30 septembre 2008

Et c'est reparti pour un tour

- Dame, s'étrangla Eliane!
- Qu'y a-t-il, demanda Dagobert, inquiet du ton de celle qui l'avait sauvé?
- Je suis sûrement plus jeune que toi! Pas la peine de me traiter comme une vieille peau, fulmina-t-elle.
- Mais, répondit-il désemparé... Comment voudriez-vous que je m'adresse à la gente féminine sinon?
- Avec son nom, conclut-elle, un soupçon d'ironie dans la voix!
- Comment devrais-je donc vous appeller, D..., se retint-il à temps?
- Eliane, comme tout le monde le fait.
Pendant ce temps, les francs avait annihilé les quelques guerriers celtes, totalement pris par surprise. L'atmosphère semblait se calmer, mais la jeune fille se retourna brutalement, de même que le jeune cavalier.
- D'autres de vos troupes, questionna-t-elle?
- Non, nous n'avons peut-être vaincu que l'avant-garde de l'armée bretonne.
- Vous comptiez les affronter avec une vingtaine d'hommes!
- Eh bien, répondit le garçon, laissant de côtés les manières de la cour royale. Si toutes les femmes des villages frontaliers sont de votre trempe, nous n'aurons guère besoin de plus.
- Je n'habite pas ici, répondit la fillette, souriant du compliment à peine voilé, mais dans la forêt. J'ai été entraîné selon les coutumes des amazones. Je pense qu'il n'y a que très peu d'autres femmes par ici qui peuvent, et veulent, se battre.
- Dommage! Cela aurait été utile. Le reste de nos troupes devrait arriver d'ici deux jours, et nous sommes venus pour protéger les villages alentours.
- Pourquoi un fils de chef serait venu en avant-garde, s'étonna Eliane.
- C'est mon devoir de protéger les gens, répondit-il avec fierté, et cela me permet de couper aux études, ajouta-t-il avec malice. Mais trêve de bavardages. Il nous faut nous préparer pour la confrontation à venir.
- Combien sont-ils?
- Notre éclaireur nous a annoncé une cinquantaine de guerriers.
- Bien.
La jeune fille se pressa et alla récupérer l'arc qu'elle avait laissé sur le toit où elle avait dormi. Elle grimpa ensuite sur l'habitation la plus haute du village. Dagobert la regarda bander l'arme et viser, fasciné par ses gestes précis. L'empennage de la flèche toucha la joue de la jeune fille. Eliane inspira une fois et jaugea la distance. Dagobert, à mi-hauteur, s'exclama:
- Attends! Ils sont encore trop loin!
Mais elle n'écouta pas et relâcha la tension. Le projectile s'éleva dans les airs selon une harmonieuse courbe, fendant les vents en direction des ennemis. Et dans un brut mat, il s'enfonça dans le bois d'une torche, quelques centimètres au-dessus des mains d'un celte. La torche fut arrachée à ses doigts puissants, et il recula devant l'attaque surprise.
- Maintenant, ils savent à quoi s'en tenir, murmura la jeune fille pour elle-même.

29 septembre 2008

Le défi

Jillian était transi de peur. Il avait espéré faire fuir les quelques guerriers en les effrayant, mais ceux-ci, bien que craintifs devant la colère des esprits, étaient déterminés à passer par la forêt. Pour cela, un des leurs étaient parti chercher un druide. Et voilà justement qu'il revenait, accompagné d'un vieil homme, pourtant toujours vigoureux. Il questionna un instant les guerriers puis leur dit, assez fort cette fois pour que Jillian l'entende.
- Mage de la forêt, montre-toi! Moi qui n'ai plus de nom, 28ème de la Confrérie des druides, je désire te défier. Si je m'incline, nous laisserons votre forêt en paix, et sinon, notre passage sera assuré. Acceptez-vous ces conditions, mage de la forêt.
L'enfant réfléchit aux termes du combat et sourit. Reprenant la voix de la confrontation précédente, il répliqua :
- Bien, j'accepte si vous me promettez de ne pas blesser la forêt.
- Nous sommes d'accord, répondit le druide, en fusillant du regard ses hommes qui avait apparemment tu une partie de l'histoire. Ma confrérie connait l'âme des bois et nous ne lui ferons aucun mal!
Mais au moment où il allait se montrer, une main le retint.
- Que penses-tu faire, gronda Mars?
- J'ai promis de me montrer pour protéger la forêt! Vous n'arriviez toujours pas, rétorqua l'enfant. Et je ne me parjurerais pas.
- C'est un druide, argumenta Mars. Il apprend la magie depuis son plus jeune âge et...
- Moi aussi j'apprends la magie depuis mon plus jeune âge. Et tu me répètes tout le temps que tu veux faire de moi le plus grand mage de tout les temps. J'ai compris que j'avais des capacités. Lui n'est que le 28ème de sa Confrérie. J'ai peut-être une chance. Et de toute manière, trancha l'enfant avant que son professeur n'ait pu ajouter un mot, comme je l'ai déjà dit, je ne me parjurerais pas.
- Le débat est clos, on dirait, intervint Shaen.
- Fais attention à toi, encouragea la Reine dryade.
- Bien mère, répondit l'enfant, laissant Mars bougonner.
Sur ces derniers mots, il s'élança dans la plaine. Le suivant de près, les trois adultes sortirent également des bois.

28 septembre 2008

Ca fait mal!!!

Le cri d'une jeune fille déchira l'air. Eliane se réveilla en sursaut et attrapa au passage la lame qui reposait à ses côtés. Elle avait profité de la course à faire pour se reposer, en équilibre précaire sur le bord d'un toit. Sautant lestement au sol, elle se dirigea vivement vers l'endroit d'où provenait le hurlement de terreur. Elle aperçut trois groupes et retraça rapidement le déroulement des évènements dans son esprit.
Des barbares descendaient la collines adjacentes en hurlant sauvagement, les villageois fuyaient devant eux, et le cri de terreur était sorti de la gorge de la femme qui avait aperçu l'ennemi. Et de l'autre côté, les côtes de mailles brillant au soleil, cavalaient à toutes allures une troupe franque. Les paysans se dirigeaient aussi vite que possible hors de portée des deux armées. Et Eliane remarqua l'enfant, laissé seul devant les bretons déchaînés. Elle se précipita pour le protéger.
Un des guerriers celtes remarqua les proies qui se dressaient devant lui, et les prit pour cible. Il abattit une lourde hache vers la tête de la jeune fille, mais le pied droit de celle-ci intercepta son poignet et lui fit lâcher l'arme. Au même moment, elle détacha du sol sa seconde jambe et attaqua sauvagement à son point faible le guerrier. Le cri de douleur de l'homme résonna sur la scène de pillage, et il se plia en deux, tenant sa zone blessée entre ses mains. Sans pitié, Eliane fit tourner son arme et abrégea les souffrances sans limites du barbare.
Son épée se rengaina comme mue par sa propre volonté, et elle attrapa la main de l'enfant effrayé. Elle courut le portant à moitié vers la zone sauve. Mais le gamin trébucha et elle remarqua qu'un guerrier celte approchait dangereusement. Elle se retourna pour apercevoir l'ombre d'un cavalier franc qui s'interposa entre l'enfant et le soldat. D'un coup d'épée bien ajusté, il ôta la tête du corps de l'ennemi, puis il se retourna pour regarder ceux qu'il avait protégés. Eliane remarqua l'étonnante jeunesse du chevalier, mais toujours vive, elle ordonna à l'enfant qu'elle avait sauvé de sortir du village rejoindre ses parents. Celui-ci s'exécuta sans se faire prier.
- Dame, vous devriez fuir aussi, fit remarquer le franc.
Avant d'avoir pu répondre, elle aperçut un éclat argenté dans le dos du jeune homme. Prenant appui sur le cheval de celui-ci, et avec la rapidité que seul l'entrainement peut donner, elle se souleva dans les airs. Le jeune franc sembla surpris, mais Eliane poursuivit son bond, et semblant se glisser parmi les courants d'airs, elle attrapa la hache de lancer destinée au guerrier. Et pivotant gracieusement avant même d'atteindre de nouveau le sol, elle renvoya l'arme vers son propriétaire qui l'intercepta avec l'aide de son plexus, avant de s'effondrer au sol.
Alors que le reste de la troupe franque attaquait sans ménagement ce qu'il restait des bretons, le jeune garçon se tourna vers la jeune fille.
- Je suis Dagobert, prince des francs. Je vous dois la vie, Dame!

26 septembre 2008

A l'attaque.

-Mon seigneur, vous ne devriez pas vous trouver ici!
Dagobert regarda un moment l'homme qui avait ainsi exprimé sa désapprobation. Il appréciait l'intention du soldat, inquiet pour le jeune homme, mais il ne pouvait, en tant que prince-héritier, accepter que ses capacités soient mises en doute.
- J'ai déjà plus de douze ans, soldat! La plupart des francs ont déjà vécu leurs premières guerres à cet âge. Sous-entendriez-vous que je sois pas capable de prendre soin de moi-même?
L'homme voulut répondre, mais il comprit qu'il ne devait pas pousser le débat plus loin. Ses camarades se moqueraient de lui pour la remontrance, mais il avait compris ce qu'avait voulu lui transmettre le garçon : il était trop tard pour changer d'avis.
- Éclaireur, s'exclama Dagobert! Qu'en est-il de l'attaque?
- Les bretons s'approchent rapidement des villages! Ils arriveront sûrement avant nous!
- Nous devrions peut-être accélérer l'allure, proposa le jeune prince. Pas trop, car il n'est pas nécessaire d'arriver épuisé deux heures avant eux, mais au moins assez pour ne pas arriver trop longtemps après le début de la bataille.
- C'est possible de le faire sans trop épuiser les chevaux, répondit l'homme rapidement, mais nous devons partir immédiatement.
Dagobert hocha la tête et leva le bras pour signifier le départ. Les vingts guerriers francs captèrent l'homme, et se remirent en selle sans attendre. Et la colonne partit, à vive allure. Ils passèrent deux heures à chevaucher, et arrivèrent enfin en vue du village. Les habitants affolés tentaient de fuir, alors que les bretons s'élançaient, hurlant, vers leurs proies. Soudain, le cri d'une jeune fille déchira l'air. Dagobert ne prit même pas son souffle et cria :
- A l'attaque!

25 septembre 2008

Les bretons

- Quelque chose est anormal, s'exclama l'enfant en ouvrant les yeux!
Il avait maintenant huit ans, mais les entraînements toujours éprouvants l'avaient fait mûrir très vite. L'homme en face de lui le regarda, un air interrogateur inscrit sur le visage.
- Qu'est-ce qui est anormal?
- De nombreuses chose! La vie d'en la forêt! Mais Mère le saura mieux que moi!
- La reine des bois n'est pas en face de moi pour le moment, répondit simplement Mars. Qu'as-tu donc, toi, perçu d'étrange ?
- Les animaux s'agitent, ils ont peur. Ils se réfugient au centre de la forêt. Quelque chose les a effrayés à l'extérieur.
Mars se retourna vers Shaen, et l'Amazone acquieça d'un rapide hochement de tête.
- Reste ici Jillian, dit-il. Nous allons chez les dryades pour comprendre ce qu'il se passe. Nous serons bientôt de retour.
- Mais, et grande soeur?
- Elle est partie au village pour trouver quelques objets que je lui ai demandé, répondit à son tour l'Amazone. Mais ne t'en fais pas petit! Bien que je refuse de l'admettre en face d'elle, elle est plutôt douée.
Et les deux adultes s'en allèrent d'un pas vif, à travers les bois. Le jeune garçon se leva et grimpa en quelques instants au sommet d'un arbre proche, et reprit l'écoute des énergies qui l'entouraient. Il sentait l'angoisse des animaux alentours se transmettre à lui, mais il chercha de plus en plus profondement. La direction du Nord-Ouest apparut d'un seul coup dans son esprit, et il sait que de là-bas venait le danger. Cela ne lui suffisait pas, et il remonta encore plus loin la source des énergies jusqu'à obtenir ce qu'il cherchait. Un flot intense d'images le submergea : des hommes, nombreux, sauvages, criant de toute les sources de leurs poumons, tenant à la main des armes de fer, mais surtout, agitant à tout va la source de la frayeur animale, de nombreuses torches enflammées.
L'enfant se releva d'un coup et voulu prévenir Mars, mais il se rappella le départ de celui-ci. Le temps pressait et il était seul. Il ne réfléchit qu'un court moment avant de prendre sa décision. il se lança à travers les forêts qui l'avaient élevées et arriva en peu de temps à l'orée des bois, restant caché dans l'ombre des arbres.
Inquiet, il jeta un coup d'oeil en-dehors de son abri, et il reconnut les images. Une vingraine d'hommes se tenaient là, bravaches, de nombreuses torches enflammés en main.
- Esprits des bois! Esprits des bois je vous invoque, récita l'un des leurs. Nous savons que Brocéliande est vôtre, mais nous demandons le passage. Pour tuer le plus de ces sales chiens de francs, nous devons traverser la forêt.
La respiration de l'enfant se calma, alors qu'il comprenait les paroles. Ils voulaient juste passer, il n'y avait aucun risque, se dit-il, se trompant totalement. La prochaine phrase du breton le ramena rapidement à la réalité.
- Si vous ne daignez pas vous montrer pour nous laisser le passage, nous incendierons la forêt!
Le souflle de l'enfant se glaça, mais sa peur laissa place à un froide rage quand les autres guerriers acclamèrent leur porte-parole. Il se souvenait, certes pas distinctement, d'avoir déjà du une fois fuir devant les flammes. Il se souvenait avoir perdu les siens une fois, et ces inconscients voulaient renouveller la tragédie! Cela ne se passerait pas comme ça! Appliquant sa paume contre sa trachée, et deversant son énergie, il prit la parole, sa voix devenu caverneuse et tonitruante.
- Laissez-nous en paix, Mortels! Si vous derangez les esprits pour vos guerres, vous serez punis.
- Nous allons brûler la forêt s'exclama un guerrier en levant sa torche.
L'enfant concentra sa puissance dans son autre paume et visa la flamme. Les guerriers ne virent qu'un rai de lumière, et la torche, soufflée et désormais éteinte, retomba au sol.
- Avec quoi, ajouta l'enfant reprenant sa voix d'esprit? Comment voulez-vous mettre le feu à une forêt si le vent suffit pour détruire vos étincelles?

24 septembre 2008

L'Anneau de mort

- Le porteur de l'anneau de mort, se demande George? Mais qu'a-t-il voulu dire?
Elie est de nouveau chez elle, et a transmis à ses parents le message. Comme l'homme lui a conseillé, elle a passé sous silence son aventure sousterraine, mais plus par peur de sembler ridicule d'avoir confondu de la confiture et du sang. Dès l'annonce de l'arrivée prochaine des troupes ennemis, son père est parti prevenir les villageois. Il est revenu ensuite, et s'interroge depuis sur la suite du message.
- Mais pourquoi faut-il que cet idiot s'amuse toujours à donner les informations sous forme d'énigme, questionne-t-il, à bout de nerf, le plafond?
Mais ce dernier, pas tès bavard, ne daigne pas lui adresser la moindre réponse, et le père de famille se retourne de nouveau bougond. Le bruit de la lourde porte métallique de l'abri familial se fait entendre, et un instant après, le professeur, le bras en écharpe depuis son accident, rentre dans la pièce.
- Que vous arrive-t-il, mon ami?
- On doit en théorie protéger le porteur d'un certain 'anneau de mort' mais on ne sait ni qui est cette personne, ni quel est cet objet!
- 'anneau de mort', répète pensivement le professeur. Je peux peut-être vous aider.
- Oui, répond vivement George, un éclat de joie dans le regard? Qu'en est-il?
- Eh bien, je ne voudrais pas m'attarder sur d'autres sujets, et je vous expliquerai plus tard comment j'ai rencontré mon ami péuvien.
- Il est donc péruvien!
- Je n'en sais rien! Mais l'ayant rencontré au Péru, je le pense ainsi.
- Oui, oui.
- Bien! Toujours est-il qu'il porte à son bras droit une sorte d'étrange bracelet. J'ai remaqué que celui-ci est fiché dans sa chair, et je l'ai donc emmené voir un grand médecin de ma connaissance, pour qu'on puisse lui retirer. Radiographie et autres, tous les tests y sont passés. Et il en résulte une chose. Le bracelet est lié à de nombreuse lames de métals qui entoure l'artère, et on ne peut pas lui retirer sans causer sa mort. Même de nos jours, il n'existe apparement pas de techniques médicales assez avancées pour pouvoir l'enlever. Comment on lui a apposé cela, c'est un mystère, et un de ses seuls indices quant à son identité passée.
- L'Anneau de mort, murmure George. Oui! Ce doit être cela! Reste à savoir de quoi nous devrions le protéger...
- Je ne peux malheureusement pas vous aider pour cela, répond le professeur.
- C'est vrai. Et le temps risque bientôt d'être une denrée rare. Il va nous falloir accélérer les choses.
- De quoi parlez-vous, mon ami?
- De l'héritage de la famille. Elie et Eric doivent connaître toute l'histoire.
- Auriez-vous déjà commencé à la leur raconter?
- Oui! Et nous allons d'ailleurs reprendre trois années plus tard, au moment de l'attaque des bretons.

23 septembre 2008

Encore un inconnu! L'auteur aurait-il succombé à la folie?

-Ah! s'écrie la petite fille en se précipitant hors d'un sombre éboulis.
Elle ne regarde pas devant elle et se retrouve par terre quand elle rencontre durement les jambes puissantes d'un homme taillé comme un roc. Mais celui-ci ne se fâche pas, et lui tend une main secourable. En se relevant, elle détaille l'inconnu : Son corps et ses membres massifs lui donnent une aura effrayante, mais son regard est doux, comme celui de quelqu'un qui aurait vu tous les malheurs du monde et qui saurait apprécier à leurs justes valeurs l'innocence et le bonheur. Un lourd sac-à-dos est déposé au sol, contre ses bottes, et il tient son son bras un livre épais, dont la couverture de cuir rouge ne peut manquer d'attirer le regard.
Inquiète au départ, le sourire amical de l'homme finit de rassénérer la filette, qui murmure un rapide "Pardon".
- Ce n'est rien! Moi aussi, je courais n'importe où à ton âge! Mais pourquoi sembles-tu si affolée?
Retrouvant ses esprits, Elie raconte à l'homme tout ce qu'elle a vu, et la peur qui l'a étreinte.
- Tu n'aurais pas du te promener ainsi toute seule, lui dit l'homme. Ca aurait pu être dangereux! Mais je vais aller vérifier ce que tu me dis avoir vu.
- Vous ne me croyez pas, s'exclame dépitée la petite.
- Mais si! Mais parfois, dans les endroits sombres, nos sens nous jouent des tours! Tu avais peur, et tu as tout de suite pensé voir du sang. Ce n'en était peut-être pas.
- Je suis sûr de moi, répondit la petite fille. Avec la guerre et les bombardements, j'en ai vu bien assez pour savoir en reconnaître!
- Nous verrons, nous verrons, répond évasivement l'homme.
En deux foulées, il atteint l'entrée du passage, et alors qu'elle aurait jurer qu'il ne pourrait jamais entrer, elle le voit s'y faufiler avec une aisance déconcertante. Et après seulement quelques instants, elle le voit ressortir de son trou. Il tient à la main des bouts de verre brisé qui contiennent encore des restes de confiture.
- Voilà ce que tu as touché et que tu as pris pour du sang, lui glisse l'homme. La vieille dame de ce côté, dit-il en montrant un bâtiment, les gardait toujours dans un armoire près du mur. L'explosion les aura enfouis sous les rochers!
- Comment tu sais tout ça monsieur, s'exclame alors la fillette, un peu inquiète ? Tu es magicien ?
- Non, bien sûr que non! Mais j'ai habité dans cette ville, il y a quelques années. je connaissais quelques-uns des habitants.
- Tu connais peut-être mon père alors, dit-elle joyeuse! C'est George Voncis!
- Oui, je le connais. Mais je ne peux pas rester trop longtemps. Je dois te demander de petits services.
- Quoi donc, demande la curieuse petite fille?
- Premièrement, ne parle pas de ce que tu as fait aujourd'hui à tes parents : Ils s'inquièteraient inutilement. Deuxièmement, aide comme tu le peux le jeune étranger qui est arrivé chez toi hier. C'est un ami à moi, même s'il ne s'en souvient pas encore. Et enfin, dis ceci à tes parents, et ils devront le transmettre aux gens de cette ville. Repète-leur exactement cette phrase :
'Le messager annonce aux protecteurs que les soldats envahiront la ville dans trois jours. Le porteur de l'anneau de mort devra être protégé.'
- Qu'est-ce que ça veut dire, demande Elie?
- C'est un message secret qu'ils comprendront! Allez, dit-il en la poussant sur le chemin, vas leur dire.
Et alors que la petite fille part vers son logis, l'homme, debout dans le vent murmure comme pour lui-même.
- Quel dommage d'avoir dû gâcher de la si bonne confiture pour cacher le sang! Mais le temps de la vérité n'est pas encore venu!

22 septembre 2008

Dans les décombres

Son père et l'étranger sont revenus tard dans la soirée. Un petit homme, assez vieux, les a accompagnés. Elie se souvient bien de la soirée. Ses parents l'ont bien envoyé se coucher, avec son petit frère. Mais n'écoutant que sa curiosité grandissante, elle a tendu l'oreille et capté des brides de conversations. Elle ne comprend malheureusement pas tout ce qu'il s'est dit.
Elle a tout de même entendu que le vieux messieur, qui a été emprisonné sous les gravats, est un vieil ami de la famille, et qu'il a rencontré l'étranger dans un pays lointain. D'ailleurs, de lourd secrets pesent sur l'existance de ce dernier, mais même ses parents n'ont pas les réponses.
Et, laissant alors son petit frère avec ses camarades de la ville, elle s'est éclipsé quelques heures plus tôt pour chercher des indices sur les lieux du drame.
Persuadé qu'elle trouvera des choses imporantes, elle remonte désormais la grande rue où elle a trouvé l'amnésique. Puis cherchant depuis ce lieu, elle trouve l'endroit de la catastrophe. Des masses de roches gisent de partout. Un tas plus imposant, entre deux bâtiments, attire son regard. En quelques coups d'oeil et un peu d'imagination, elle trouve ce qu'elle cherche. Un bout d'étoffe, qui témoigne de l'endroit précis où avait été bloqué l'homme.
Elle comprend que la plupart des décombres environnants sont l'oeuvre des sauveteurs improvisés de la veille. Se mettant à inspecter méticuleusement l'endroit où elle se trouve, elle découvre un interstice entre deux énormes blocs de pierres. Rechignant au début à s'y engager, sa curiosité devient rapidement la plus forte, et elle se faufile dans l'étroit passage. L'obscurité régnante lui bouche rapidement la vue. Mais malgré la peur des ténèbres qui l'envahit, elle pousuivit sa route.
Elle arrive rapidement dans un coin un peu plus grand, où quelques rayons de lumières parviennet à passer. Elle attend un petit moment que sa vue s'ajuste et commence à inspecter l'étrange lieu. Un instant de fatigue la pousse à poser la main sur une paroi, mais une substance poisseuse lui fait enlever aussi vite. Elle se pose un instant la question mais elle comprend vite, trop vite, et pousse un cri : C'est du sang.

21 septembre 2008

L'Étranger

-Pardon, dit l'homme.
Il est plutôt grand. Sa peau semble dorée et ses longs cheveux noirs sont attachés à l'aide d'un morceau de tissu. Il gesticule impatiemment, mais n'arrive pas vraiment à suivre ses pensées avec ses mots.
- S'il-vous plaît, parvient-il à prononcer. Aide... ami... à moi... prisonnier.
- Qu'y a-t-il, demande Élie ?
- Professeur... rochers... badaboum.. lui prisonnier.
La petite fille comprend le message et l'impatience de l'homme, mais elle sait qu'elle ne peut pas l'aider. Elle se décide rapidement et lui dit, assez lentement pour qu'il comprenne.
- Viens avec nous. Mon père vous aidera sûrement.
- Merci, dit l'homme avec un sourire.
Alors qu'ils se mettent en route, la petite fille interroge l'étranger.
- Comment t'appelles-tu? Moi, mon nom est Élie, et mon frère là, dit-elle en le désignant, c'est Éric.
- Moi, pas avoir nom, répond l'homme.
- Quoi, s'étonne la petite? Mais tes parents t'en ont sûrement donné un!
- Pas savoir... Plus savoir... Moi pas de passé.
- Tu es amnésique?
- Amnésique?
- Tu ne te souviens plus de ton passé.
- C'est ça! Amnésique, répète-t-il plus lentement, comme pour ancrer le mot dans son esprit.
Et quelques instants plus tard, tous trois atteignent l'abri familial. Les parents sont dehors et se précipitent dès qu'ils voient arriver leurs enfants. En quelques mots, Élie leur explique ce qu'il s'est produit. Rapidement soulagés, les parents s'intéressent à l'histoire de l'homme.
- Nous allons chercher quelques hommes en relativement bonne condition à l'abri. Après nous pourrons aider ton ami à sortir de son piège. Viens avec moi, ordonne le père à l'étranger, tu nous montreras l'endroit du sinistre.
Et tous les deux partent pour secourir l'infortuné, bloqué sous des tonnes de roches.

20 septembre 2008

Restes fumants

Une nouvelle fois ils ont retentis! Et une nouvelle fois ils ont cessé. Les familles, serrées les unes contre les autres, s'éloignent maintenant. Enfin le frère et la sœur sortent du groupe. Pour une fois, ils n'ont pas eu le temps de rejoindre l'abri familial et ce sont fondus dans la communauté. Personne ne leur a fait le moindre reproche. En ces temps de désespoir, les vieilles rivalités et les anciennes querelles n'ont plus lieu d'être. Elles se sont dissipées d'elle-même alors que l'homme avait de plus en plus besoin de son prochain. Malgré ses tristes évènements, ou peut-être grâce à eux, les liens se sont resserrés et des parcelles d'humanité et d'altruisme dédaignées jusqu'à ce jour ressurgissent plus forte que jamais.
Mais le prix pour cela est trop lourd à porter. Surtout pour le regard innocent de jeunes enfants exposés à l'horrible cruauté de la souffrance et de la mort irraisonnées. Élie et son petit frère, Éric, sont déjà sevrés d'images de carnages, mais bien qu'ils ne souhaitassent point en voir davantage, ils savent devoir informer au plus vite leurs parents de leur état de santé. Alors ils s'élancent avec quasiment aucune hésitations vers les cendres encore chaudes de la ville, broyée à coup de bombardements.
Les rochers, encore chauds du brasier qui les a décrochés de leur place d'origine, jonchent les rues encombrées et délabrées. Et entre les interstices, ou par de savantes techniques d'escalades, les deux enfants arrivent à traverser petit à petit les décombres de la ville. En quelques instants, ils se retrouvent à proximité de la vieille bibliothèque, qui malgré les chocs puissants, se dressent toujours vaillamment face aux barbares destructeurs.
Une fois les décombres passés, Éric s'élance, sans raison apparente, dans la direction de l'illustre bâtiment, malgré les cris de sa sœur pour l'inciter à plus de prudence. Mais l'enfant a besoin de se relâcher après la peur des explosions infernales de la guerre. Et alors que la fillette le voit s'éloigner en courant avec de grands renforts de gestes, elle aperçoit alors une ombre sortir des rues adjacentes et percuter l'enfant avec violence.
Elle aperçoit un homme, qu'elle ne peut définir que d'étranger, se demander l'espace d'un instant ce qui est arrivé, puis se jeter sous le corps de l'enfant pour le protéger du choc.
L'inconnu relève l'enfant et s'excuse ensuite d'un sourire, avant de voir Élie arriver. Son comportement redevient rapidement étrange, alors qu'il commence à parler.

C'est la fin du début!!!

Ah! 'Fin' non! On ne sait encore que trop peu de choses sur tous les personnages. Voici donc ce qu'on pourrait appeler la fin du premier âge. Et oui, nous allons abandonner pendant quelques temps ces 4 personnages, pour nous concentrer sur la véritable initialisation des évènements futurs (seulement deux petits messages très courts pour le moment).

Voici quelques informations sur la nomination des Amazones par le terme 'Scythes' (et oui, finalement, l'auteur n'est pas tellement idiot). Les scythes étaient un grand empire qui régnaient sur les rives nord des mers Noire et Caspienne. Je leur ai donné un continuité historique jusqu'à l'époque qui m'intéressait, réduisant considérablement la taille de leur Empire. Les femmes pouvaient se battre, mais les hommes également. Pour l'intérêt de cette histoire, je vais énormément exagéré l'importance des femmes dans leur société et leur prêter des liens avec les esprits de la nature. Ce qui en fera un peuple ancien, attaché aux vieilles légendes, à un époque où le monothéisme s'étend (une dizaine d'années avant l'hégire, tout de même). L'importance de la religion se sentira plus tard.

En espérant que cette histoire vous plaise.

18 septembre 2008

Question de temps et de règne

-Tu y retournes encore?
Bien sûr que oui! Cela fait parti du rituel, Mars.
-Tu verras, tu perdras vite patience!
-De quoi vous parlez, intervint Eliane? Quel rituel?
-Shaen serait plus à même de vous expliquer, mais il me semble évident qu'elle omettra quelques détails.
-Dis tout de suite que j'explique mal!
-La culture amazone peut sembler extrèmement bizarre pour des étrangers, et tu en es tellement impregnée que tu le ferais sans le vouloir. Mais je suis également d'accord avec ta version des faits!
-Tu ne tiens pas à la vie on dirait, rétorqua la guerrière.
- Jillian, Eliane, écoutez bien ce que j'ai à vous dire. Les Amazones sont un peuple de guerrières. Elles sont hargneuses et...
- Tu peux passer ce genre de détails, le coupa l'amazone.
- Elles habitent dans les contreforts rocheux d'un montagne très éloinée: Le Caucase. A l'est, on trouve un grande mer, la mer Caspienne, au sud l'empire Perse, et à l'ouest une enclave bizantine et la mer noire. Ils ne sont bordés au nord que de tribus nomades et peuplades barbares. Elles ont passés un pacte il y a bien longtemps avec les peuples elfiques pour pouvoir habiter là-bas. Le lien le plus fort est avec le peuple des dryades qui habite dans ces forêts.
- Mais, interrompit Jillian, les dryades sont ici!
- Le coeur de leur royaume, leur capitale est en Brocéliande. Mais ils habitent également à d'autre point de la Terre.
- Mais alors, Shaen est venu ici pour saluer la reine dryade, s'exclama Eliane. Une fois ne suffit pas?
- La reine de mon peuple est morte, expliqua la guerrière. J'ai été élu par le conseil des aînées pour apporter la nouvelle aux souverains des bois, et pour devenir la prochaine souveraine. Je dois donc suivre la tradition et saluer le roi et la reine chaque semaine, jusqu'à l'arrivée des autres peuples elfiques. Ensuite aura lieu mon couronnement, et nous retournerons avec Eliane dans mon pays.
- Mais combien de temps cela va-t-il prendre, demanda la filette avec un soupçon d'angoisse dans la voix?
- Surement trop longtemps, soupira la guerrière.
- Pourquoi, demanda Jillian, ne comprenant pas la signification des derniers mots?
- Les elfes, expliqua Mars, n'ont pas la même notion du temps que les humains. Sûrement parce qu'ils ne vieillissent pas. Alors que nous attendons avec impatience, ils ont l'impression de n'avoir vécu qu'un court instant.
- Une guerrière a une fois du attendre près de vingt ans pour être intronisée, argumanta l'amazone.
- Il ne nous reste donc qu'à attendre, et peut-être plusieurs années, conclut Mars.
- Et ne vous inquiétez pas, vous aurez assez à faire avec vos entraînements.

17 septembre 2008

la forêt des dragons.

La forêt des dragons était étonnante. Lenlen n'y voyait que des bambous, et des dragons de tailles diverses. Evitant les plus gros d'entre eux, elle se faufila jusqu'à l'entrée de la caverne. Le sol était aride à l'entrée de cette véritable fournaise sousterrainne. La petite fille rechercha un endroit relativement protégé pour établir un campement, elle se rendit rapidement compte que les créatures avaient accès à tout point de la forêt. Puis elle commença son épreuve.
Une semaine plus tard, la petite fille avait commencée à se repérer dans le dédale, mais la faim et la soif l'obligèrent à consacrer moins de temps aux recherches. Elle avait trouvé une petite source d'eau pure, mais elle ne pouvait atteindre celle-ci qu'aux moments où les plus gros dragons étaient endormis. Ses talents étaient mis de plus à rude épreuve pour échapper aux sens perçants des gros reptiles. Et elle se nourissait de leurs congénères de moindre taille, quand elle réussissait à les attrapper. Pour dormir, son seul asile était le sommet des bambous, car en effet, les ailes atrophiées de ces dragons rampants ne pouvaient les aider à soulever leur masse. Et chaque nuit, elle devait changer de repaire.
Après deux semaines, elle était épuisé, et sa progression de nuit dans la caverne était devenu quasi inexistante. Ce n'est qu'après trois semaines que son corps fut véritablement habité à ce régime de vie qu'elle put reprendre son avancée. Depuis ce moment, elle ne mis que trois jours pour découvrir l'emplacement du parchemin et un de plus pour l'atteindre sans risque, les grottes des dragons étant réputées dangereuses. Il lui fallut trois nuits mouvementées d'études pour réussir à déchiffrer le code, et encore une de plus pour apprendre totalment le long message inscrit.
Un mois et trois jours après son entrée dans la forêt des dragons, établissant un nouveau record parmi le clan des ombres, Lenlen acheva son épreuve.

14 septembre 2008

Dernier test

- Encore un test? J'en est déjà eu un il y a un mois.
- Tu as juste tué cinq comploteurs impliqués dans la tentative d'assassinat de l'empereur. Ils étaient tellement confiants qu'ils n'avaient que trois gardes et qu'ils se goinfraient joyeusement au moment où leur comparse les a prévenus. Et cet idiot que nous avons relâché s'est mis à crier si fort que nous en avions après eux, que leurs propres soldats les ont retenus jusqu'à ton arrivée et leur mort. On ne peut pas appeler cela un test.
- Mais...
- Et de plus, le prochain est celui de la forêt des dragons.
- Quoi, s'exclama Lenlen, surprise! Vous pensez que...
- Que tu es prête, oui! Tu es une des enfants les plus doués que nous ayons jamais engendrés dans notre famille. Tu passeras cette dernière épreuve avant de rejoindre véritablement la garde impériale.
- Bien, père!
- Parfait. Laisse-moi maintenant t'expliquer l'épreuve. Au milieu de la forêt des dragons, de laquelle tu n'auras pas le droit de sortir, il y a une grotte. Le père des dragons vit dans cet immense dédale sous-terrain. Il dort cependant durant la nuit. Tu devras te faufiler dans cette caverne et récupérer le parchemin de l'éclipse. Attention, ce parchemin ne doit surtout sortir de la grotte.
- Que dois-je faire alors?
- Tu en déchiffreras le message et le mémorisera. Pour sortir de la forêt, tu devras le réciter sans faute au garde qui t'attendra. Tu devras toi-même pourvoir à tes besoins vitaux le temps de l'épreuve.
- Est-ce que ce sera long?
- Le record invaincu à ce jour parmi notre peuple est d'un mois, quatre jours et cinq heures. Bonne chance ma fille, et à dans un mois j'espère.

Pour quelques Francs

- Plus de vitesse, mon prince. Vous n'aurez pas le temps de réfléchir à la guerre.
Le souffle court, Dagobert esquissa un sourire. Comme tous les après-midi depuis son arrivée à Reuilly, il s'entraînait aux armes. Le capitaine de la garde, un homme âgé, mais cependant encore en possession du physique imposant de sa jeunesse, surveillait son entraînement. Ses yeux noirs ne manquaient aucun mouvement du jeune garçon. Il appréciait grandement les qualités du jeune garçon, ses dispositions innées et son ardeur à la tâche, et le voyait déjà comme un des meilleurs guerriers qu'il ait formé. Il n'était pourtant aucunement question de laisser le jeune garçon savoit cela.
- Ta hache n'est peut-être ni ton arme préférée, ni la plus dangereuse, mais elle représente ton peuple. Un franc sait utiliser une francisque. Au corps à corps, tu pourras l'utiliser pour trancher en deux un ennemi, et sinon, tu la lances pour le trancher de loin.
- Oui, capitaine, répondit le garçon.
- Tu dois donc pourvoir bloquer une épée, et toucher la cible à près de douze mètres. Il te faut gagner en précision.
L'enfant salua son instructeur et se dépêcha d'aller rechercher son arme, coincée dans le bord de la large cible, à une dizaine de mètres de lui. Puis il envoya, encore et encore, son arme se ficher dedans. Et après deux heures d'entraînement, il reprit la grande épée pour poursuivre son entraînement, qui ne fut fini qu'à la nuit tombée.
Il savait que le lendemain, à l'aube, il devrait reprendre ses études de latin et de géographie, avant de recommencer le dur entrainement qui lui était imposé.

11 septembre 2008

Les peuples elfiques

- Dépêche-toi, filette!
La voix de l'Amazone, portée par le vent, atteignit l'enfant qui peinait derrière. La dryade portait son petit frère dans ses bras, mais elle devait faire le même parcours, rapide, et chargée d'un sac d'une dizaine de kilos. Ni l'amazone, ni l'esprit, ne semblaient même essouflées, mais Eliane peinait, le visage rougi par l'effort, et le soufle court. Son entraînement commençait à se faire ressentir, mais un mois n'était pas suffisant pour lui permettre de suivre cette cadence.
Jillian sauta des bras de la reine des bois, et vint à la rencontre de sa soeur.
- Je n'ai pas à marcher, moi, alors tu peux prendre mes forces!
- C'est gentil, Jill, mais on ne peut pas le donner comme ça.
- Pourquoi, s'interrogea l'enfant? Ce n'est pas bien?
- Ce n'est juste pas possible.
- Bien sûr que si, s'exclama-t-il en souriant.
Il sauta au cou de sa soeur qui le rattrappa avec peine et voulut le réprimander, lui dire d'arrêter ses bêtises. Mais elle sentit une grande chaleur s'insinuer en elle, lentement. Petit à petit ses forces augmentèrent, jusqu'à ce que la fatigue disparaisse. Le garçon se releva essouflé et murmura, pour lui-même.
- C'est bien plus fatiguant que ce que je pensais.
La fillette ébouriffa les cheveux de son petit frère avec un sourire de remerciement, et le petit retourna dans les bras de la dryade. Sans un mot de plus, le groupe reprit son chemin à travers la forêt. Aucune parole ne fut échangée jusqu'au moment où Eliane entendit son professeur siffler, et jurer, d'admiration. Elle se pressa entre les branches écartées et aperçut le coeur de Brocéliande.
Une lumière dorée baignait ce lieu magnifique. De nombreuses sources d'eau claire jaillissaient en tout point. D'arbres immenses s'élevaient jusqu'au cieux. Leur écorce s'était développé de façon même à crer des rampes d'accès, et leurs branches imposantes formaient de gigantesques passerelles sur lesquelles circulaient de nombreuses personnes. Des cavités se trouvaient au creux de ces arbres, mais il semblait clair pour la jeune fille qu'elles s'y trouvaient depuis l'origine.
Ensuite, alors que la fascination que ce lieu pouvait créé s'atténuait légèrement, elle remarqua les habitants. Elle reconnut tout d'abord les dryades, aussi belles, mais moins attractive que leur reine. Puis elle s'étonna devant l'apparence des autres:
- Les hommes, avec les long arcs, ne serait-ce pas des dryades mâles?
- Ce n'est pas vraiment cela, répondit la reine dans un rire cristallin. Tu vois, il existe six peuples elfiques. Ici, deux cohabitent: les dryades, esprits des bois, toutes femmes, et sylvains, chasseur mais protecteur des animaux, avec de longs arcs. Ce sont eux qui protègent la forêt. Les dryades sont trop occupés à entretenir les plantes!
Pendant quelques instants, la dryade conta quelques histoires de son peuple, amenant de mêmes ses trois invités au coeur même de son royaume, où les attendait le roi des elfes sylvains.

10 septembre 2008

Entre les énergies

L'enfant était assis, comme à son habitude, en haut d'un arbre. Assis, il était si immobile que même les écureuils peureux s'approchaient de lui pour lui renifler les mains. Il était conscient de tout ce qui l'entourait, même il poursuivait sa recherche avec patience. Mars lui avait expliqué le principe de ses premiers entraînements à la magie, et depuis, il passait tout son temps à tenter de ressentir les flux d'énergie. Il arrivait déjà à ressentir les vibrations propre aux êtres vivants qui l'entouraient.
Il distinguait les quelques arbres alentours, mais ne parvenait qu'avec énormément de difficulté à se rendre conscient des animaux. Soudain, une énergie puissante et étrange entra dans son aire de visualisation. Il crut avoir à faire à un humain, mais il remarqua que les caractéristiques de l'énigmatique inconnu se rapprochaient plus de ceux de la plante que de ceux des animaux. Etonné, il ouvrit les yeux.
- Jillian, l'appella une voix douce et vibrante d'énergie.
Il descendit avec hâte de l'arbre et se retrouva près de la reine dryade. Il se jeta dans ses bras, et l'embrassa sur la joue.
- Que faisais-tu là-haut, lui demanda-t-elle, un soupçon d'inquiétude dans la voix? C'est dangereux pour un petit garçon comme toi!
- Mais non! Les arbres sont tous très gentils! Et leurs locataires aussi.
- Tu aurais pu tomber, petit écervelé, lui répondit-elle affectueusement.
- Pourquoi tu es venue?
- Ne puis-je pas juste passer te voir?
- Tu peux! Mais tu ne le fais jamais sans bonne raison. Tu es toujours trop occupée par la forêt!
La dryade rit des dernières paroles de l'enfant, mais reprit bien vite un ton plus sérieux.
- L'amie de Mars... Shaen, dit-elle après reflexion, est venue pour une bonne raison. Pas seulement pour le voir. Elle passe aujourd'hui, avec son apprentie, au coeur de mon royaume. Je voulais que tu viennes avec elles. C'est tout.
L'enfant sourit de tout son coeur.
- Chouette! On n'est plus souvent ensemble avec grande soeur!
- Viens, Jillian, lui répondit l'esprit de la forêt. Nous avons un long chemin à parcourir!

7 septembre 2008

Le clan des ombres

Une sombre silhouette se faufila à travers les couloirs déserts du palais. Ni les étincelantes dorures, ni l'atmosphère quasi-divine qui y régnait n'interrompirent son pas leste. Elle se dirigea sans le moindre doute à travers les colonnes et le dédale du domaine impérial. Il arriva rapidement près des quartiers de l'empereur, et son sourire s'élargit. On ne lui avait pas menti, tout s'était déroulé selon le plan : Les gardes, nombreux, étaient tous affalés au sol, leurs armes glissant de leur mains inertes.
- Pourquoi ne les tuons-nous pas, avait-il demandé ?
Et ses camarades conspirateurs lui avaient expliqué : le but était de placer un des leurs sur le trône nouvellement vidé, et qu'un palais désert ne permettait pas de gouverner, il fallait des administrateurs compétents. On pourrait éventuellement ensuite éliminer les gêneurs...
Et en repensant à ces évènements, il arriva sans un bruit vers la chambre de sa future victime. Il fit glisser furtivement un des lourds battants de la grande porte, et pénétra tel un fantôme le sanctuaire. Tel un chat, il s'approcha du corps allongé et leva son poignard.
-Ainsi, même mes conseillers sont corrompus, tonna la voix provenant du lit.
L'homme, effrayé, voulut abattre rapidement la lame, mais un poignée de fer, et un visage juvénile, s'interposèrent entre lui et sa proie. Malgré sa panique grandissante, il put apercevoir des ombres se détachant des murs, et s'approchant de lui : La garde impériale.
- Pou... Pourquoi ne dormez-vous pas, bégaya-t-il bêtement?
Le garçon en face de lui éclata de rire et lui répondit :
- Votre dosage ne suffirait même pas à nous faire cligner des yeux! Nos corps sont accoutumés à la plupart des poisons existants!
- Mais... tenta-t-il de rétorquer, vous ne pouviez pas savoir!
- Quoi? Avec le bruit que tu faisais, et tes camarades qui parlaient de cela à haute voix dans la rue! Nous ne sommes pas sourds!
- Qu.. Pou... Mais...
- Si tu veux savoir pourquoi je ne t'ai pas encore tué, on y arrive. Voilà ce qui va se passer : ma petite sœur, encore très jeune, doit passer de nombreux tests. C'est la loi du clan. Nous ne pouvions pas la laisser seule s'occuper de la protection de l'empereur, donc on a pensé à autre chose...
- Elle va me chasser, demanda-t-il avec un soupçon d'inquiétude dans la voix.
- Oui, c'est cela. Elle sera seule à te pourchasser, pour te tuer.
- Seule! Bien sûr. Si jamais quelque chose tournait mal pour elle, vous me tomberiez tous dessus.
- Elle sera seule, Serment de l'Ombre.
Le soupir de l'homme en dit long sur son soudain regain d'espoir. Aucun des membres du clan n'oserait rompre ce serment. Il savait n'avoir aucune chance, même soutenu par une petite armée, de survivre à une confrontation avec une dizaine de membres adultes de la garde impériale, mais une fillette, pensait-il, il serait simple de s'en débarrasser.
Un rapide coup de pied dans son postérieur le fit revenir sur terre.
- Pars! Dans deux heures, la chasse sera lancée.
L'homme ne demanda pas son rest e et s'en fuit si rapidement qu'il sembla s'être volatilisé. Dès qu'il eut disparut, Lenlen sortit des ombres et tourna un visage interrogateur vers son frère aîné.
- Dans deux heures, tu y iras, répondit-il à sa question muette. Tu détruiras leur repaire. Aucun des conspirateurs ne doit survivre. C'est ton test!

6 septembre 2008

Réveil

Obscurité; Lumière; les deux s'entremêlent dans un infâme mélange d'images sans cohérences les unes aux autres. Des tourbillons des couleurs grisâtres l'aspirent, puis il se retrouve debout, dans les ténèbres. Une énorme bête se tient devant lui. Pourtant il ne peut en distinguer que les crocs, sur lesquels rampe un liquide sombre. Et chaque fois qu'une goutte de cette substance se répand, elle dissout dans un petit nuage de fumée la matière avec laquelle elle rentre en contact.
En un instant, le monstre se jette sur lui et le transperce de ses canines suintantes de poison. La douleur lui déchire les entrailles, mais il n'arrive pas à se dégager. La prise est trop forte. Alors il hurle.
Et là, comme si ses cris chassaient le mauvais esprit, il voit l'hallucination se dissiper devant ses yeux, remplacée petit à petit par le visage inquiet de sa mère, dame Bertrude. Il veut lui sourire et se relever, mais la main ferme du guérisseur, et la douleur lancinante qu'il ressent, l'en empêchent.
- Ne te presse pas, dit l'homme. Tu as déjà beaucoup de chance d'avoir survécu, alors préserve tes forces, et repose-toi.
- Mère ? parvint à articuler le jeune convalescent.
- Tu as bien réagi, lui avoua-t-elle avec un sourire. Comme tout Franc qui se respecte devrait pouvoir le faire!
- Comment... tenta-t-il de demander. Caribert?
- Grâce à toi, il va mieux. Il mettra encore un peu de temps à s'en remettre, et gardera sûrement des séquelles de cet incident toute sa vie, mais il survivra.
- Bien, prononça-t-il entre deux ardues bouffées d'air. Il ne doit pas...
- Nous sommes d'accord avec votre père pour vous envoyer tous les deux à la ville royale de Reuilly. Vous serez bien protégés là-bas, et vous y poursuivrez vos études, le temps que votre père chasse les derniers rebelles et découragent les prochaines tentatives.
Le garçon adressa un sourire à sa mère et, lentement, il replongea dans l'inconscience.

Mesures et poison

Plusieurs remarques concernant l'histoire. J'utilise le système de mesure actuel. Il ne correspond pas à celui de l'époque, mais il m'est bien plus facile à utiliser, et sûrement plus facile à comprendre. J'espère que vous me pardonnerez les kilomètres à l'époque des rois mérovingiens! (et peut-être d'autres unités qui suivront.)

Concernant l'empoisonnement de Dagobert, il n'y en a aucune trace dans les encyclopédies que j'ai consultées. Mais Dagobert a bien été malade à l'âge de neuf ans. J'ai préféré modifié une simple maladie en empoisonnement, beaucoup plus efficace pour l'histoire, et tout à fait plausible à une époque où les frères s'entretuaient pour un trône!

De nouveau, je vous souhaite bonne lecture!!!
(Faudra encore attendre pour les Scythes)

Petit programme

Eliane s'arrêta et posa les mains contre le tronc d'un arbre. Le visage rougi par l'effort, et couverte de sueur, elle tentait vainement de reprendre son souffle. Mais il ne fallut que quelques secondes pour qu'elle voit l'Amazone revenir vers elle, un grand sourire étendu sur sa face réjouie.
- Alors! Déjà fatiguée?
- On court depuis déjà presque deux heures, se plaignit la fillette!
- Oh, la la! Seulement! Tu sais, petite, j'ai décidé de prendre ton éducation en main! Et à ma façon bien sûr! De ce fait, tu devras suivre un entraînement assez strict. Pas trop imposant, mais juste ce qu'il faut pour la forme : 20 kilomètres de course à pied chaque matin, juste pour se dégourdir les jambes, puis un peu de tir à l'arc, ensuite de l'escalade, pour ne pas perdre la main, suivi d'un soupçon de natation, et enfin de l'escrime.
- Tout ça dans la journée ?
- La journée? Oh non! Ne t'inquiète pas! En théorie, il faudrait le faire avant le petit déjeuner, mais comme tu es jeune et que tu manques d'entraînement, je pense t'accorder toute la matinée. Quelle générosité, n'est-ce pas? Allez, un peu de courage! Encore une petite heure de course, et on pourra commencer l'apprentissage des armes.
Et elle repartit au pas de course, feignant de ne pas entendre l'exclamation horrifiée d'Eliane. Elle ne put cependant empêché son sourire de s'étendre au bruit de la petite fille, reprenant l'exercice malgré tout.