, admit la jeune fille, mais juste deux heures.

17 novembre 2008

Amazones

- Alors, paysanne! On dirais que tu n'as pas progressé depuis tout ce temps.
- Apparemment, répondit Eliane, le souffle court.
- Essoufflée après quelques passes d'arme, c'est misérable!
Celle qui s'adressait ainsi à la sœur aînée de Jillian était une jaune Amazone, nouvellement reconnue comme guerrière. A son arrivée, Eliane avait tout de suite été vu comme une intrus dans la communauté des Amazones. Mais la reine Shaen avait décidé de l'accueillir parmi son peuple, et aucune des nombreuses récriminations qui lui avaient été adressé n'avait ne serait-ce qu'ébranler son choix.
Rapidement toutes les filles de son âge, et celles qui avaient quelques années de plus, l'avait prise en grippe et profitait de chaque possibilité pour la rabaisser. Eliane n'y portait guère attention, car sa volonté de devenir guerrière était ancré en elle profondément, depuis ce jour dans un passé brumeux où Shaen lui avait sauvé la vie.
Reprenant rapidement son souffle, Eliane souleva une nouvelle fois son immense épée. La guerrière avait prétexté vouloir l'entraîner, mais elle savait qu'elle ne faisait cela que pour obtenir de l'admiration des filles plus jeunes. Les coups d'épée s'échangèrent à une vitesse spectaculaire, vu la taille des armes utilisées. Mais comme lors du combat précédent, la vitesse de mouvement d'Eliane décrut, et elle finit par être maîtrisée.
- Qu'as-tu donc de spécial pour que la reine t'ait emmenée ici? Tu n'es pas doué au combat, tu n'es pas forte, tu n'as rien.
- Mais c'est elle que j'ai choisi.
Shaen était arrivé et avait observé le combat, sans intervenir jusqu'à maintenant.
- Et si tu comprends un jour ce qui s'est passé aujourd'hui, tu deviendras peut-être une véritable guerrière petite.
La jeune Amazone fut blessée dans son orgueil, mais elle ne dit rien. Elle ne pouvait tenir tête à leur reine. Le groupe se dissipa petit à petit. Puis Eliane rejoint Shaen qui soupira.
- Pourquoi t'entêtes-tu à ce point ?
- Pour protéger mon frère, je dois devenir plus forte que n'importe-qui!

15 novembre 2008

Les troupes adverses.

- Seigneur, que devons-nous faire pour le garçon ?
- Encore avec ça, répondit à son homme de main Brunulf!
- Mais d'après vos dires, il est sans aucun doute vital de s'occuper de lui!
- Bien sûr, mais nous avons encore le temps.
- Comment ça ?
- Attaquer la confédération elfique qui le protège trop rapidement serait d'une totale idiotie! Mais si on peut réunir deux ou trois races de dragons supplémentaires, bien que les sombres soient les plus dangereux, et quelques mages de différents niveaux également, on ne devrait plus avoir de problème pour cela.
- Que ...
- J'ai envoyé mes dragons comme émissaires à travers la planète, et mon armée ne cesse de s'agrandir. Nous sommes en pleine discussions avec les dragons, et dans quelques mois, je devrais pouvoir les réunir sous ma bannière.
- Mais pourquoi tant de précautions pour quelques esprits des bois! On pourrait incendier la forêt!
- Incendier Brocéliande ? Va donc tenter de l'incendier ou de l'inonder si tu le veux, mais tu n'y arriveras pas tant qu'elle sera la Capitale des elfes! Penses-tu qu'avec leurs pouvoirs sur l'environnement ils laisseraient leur plus grande ville livrée aux crocs de la nature! Bien sûr que non!
- Mais...
- Bien sûr, il leur faudrait un peu de temps pour mettre en place la surveillance, et nous parviendrons sans doute ainsi à détruire une partie de leur territoire. Mais ensuite, pendant des siècles, voir plus, ils se méfieront des humains et nous n'aurons aucune autre chance de récupérer le gamin. La surprise est la plus puissante alliée des stratèges!
- Mais vous, seigneur, se plaignit l'homme, vous pourriez...
- Si je participe à l'attaque de la Capitale elfique, en moins d'une heure, j'aurais les cinq autres sur le dos. Et bien que je sois devenu assez puissant pour vaincre la plupart d'entre eux, il ne fait aucun doute que réunis, ils me vaincront.
L'homme ne sut que répondre, et le silence s'installa. Un serviteur affolé arriva et frappa à la porte.
- Seigneur Brunulf! Les attaquants arrivent! Protégez-nous s'il-vous-plaît.
L'homme se regarda. Les habits de qualités qu'ils portaient ne convenaient pas à une bataille. Son homme de main le regarda, puis cligna des yeux. En une seconde, une armure imposante avait prit la place des tissus délicats, et une lourde épée était apparue dans la main du seigneur.
- Quelle misère de devoir faire croire à ses gueux que je ne suis qu'un simple chevalier, sans aucun pouvoir, soupira-t-il.
- Cela ne fait qu'accroître votre prestige maître!
- C'est bien pour cela que je le fais! Sinon, ces quelques gredins auraient déjà brûler!
- Cela ne fait aucun doute, accorda l'homme, ayant déjà vu quelques fois les pouvoirs redoutables de son maître en action.
- Bon, allons apprendre à ces malotrus à quel point je déteste partager mes choses, dit-il dans un sourire carnassier, ce dirigeant vers la foule apeurée.

14 novembre 2008

L'Arme

- Tu pars vraiment ?
- Je dois faire quelques petites choses! En attendant, je te confie la forêt.
- Iras-tu voir grande sœur Eliane ?
- Non! Je dois aller encore plus loin, et je n'aurais pas le temps de m'arrêter.
- Tant pis, lâcha le garçon dans un soupir!
Jillian se retourna et la reine des dryades sortit de la forêt. Elle n'avait pas changée depuis la première fois qu'il l'avait vu, mais après avoir quelques visites dans les villages alentours, il s'était enfin rendu compte de sa beauté divine. Poli, l'enfant inclina la tête à l'approche de la belle dame :
- Mère, murmura-t-il en souriant.
- J'ai ce que tu m'avais demandé, Jill.
Mars regarda le magnifique objet que l'esprit des bois tendit au jeune garçon. C'était un fourreau, splendide, étincelant. Il était ouvragée si finement que chaque éclat de lumière étincelait à sa surface. Jillian le prit dans les mains et ferma les yeux. L'énergie s'échappa une nouvelle fois de son corps pour s'incruster dans l'œuvre des elfes. C'est à ce moment que Mars remarqua que celui-ci n'avait pas été forgé, comme il l'avait cru au premier abord, mais bel et bien taillé dans le bois.
Après quelques minutes seulement, l'étrange apport magique s'interrompit et le garçon rouvrit les yeux. Il tendit sa main droite devant lui et, telle une flèche, l'épée de bois que Mars avait taillée vint se placer dans sa main. Même Mars, qui ne maîtrisait pourtant pas la magie, put sentir la puissance incroyable de l'arme. une force impressionnante déclenchait à sa proximité des ondes qui résonnaient dans le corps des trois personne.
Mais tout ceci s'interrompit brusquement au moment où le jeune garçon rangea la lame dans le fourreau. Mars ressentit même au plus profond de lui un sorte de soulagement, comme s'il pressentait le pouvoir futur de l'enfant.
Jillian s'avança alors vers le guerrier et lui tendit l'arme.
- Voici un cadeau pour ton voyage! Mais fais bien attention au fourreau! Lui seul peut contenir la puissance de l'arme!
- Merci, Jill! Je ferais attention à ton cadeau! Il est merveilleux! Enfin... tant qu'on a pas à l'affronter soi-même!
- As-tu tout ce qu'il te faut, intervint la reine des dryades ?
- Des provisions, des armes, des bottes, et le Livre.
- Bien.
- Le Livre, interrogea l'enfant ?
- Ce livre rouge dont vous ne voulez jamais me parler ?
- Oui! Mais ne t'en fais pas! Bientôt, tu sauras tout. Au revoir, petit.
Puis sans dire un mot de plus, Mars se retourna et partit, en courant d'une foulée régulière, vers sa destination éloignée. Jillian se sentit défaillir un moment, mais la main douce de la reine des dryades l'attrapa.
- Qu'y a-t-il, demanda-t-elle, inquiète ?
- Je ne sais pas! Une impression! Vibrante de vérité!
- Et quelle est-elle ?
- Je ne reverrais pas Mars avant bien longtemps!

13 novembre 2008

1er Pacte

-... le pouvoir d'enfermer les énergies dans une matière précise.
- Je pense être tout de même un peu plus au courant que toi, figure-toi, répondit le garçon en montrant son bras droit. A la base de celui-ci, on pouvait voir un anneau brun, dessiné à même la peau.
- Ça fait déjà deux jours que je l'ai contracté.
Mars regarda son jeune apprenti.
- Tu m'as déjà de nombreuses fois raconté les histoires des cinq pactes. Et tu m'as également appris les effets des trois premiers d'entre eux! Mais maintenant que la magie du premier pacte coule en moi, je sais à quel point la réalité est au-delà des explications que tu m'as donné.
- Que veux-tu dire, jeune garçon ?
- On n'enferme pas la magie à proprement parler, mais un type de manipulation.
Le garçon se baissa et ramassa une branche morte au sol.
- Je peux maintenant enchanter le bois! Et si j'enferme l'ordre d'éloigner tous les objets qui rentrent en contact avec ce bâton, voici ce que ca donne.
Il approcha le bout de son étrange arme d'une plante,qui se plia à l'approche de la branche morte.
- Bien sûr, je peux m'être plus de puissance dedans! C'est plus fatiguant au moment où j'enchante l'objet, mais c'est sûrement plus efficace!
Jillian prit cette fois une branche une peu plus robuste, et se concentra dessus. Mars put remarquer d'étrange filaments d'énergie se détacher des mains du jeune garçon pour rejoindre l'arme de fortune. Après une attente d'une dizaine de minutes, durant lesquels il n'avait absolument pas bougé, le garçon se releva et tendit le bâton devant lui, à bout de bras.
- Frappe de toutes tes forces, recommanda l'enfant.
L'éclair argenté sortit dans une harmonieuse courbe du fourreau de Mars. L'enfant n'en aperçut que l'éclat. Mais au moment du contact, une explosion de lumière se produisit. L'épées'éleva vers le ciel, et le guerrier eut bien du mal à la retenir. Il la rengaina et se frotta les épaules légèrement endolories par le choc.
- Je ne voudrais pas affronter quelqu'un avec une arme pareille, remarqua Mars.
- Ne t'inquiètes pas! Si tu arrives à briser l'arme, la magie se dissipe. Tu y étais presque, ajouta-t-il en jetant un coup d'œil au deux morceaux rattachés par un petit morceau d'écorce. Les mages ne distribuent sûrement pas de tels objets à la va-vite! Les fabriquer demande trop d'énergie! Certains ne peuvent pas enchanter des matières aussi courantes que le bois, également! Et surtout, même avec une telle arme, s'ils ne savent pas s'en servir.
- Je le sais bien, mais avec un tel bonus, un homme d'arme moyen peut battre simplement un grand guerrier...
- Pas toi!
- J'ai dit un grand guerrier, mais je suis beaucoup plus fort que les grands guerriers, sourit l'homme. Mais même si les mages ne le font pas souvent, veux-tu bien me fabriquer une de ces armes ?
- J'en avais bien l'intention, mais elle sera en bois! Et je te laisse le soin de la tailler toi-même, grand guerrier!
Mars rigola et passa sa main dans les cheveux du garçon. C'était fou ce qu'il pouvait avoir grandi durant ces trois années d'entraînements qu'ils avaient passés dans la forêt. Âgé de maintenant onze ans, le garçon devenait petit à petit un homme. Mais il lui restait à découvrir le monde, et les adversaires qui le parcouraient.

12 novembre 2008

Magie!!!

- Quoi, s'étrangla la petite fille ? Mais comment...?
- Je n'en sais rien. Où ai-je pu l'apprendre, et pourquoi cela ? Tout c'est envolé avec ma mémoire!
- Pardon, s'excusa Élie, remarquant alors l'énormité de sa question.
- Ça ne fait rien, reprit celui-ci avec un sourire. C'est un autre indice sur le chemin de mon identité!
- Et qu'est-il dit ?
- De nombreuses choses, très étranges. ils parlent de la magie entre autres.
La fillette afficha un regard sceptique, alors que son petit frère ouvrait de gands yeux pleins d'admirations. Jharez sourit et reprit la parole.
- Vu ce que nous venons de vivre, j'aurais plutôt tendance à croire en son existence.
Élie acquiesça, ne parvenant pas à trouver d'explication logique à ces trop nombreux phénomènes étranges.
- Et qu'est-il écrit, demanda-t-elle? Qu'expliquent-ils sur la magie ?
- C'est trop long pour l'expliquer ainsi, et je vous rappelle que nous ne devrions pas nous trouver ici à l'heure qu'il est. Alors je vous propose de rentrer.
- Comment, questionna Élie?
- Les inscriptions expliquent également comment retourner dans l'abri principal. Laissez-moi juste le temps de lire et de retenir toutes ses informations, et on pourra y aller!
- Mais ca risque de prendre des heures!
Il ne fallut pourtant qu'une demi-heure à l'homme pour remplir cette tâche. Ensuite, il guida d'un pas sûr les enfants à travers les couloirs dangereux, et ils retrouvèrent le confort de leur abri. Comme ils s'en doutaient, et l'espéraient surtout, leurs parents n'étaient toujours pas revenu. La faim commençant à se faire sentir, ils se préparèrent un rapide repas, après lequel les enfants, trop excités par leurs aventures pour se coucher, questionnèrent leur ami :
- Jharez, qu'était-il dit sur la magie ?
- D'après les inscriptions, il existe, ou du moins existait, je n'en sais rien, deux degrés de magie. Le premier est appelé la magie des énergies, et le second la magie des cinq pactes.
- Quelles sont les différences ?
- La première consiste manipuler les énergies autour de soit, pour déplacer des objets, ou au contraire les bloquer. On peut même s'en servir pour soigner dans une certaine mesure.
- Et l'autre ?
- Apparemment, le second consiste à passer des pactes avec des créatures, ou des matières, pour pouvoir les contrôler. Seuls très peu arrivaient à atteindre le plus haut niveau, c'est-à-dire le cinquième pacte.
- Je n'ai pas compris, se plaignit Éric.
- D'après ce que j'ai lu, le premier pacte consiste en...

10 novembre 2008

Messages dans le bois

Éric continuait à avancer sans se soucier de rien. Il se sentait guider sur le chemin, et évitait sans le remarquer tous les pièges qui se dressaient devant lui et son but. Il avait perdu en grande partie toute notion du temps, et il fut supris d'entendre derrière lui les bruits de pas de sa sœur et de leur compagnon. Son état de détachement complet à la réalité s'estompa petit à petit, et il ralentit l'allure, jusqu'à s'arrêter complètement. Il fut surpris de voir l'endroit dans lequel il se trouvait, mais les rêves héroïques du jeune enfant lui faisait oublier le danger qui pouvait régner sur ce lieu interdit.
Les voix, derrière lui, se firent de plus en plus forte. Il voulut alors rejoindre sa sœur, pour partager avec elle sa découverte. Mais ses jambes restaient bloquées, collées contre le sol. La peur et la panique commencèrent à l'envahirent, mais en réponse à son effroi, un étrange sentiment de bienveillance commença à se diffuser dans son corps. On ne pouvait pas lui vouloir du mal. S'il était bloqué, c'était pour son bien, voilà tout.
Et enfin, devant ses yeux, apparurent la lumière et les silhouettes plus ou moins familières de ses compagnons. Il se rendit alors compte qu'il n'avait lui aucun moyen d'éclairage, et qu'il avait fait jusqu'ici toute la route dans le noir. Sa sœur se retrouva bloquée également, mais elle sembla se rebeller contre l'accueillante présence. Et leur ami faisait de même. Éric voulut leur dire qu'ils ne craignaient rien, mais il remarqua à ce moment même que c'était juste ce qu'on lui avait fait croire.
Il commença à se débattre, à vouloir retourner vers sa sœur, et petit à petit, il réussit à reprendre le contrôle de son corps révolté. Continuant avec foi et conviction la bataille, il put avancer, un pas après l'autre, vers sa cible. Il regarda là-bas, et il ne comprit pas la raison de leurs visages effrayés. Il remarquait qu'ils tentaient de lui dire quelque chose, mais toute sa volonté se concentrait sur le mouvement de ses jambes. Et plus il avançait, plus le blocage se faisait ardu.
Puis, d'un seul coup, toute la force se relâcha, et les évènements se déclenchèrent à une vitesse effrayante. Éric remarqua un immense pieu de bois se diriger vers lui. Puis sa sœur s'interposa, malgré l'inutilité de cet acte. Leur ami étranger se précipita vers eux, et il remarqua un objet brillant qui se sépara du corps de l'homme. Puis les deux enfants furent tous les deux projetés violemment en arrière.
Quand ils se relevèrent tous les deux, Éric jeta un coup d'œil à leur compagnon qui s'approchait, l'air inquiet :
- Est-ce que ça va, vous deux?
Éric acquiesça et regarda le bras de son interlocuteur. Voyant que l'étrange bracelet y était toujours, il crut avoir juste imaginé la perte de l'objet. Il resta un instant perdu dans ses pensées, et sa sœur posa la question dérangeante :
- Que s'est-il passé ? Comment as-tu pu nous projeter depuis l'endroit où tu étais ?
- Je n'en sais rien, répondit honnêtement leur ami. Je ne m'en souviens vraiment pas! J'ai sûrement réagi sans y penser! Et heureusement pour vous!
Alors qu'il allait continuer à parler, il s'interrompit un instant, avant de reprendre la parole.
- Y a-t-il eu d'autres Élie et Éric dans votre famille avant?
- Pourquoi, s'étonnèrent les enfants ?
L'homme ne fit que pointer du doigt le pieu imposant. Sur celui-ci trônait une inscription étrange : Élie, Éric, Jharez. Suivez la voix des flèches jusqu'à la sécurité.
- Je ne sais pas, dit la jeune fille. Sûrement, puisque notre famille est restée ici depuis plus de mille ans! Mais...
Elle s'interrompit alors car sous les yeux des trois compères, d'autres mots se tracèrent d'eux-même dans le bois. Dépêchez-vous bon sang!
Ils se relevèrent et suivirent les indications qui se gravaient au fur et à mesure sur les poutres où les morceaux de bois environnants. Ils suivaient avec précaution les instructions, et ils purent alors atteindre rapidement un vestige de pierre. Un bâtiment qu'Élie reconnaissait pour romain, après en avoir vu des illustrations dans certains livres à l'école. Puisqu'aucune nouvelle instruction n'apparaissait, ils fouillèrent. Après un moment, Éric vint chercher sa sœur en courant, et la tira avec empressement vers ce qui l'intéressait. Leur compagnon les suivit, et ils s'arrêtèrent tous trois devant une immense stèle de pierre.
- Qu'est-ce que ça veut dire, se plaignit le garçon ?
- C'est du latin, expliqua-t-elle à son frère. C'est un très vieux langage. Je ne connais personne qui sache le déchiffrer! Peut-être que le professeur le peut, mais je n'en suis pas sûre.
- Est-ce vraiment si peu répandu, intervint la voix calme de leur ami?
- Jharez, questionna-t-elle, en se souvenant du nom inscrit dans le bois ? Bien sûr! Plus personne ne le parle, et peu savent le déchiffrer.
L'homme avait un expression incrédule inscrite sur le visage.
- Alors comment se fait-il que je comprenne ces inscriptions?

9 novembre 2008

Dans les couloirs

Pendant une vingtaine de minutes, ils se déplacèrent sans trop de problème dans les couloirs ancestraux. Mais plus ils avançaient, plus ils remarquait l'état de délabrement avancé qui les entourait. La poussière avait été le seul témoin sur les premiers mètres, puis ils avaient pu observer les fissures de la roches, entendre les craquements de poutres qui supportaient difficilement des tonnes de pierre, sans compter quelques éboulis qui bloquaient de temps à autre le passage.
Ils appelaient tous les deux le garçon autant qu'ils le pouvaient, mais seul le silence lugubre acceptait de leur répondre. Ils continuaient donc de suivre les traces du garçon, en multipliant les précautions.
- Attention, s'exclama tout à coup l'homme, retenant à la dernière seconde la fille. Ces couloirs sont piégés!
- Qu'est-ce que...?
-Regarde!
Il ramassa au sol une pierre, et la lança devant lui. Au moment où elle toucha le sol, celui-ci s'ouvrit en deux. Au fond, Élie put apercevoir des pieux menaçants, et elle crut même voir les restes de quelques curieux qui auraient patienté ici depuis des siècles.
- Comment as-tu su, s'étonna-t-elle ?
- Je ne sais pas. Je le savais, bizarrement, comme si j'étais déjà venu par le passé!
- Impossible! Mes parents t'auraient reconnu!
- Oui, tu as raison! C'est sûrement parce que la sensation en ce lieu est la même qu'à l'endroit au le professeur m'a trouvé.
- Trouvé?
- Je te le raconterai plus tard!
- D'accord, mais alors donne-moi une bonne explication pour les pièges!
- Ils sont là pour protéger quelque chose! Sûrement un trésor. Sinon, je ne peux pas t'expliquer comment je l'ai remarqué! Un détail a du m'alerter.
- Bien, faisons donc avec cela!
Laissant de côtés les explications, ils continuèrent leur route, inquiets désormais pour le sort du jeune garçon. En effet, tout avait été fait pour empêcher les gens de passer, et il ne devait probablement qu'à la chance de s'en être sorti jusque-là.

8 novembre 2008

La porte de chêne

- Qu'y a-t-il, s'inquiéta l'homme ?
- On nous a interdit d'aller là-bas. Mais Éric n'a sûrement pas expliqué quand on lui a expliqué pourquoi!
- Est-ce si dangereux ?
- Ces tunnels sont les plus vieux de l'abri, et ils n'ont jamais été modifiés, contrairement au reste qui a été régulièrement rénové. Il paraît qu'il y a de fort risques d'éboulement!
- Et le passage n'est pas bloqué, s'inquiéta l'homme?
- La porte de chêne fait près de vingt centimètres d'épaisseur! Et le verrou est un morceau de métal tout aussi imposant...
- Mais ?
- Mon frère et moi avons trouvé l'endroit où avait été perdu la clé. Nous n'en avons jamais parlé à nos parents. A l'époque, c'était un peu notre secret, et puis j'ai oublié.
L'homme se leva.
- Allons-y! On pourra peut-être le rattraper avant qu'il ne se blesse!
Élie se précipita en direction de la fameuse porte, son compagnon sur les talons. Ils arrivèrent en un instant. Elle était toujours entrouverte, laissant le passage libre vers un tunnel sombre de pierre noircie. Seule témoignage du temps écoulé, une incroyable dose de poussière régnait à l'intérieur, sauf pour laisser la place aux empreintes récentes du garçon.
Ne se laissant pas intimider par l'aspect repoussants de couloirs, les deux compères s'élancèrent sur les traces de leur jeune compagnon.
- Vieux! Mais de combien, se questionna l'adulte ?
- Plus de mille ans d'après ce que j'ai compris!
- Mille ans!
- Et depuis ce temps, ces passages sont sous la surveillance de ma famille!
- Et où conduisent-ils ?
- Ça, je ne le sais pas!
Son compagnon la regarda avec étonnement alors qu'elle abordait un air sérieux.
- Ou du moins, pas encore!

7 novembre 2008

Echec

- Echec et mat.
- Et mince, pesta la jeune fille. Comment tu fais pour être aussi fort!
- C'est incroyable, ajouta Éric. Élie est la plus forte de la famille! Même Papa n'arrive pas à la battre. Et toi, en moins d'une dizaine de partie, tu apprends à jouer et tu la bats! Mortel.
- Ce n'est rien. C'est plutôt comme si j'avais déjà joué à ce jeu avant. Mais je n'arrive pas à me souvenir quand.
Depuis deux jours, ils étaient dans l'abri. Ils avaient joué à de nombreux jeux de société, mais toujours, après quelques instants ou quelques parties, le nouveau venu semblait comprendre l'essence même du jeu, avant de finir immanquablement vainqueur. Fatigué de perdre, Éric avait abandonné et s'était contenté de regarder sa sœur affronter leur nouvel ami. Et il avait été fasciné par leurs affrontements de plus en plus acharné. C'était la première partie que l'étranger gagnait, mais le petit garçon se doutait que ses prochaines victoires seraient moins coûteuse.
Il décida alors d'explorer un petit peu leur abri. Il laissa les deux joueurs, dont les yeux lançaient des éclairs aux prémices de la confrontation, puis alla farfouiller. L'abri étaient en effet très vieux, et bien que mal éclairé, il était bien plus accueillant que le communal. Celui-ci était composé de différentes pièces, très nombreuses, dont les enfants n'avaient pas ouvert même la porte, pour la plupart. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur famille possédait cela, alors que les autres n'en avaient pas, mais ils préféraient ne pas y penser. A quoi bond se triturer les méninges alors qu'ils avaient plus de confort que les autres ?
- Élie, je vais explorer derrière la porte de bois.
- Oui, oui, répondit celle-ci sans y prêter attention, trop concentrée sur la partie en cours.
La partie continua un bon moment, mais finalement, Élie se fit une nouvelle fois vaincre, et son adversaire avait une nouvelle fois amélioré sa propre prestation. Elle soupira et se passa la main dans les cheveux.
- Tu deviens vraiment trop fort! C'est drôlement dur de jouer avec toi.
- Tu est également très douée. Ce n'est pas facile de te vaincre.
- Ça va! Pas de pitié pour le perdant!
- Tu veux faire une nouvelle manche.
- Pour m'enfoncer encore plus! Pas besoin. Je vais plutôt me reposer un peu.
- Bien, c'est bon pour moi! Je vais faire une partie tout seul, pour m'améliorer.
- Bon courage!
Elle se leva et regarda autour d'elle.
- Où est passé Éric ?
- Quoi? Tu ne t'en rappelles plus! Il t'as prévenu qu'il partait pendant la partie!
- J'étais trop concentré. Où a-t-il dit qu'il allait? Pas dehors tout de même ?
- Non, non, la rassura son ami. Il a juste dit aller derrière une porte de bois.
Le visage de la jeune fille pâlit soudainement.
- Non, murmura-t-elle incrédule, pas là-bas.

6 novembre 2008

Des clans et De l'Empereur chinois

Et voici la minute de culture, pour tous ceux qui veulent tenter de faire croire à leur prétendue intelligence ( dont je ne doute pas le moins du monde, vous le verrez bien.) Nous n'allons pas disserter sur le dernier message, car cette histoire n'a rien que de très banal, sauf du fait qu'elle se passe dans le futur. (Désolé, mais je ne connais pas de véritables grands historiques pour les années à venir.)
Nous repartons donc en esprit dans la Chine de cette époque, avec Lenlen. Aucun document (à ma connaissance, ne mentionne l'existence des clans. Leurs noms sont tirés du feng shui, une philosophie chinoise, dont on connait le Yin et le Yang. La Tortue Noire(Xuan Wu) représente l'eau et le Nord, le Tigre Blanc(Bai Hu) le métal et l'Ouest, l'Oiseau Vermillon (mais ça fait plus classe oiseau de feu!) (Zhu Que) pour le feu et le Sud, et le Dragon Azur(Quing Long) pour le bois et l'Est. Vient ensuite s'ajouter la Licorne jaune(Qi Lin) représentant la terre et le centre.
Pour la révolte, l'empereur a vraiment été attaqué en 615 lors d'une visite de la Muraille. Rien ne me permet d'affirmer que c'était l'œuvre de Li yuan. L'empereur Yangdi (ou Yang ti selon les sources) a mené de grands travaux de reconstructions, ou même de construction, mais c'est fait haïr du peuple par ses campagnes militaires désastreuses pour leur coût en vie humaine. De même, rien n'affirme que Li Yuan était aussi intéressée par l'intérêt du peuple. Leur personnalité sont exagérées dans leurs points clés pour l'intérêt de l'histoire.

En espérant que cela vous plaît, et que vous avez appris une nouvelle fois de quoi étonner, épater et subjuguer vos connaissances.

Retour vers le futur!!!

- Chacun se retrouva donc de son côté, avec ses propres problèmes à résoudre. Jillian continuait à améliorer ses talents magiques, Eliane devait se trouver une place parmi les Amazones. Dagobert, lui, continuait ses études, tout en se méfiant des habitants du palais, en particulier du conseiller Brunulf. Et enfin, Lenlen devait faire face à la rébellion. Mais tout ceci nous emmènera à nouveau de trois années dans le futur, et ce sera pour une autre fois.
La mère s'éloigna ensuite du lit dans lesquels les deux enfants étaient étendus. Elle s'éloigna silencieusement et les laissa s'endormir, puis prépara des affaires pour le lendemain. En effet, elle, son père, son mari et le professeur partait dès l'aube prévenir les villages voisins. Ils laissaient les enfants à leur hôte amnésique, le professeur ayant certifié qu'on pouvait lui faire totalement confiance pour cela.
Puis la nuit passa. Les enfants se réveillèrent pour souhaiter bonne route à leurs parents.
- Surtout, répéta encore une fois leur père, n'oubliez pas! Interdiction formelle de sortir de l'abri jusqu'au retour. Vous avez ce qu'il vous faut à l'intérieur, et aucun de vous ne dois courir le risque d'être pris par les soldats! Ne désobéissez pas!
Élie et Éric promirent une nouvelle fois d'obéir à cet ordre sans discuter.
- Je... veillerai sur eux, promit le jeune homme.
- Merci, répondit leur mère.
Son niveau de français avait en moins d'une journée incroyablement changé. Il avait toujours un léger accent, et éprouvait de temps à autres quelques difficultés sur un mot, mais il arrivait désormais à exprimer clairement ses idées et pensées.
Et finalement, ce groupe se sépara, et les trois, l'adulte et les deux enfants, rentrèrent dans le bâtiment abrité et verrouillèrent l'issue.

4 novembre 2008

Départ

- Nous partons, nous aussi!
Tous s'arrêtèrent dans la petite cabane. Le jeune prince franc, maintenant remis de ses blessures, se préparait au départ, mais personne n'avait prévu l'intervention de Shaen. Devant la mine ébahi des quelques présents, elle s'expliqua :
- Pendant que vous vous inquiétiez tous pour le garçon, je suis allé voir les dryades une nouvelle fois, et il se trouve que les elfes étaient réunis comme par hasard. J'ai obtenu la preuve de la royauté, et j'ai renouvelé le pacte d'amitié avec les esprits des bois. Maintenant, plus rien ne me retiens ici. Eliane et moi partirons donc avec le garçon. On pourra le déposer sur la route, puis nous irons enfin au royaume des Amazones.
- Si vite, s'interrogea Mars ? Entre toi et la reine des dryades, les surprises de dernière minute sont généralement garanties!
- Et alors?
- Bon voyages à vous trois. Et ne t'inquiète pas petite, dit-il en frottant affectueusement la tête de la jeune fille, je m'occuperais de ton petit frère! Il aura de quoi faire!
Elle lui sourit puis se tourna vers le garçon qui lui sourit.
- Bonne chance grande sœur! Nous nous reverrons, je le sens.
Shaen lui donna un grand coup sur le crâne. Il cria puis se massa douloureusement la tête.
- Pourquoi, se plaignit-il ?
- Ta sœur s'en va, répondit l'Amazone, soit donc un peu triste!
- Je sais, et je suis triste. Mais elle doit y aller. Je le sais. Si elle ne partait pas maintenant, cela pourrait devenir très grave. C'est l'impression que j'ai.
- Et il faut te fier à tes intuitions, lui fit remarquer Mars. Particulièrement toi! Mais de toute façon, il est hors de question que vous partiez ce soir! Il est trop tard. Reposez-vous cette nuit, et partez tôt à l'aube. Ce sera le mieux, non ?
A cette suggestion, Jillian retrouva son sourire enfantin et sauta dans les bras de sa sœur. Mes instincts ne me disent pas qu'il est mauvais pour vous de partir seulement demain, alors c'est mieux comme ça!
Tous rigolèrent, même Dagobert qui avait été charmé par l'atmosphère chaleureuse qui régnait parmi ce petit groupe. Seule ses liens avec son frère pouvaient ressembler dans son froid palais à cela, et ils étaient seuls parmi de nombreux prédateurs, à la cour du roi.
Et finalement, cette petite troupe se sépara, le lendemain matin. Mars continua à entraîner Jillian, s'éclipsant de temps à autre pour quelques étranges missions. Dagobert fut accueilli avec grand cris par son petit frère à Reuilly, et les deux Amazones poursuivirent leur route vers le Caucase.

3 novembre 2008

Et finalement...

Les flammes voraces s'élevèrent parmi les postes de gardes des rebelles. Depuis le camp de l'Empereur, on pouvait entendre les cris désespérés de ceux qui avaient vus le feu s'allumer. Le feu, mais pas la personne qui l'avait amené bien sûr. Comme convenu dans la missive qu'on lui avait remise, le général des troupes de l'empereur attendit une dizaine de minutes. Et enfin, il donna l'ordre :
- Tous en marche. Vers la Capitale et sans interruption. N'affrontez que ceux qui vous bloquent la route.
Chacun des groupes se mit en marche, sans apercevoir les furtives et rapides ombres qui se glissèrent parmi eux, se dirigeant vers le palanquin de l'empereur. Et en un instant à peine, ils furent tous réunis devant leur seigneur.
- Nous venons vous escorter jusqu'à votre palais seigneur!
- Faites, faites, mais je ne quitterais pas mon palanquin.
Lenlen contint sa colère. Cet idiot orgueilleux leur compliquait la tâche. Mais cela ne semblait pas gêner son frère, qui pour toute réaction n'eut qu'un sourire.
- Ce serait vraiment regrettable que vous perdiez tant de temps avec ce moyen de transport. On peut arriver près de trois fois plus rapidement à cheval.
- Pourquoi donc ? Avez-vous quelque-chose de prévu, répondit avec colère le monarque, furieux qu'on lui tienne tête ?
- Moi non! Mais vous...
- Moi, s'exclama le dirigeant incrédule ? Mais...
- Un jeune poète loge en ce moment même au palais.
- Il y restera jusqu'à mon retour.
- Il vient du Licchavi, et son roi lui a ordonné d'être de retour au palais dans moins de deux semaines. Et en palanquin, vous n'y arriverez pas à temps.
- Est-il talentueux, demanda l'empereur, une lueur de désir dans les yeux.
- Il a su charmer mes oreilles de néophytes, ainsi que celles de tout votre palais.
- Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit plus tôt ? Partons immédiatement! Nous devons arriver le plus rapidement possible.
En une seconde, voire moins, les ombres sélectionnèrent les meilleures bêtes et les amenèrent. Et l'instant d'après, ils étaient partis, vers la capitale. Mais en haut de la muraille, le général Li Yuan les regardait partir. Se tenait à ses côtés un homme grand, une lame à la main, un membre du Bai Hu.
- Est-ce nécessaire de les laisser partir ?
- Bien sûr. Nous voulions juste faire comprendre au monarque la colère du peuple.
- Quoi ? Mais, qu'allons nous faire ?
- S'il n'a pas compris notre message, notre révolte débutera alors véritablement.

2 novembre 2008

Le tyran et l'ombre

La chute dura peu de temps. Lenlen utilisa le morceau de toile pour ralentir suffisamment avant de sauter lestement au sol. Puis, insaisissable et invisible, elle se dirigea vers la tente de l'empereur. Les paroles du sage Li Yuan émergèrent parmi ses pensées au moment où elle entra. Alors que le camp était en effervescence, sur le qui-vive, où la tension ambiante fatiguait les soldats mal-nourris, l'empereur profitait d'un imposant repas.
Mais la jeune fille mit ses sentiments de côté et s'agenouilla directement au pied de son seigneur. Celui-ci continua à manger, sans rien dire, puis fit appeler ses serviteurs. Ceux-ci frémirent en remarquant l'ombre prosternée, mais pas un murmure, pas un souffle, ne s'échappa de leurs lèvres closes. Puis une fois que tout fut propre, il autorisa Lenlen à relever la tête et à lui adresser la parole.
- Empereur des terres du milieu, je viens vous protéger. J'ai besoin pour cela de rencontrer les généraux de l'armée et les ombres chargés de votre escorte.
- Faites, faites. Tant que cela ne me cause aucun inconfort!
- Nous devrons peut-être vous faire galoper...
- Quoi? Mes porteurs nous accompagneront! Je refuse de voyager sans mon palanquin!
- Trois des clans ont trahis, seigneur. Nous ne pouvons les laisser s'approcher de vous! Nous devons vous éloigner de la muraille le plus rapidement possible!
- Balivernes! Vous trouverez un moyen! Que ces fous aient trahis est une chose, mais cela ne doit pas m'indisposer! C'est votre devoir de trouver un moyen de me satisfaire, alors faites-le. Je ne veux aucune dérobade. Quant aux imbéciles qui osent contester la volonté céleste qui m'a placé sur le trône, nous les châtierons plus tard!
Lenlen s'inclina, confirmant avoir compris et accepté les ordres de son maître, mais son cœur se serrait dans sa poitrine. Elle était fière d'appartenir à son peuple, mais elle se rendait compte de la justesse des paroles et des actes des rebelles. Toutes les misères qu'elle avait déjà vues se rappelaient à sa mémoire et lui montrait combien l'empereur s'était éloigné de la voie céleste. Elle ne pouvait qu'obéir, comme à l'accoutumée, mais pour la première fois de sa jeune vie, son cœur et son esprit n'approuvaient plus ses actes.
Cependant, elle se retira et transmis les informations aux généraux et à ses compagnons. Elle devait déjà accomplir son devoir et sa mission, et ensuite seulement elle pourrait se poser des questions sur la légitimité de ses actes,et surtout de ceux de son seigneur.