27 décembre 2008

Convoquées

- Ma reine!
Ariane s'inclina sous le regard interloqué d'Eliane. Shaen sourit en voyant la situation et en profita pour lancer une pique à Eliane.
- Quelqu'un ici connaît le respect du aux plus forts!
- Bien sûr, répondit Eliane. C'est très respectable de sa part, je dois dire, mais je ne m'attendais pas à ce que toi, tu le fasses remarquer.
- Moi, dit Shaen surprise ? Et envers qui pourrais-je...?
Ariane avait redressé la tête. Elle avait vu la nouvelle reine assez souvent, mais s'attendait à une cérémonie plus formelle. En effet, elle était maintenant dans la demeure de la souveraine, ce qui était un immense honneur. Une preuve de de confiance, et une reconnaissance de sa force. Mais elle assistait maintenant à une joute verbale entre la reine Shaen et sa disciple.
- Tu le sais très bien!
- Non ! Je devrais ?
- Les enfants ont toujours eu bonne mémoire, et je ne t'ai jamais vu montrer une once de respect à Mars.
- Mars! Mais je...
- C'est lui le plus fort, et tu le sais!
- Il ne sait pas utiliser des armes de jets! Il est nul à l'arc, et il fait mauvais se trouver à côté de lui quand il tente de lancer une de ces francisques.
- Et alors ?
- Je ne connais pas ce Mars, intervint Ariane, mais un homme ne peut pas être plus fort que notre reine!
Eliane la regarda.
- Ariane, es-tu déjà sorti de notre pays, lui demanda-t-elle ?
- Non, mais...
- Il exsite des choses à travers le monde que tu ne peux pas imaginer.
- Comme ?
- Brocéliande, la cité des dryades.
- Tu ne l'as pas vu! Seule notre reine a ce droit.
- C'est vrai, en théorie, mais la reine des dryades m'a laissée venir, vu que je suis la soeur de mon frère!
- Quelle explication, ironisa Shaen.
- Il est vrai que notre reine est forte, reconnut Eliane. Je suis persuadé qu'elle pourrait tenir pendant au moins cinq minutes face à Mars.
- Quoi, s'étrangla Ariane ? C'est impossible. Notre...
- C'est vrai, Ariane, intervint Shaen. Mais vu que personne n'a jamais réussi à tenir cinq minutes face à lui, je crois que tu m'estimes tout de même beaucoup, continua-t-elle à l'intention d'Eliane. Ce temps, c'est à peu près ce qu'il lui faut pour détruire une petite armée.
- Je l'ai vu faire, confirma la jeune fille.
- Il existe vraiment des gens aussi forts, demanda Ariane interloquée ?
- Non! Lui, c'est le plus fort. Au début, j'ai été surprise, expliqua Eliane. Je le connaissais, et savait qu'il était redoutable, mais en venant ici, j'ai entendu des légendes sur lui, et sur la façon dont il avait acquis son nom. Ce n'est peut-être pas l'homme le plus dangereux au monde, mais il est sans conteste le plus grand guerrier.
- Et vous risquez de rencontrer toutes les deux d'autres guerriers dignes d'intérêt, la coupa Shaen. Pas aussi exceptionnels, il faut l'avouer, mais tout de même redoutable.
- Qu'y a-t-il ?
- Vous partez toutes deux vers les tribus barbares du grand Nord. Une demande nous est parvenue. Une malheureuse histoire de dragons. La plupart de nos meilleures guerrières sont déjà en mission, les autres doivent rester ici pour veiller sur la ville et entraîner les plus jeunes. J'ai donc décidé d'n faire votre première véritable mission.
- Nous... commença Ariane, éberluée.
- Vous manquez d'expérience. Mais ce défaut pourra être comblé. Vous êtes les deux plus prometteuses de nos jeunes. Et l'une d'entre vous sera sans nul doute l'héritière de mon trône.
- Nous ne faillirons pas ma reine.
- Faux, intervint Eliane.
- Que dis-tu ?
- Je dis que ta parole est mensongère, même si tu ne pensais pas à mal. Tu ne peux pas savoir ce qui va se passer, et la seule chose que tu peux promettre, c'est de faire tout ton possible, ou tu peux dire 'réussir ou mourir en essayant'. Mais rien ne te promets la victoire.
- Cela ne change rien.
- Il faut avoir confiance en sa capacité, c'est sûr. Mais jamais il ne faut se sentir vainqueur avant la fin de la bataille. Sinon, on ne peut plus faire face à l'imprévu. Et le meilleur moyen pour cela, c'est de garder constamment à l'esprit la possibilité, même si elle est infime, de la défaite.
- Je n'ai pas besoin des conseils d'une paysanne.
- Comme tu voudras, tu le regretteras sûrement entre les canines d'un drag...
- J'espère également que cette mission vous permettra de mieux vous connaître, pour forger des alliances qui seront utiles dans l'avenir, les coupa Shaen.
Eliane baissa la tête, et Ariane rougit, honteuses toutes les deux de s'être laissée emporter. Un silence pesant s'installa, aucune n'osant prendre la parole. Puis Shaen soupira, et reprit les instructions.
- Vous partirez dès demain. Je vous laisse la journée pour préparer vos affaires, et tout le nécéssaire au voyage. Eliane, tu sais déjà ce qui sera utile, car tu as déjà voyagé. Tu aideras donc Ariane, et tu la conseilleras comme tu le pourras. Et toi, Ariane, tu écouteras ce que te dira Eliane, dans un domaine où son expérience est sans aucun doute plus importante. Maintenant, vous pouvez y aller.
- Bien, dirent les deux jeunes filles à l'unisson, avant de se retirer.

26 décembre 2008

Le seigneur du lac

- Ariane!
La jeune Amazone posa son épée sur un tronc d'arbre. Elle se retourna et vit une petite fille qui courrait vers elle. Elle s'agenouilla pour se mettre à sa taille, et sourit.
- Ariane! La reine te demande...
Elle sourit encore plus. Shaen avait sûrement remarqué qu'elle valait mieux que la paysanne qu'elle avait ramené de son voyage en Brocéliande. Elle allait peut-être devenir son héritière désignée. Mais ses espoirs déchantèrent :
- ... avec Eliane.
- Que nous veut-elle ? Pourquoi convoque-t-elle cette moins que rien ?
- J'en sais rien, répondit la petite fille, mais elle m'a demandée d'aller vous chercher! Tu sais où est Eliane ?
- Non. Je t'accompagne! Nous allons la trouver. Elle doit être en train de paresser quelque part.
Ramassant son arme, et l'accrochant dans son dos, la jeune guerrière et la fillette se mirent en route. Elles fouillèrent les centres d'entraînements, en vain. Il s ne la trouvèrent pas. Cependant, ils remarquèrent un groupe de filles qui semblait profiter d'un moment. L'une d'elle parlait, et les autres éclatèrent de rire. Connaissant le sujet des blagues actuelles, Ariane se dirigea vers elles. Mais dès qu'elle approcha, les autres se retournèrent et l'encerclèrent.
- Ariane! Qu'est-ce que tu fais ?
- Je dois rechercher la pouilleuse. Sauriez-vous où elle est ?
- Ouais! Elle était au camp ce matin! Elle voulait aller se baigner, intervint celle qui contait son histoire, l'instant auparavant! Elle se dirigeait comme d'habitude vers la haute source, mais je lui ai dit que je connaissais un meilleur coin!
- Qu'est-ce que tu as dit, intervint Ariane avec un regard dur ? Tu ne lui as pas indiquée le lac, j'espère!
- Euh... Si! Elle m'a crue et elle y est allée. Tu ne trouves pas ça drôle ?
- Idiote! Elle est peut-être nulle, et ne méritait certainement pas d'être des nôtres! Mais là, tu l'as envoyée à la mort. Et même pas d'une façon digne! En la trompant, comme le ferait un serpent. Comment prouver qu'elle était inutile, si elle meurt!
- Mais..., tenta de protester piteusement la fille.
- Tais-toi! Tu as juste à prier pour que le requin n'ait pas eu faim aujourd'hui! Sinon, je n'ose même pas imaginer la punition que le conseil des Sœurs te préparera!
Celle qui avait fait la mauvaise blague tomba à genou, réalisant alors la situation dans laquelle elle s'était mise. Ariane, elle, se tourna vers la fillette qui avait été envoyé la chercher :
- Restes ici. Je vais revenir aussi vite que possible. Avec Elle si possible!
Elle s'élança dans la forêt. Elle connaissait parfaitement le chemin, et ne faisait plus attention à ce qui l'entourait. Elle avait beau détester la nouvelle, elle ne pouvait rien y faire, et une Amazone ne devait jamais laissé tomber l'une des siennes. Elle entendit le hurlement de loup, de plusieurs loups. 'Comme si ça ne suffisait pas' pensa-t-elle. Elle accéléra l'allure, et arriva enfin en vue du lac. Dans une cuvette, entouré de nombreuses falaises. Mais elle n'avait pas le temps. Elle sauta, et put se raccrocher aux branches d'un arbre avant de percuter le sol. Et là, elle aperçut Eliane. Celle-ci était trempée, et était en train de remettre ses habits.
- Bonjour Ariane, que me vaut le plaisir de ta présence, dit-elle d'un ton un rien moqueur ?
- Tu es convoqué, avec moi, chez la reine, répondit-elle en lâchant un imperceptible soupir.
- Tu as l'air soulagé. Vu la vitesse à laquelle tu es descendue, je croirais presque que tu étais pourchassée...
- Pourquoi serais-je venu quérir l'aide d'un incapable!
- C'est vrai. C'était juste une impression.
- Rien ne t'a sembler anormal ici ? Rien ne s'est produit ?
- Rien d'exceptionnel. Pourquoi ?
- Ne reviens pas te baigner ici, plus jamais! Ce lac est véritablement dangereux.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Un seigneur des mers! Un requin! On ne sait pas comment il est arrivé ici, et il est incroyablement féroce. Nous n'avions aucun intérêt à risquer la vie de nos guerrières pour le chasser, alors nous avons juste interdit l'accès au lac.
- Ce n'est pas dans les habitudes des Amazones!
- Nous pouvons vaincre n'importe quel ennemi terrestre, mais nos flèches ne pénètrent pas l'eau, et nos mouvements y sont ralentis. Nous sommes peut-être dangereuses, mais pas folles!
- Bien bien! Désolé de t'avoir posé une telle question. N'étions-nous pas attendues ?
- Si, suis-moi!
Ariane escalada la falaise, avec plus de prudence cette fois-ci qu'à l'aller. Puis elle ouvrit la route à travers la forêt, ne prononçant pas un mot de plus. Un nouveau hurlement déchira l'air. Ariane se demandait ce qu'avait bien pu trouver ces loups pour se nourrir.
Près du lac, une meute d'une douzaine de loups avait trouvé leur nourriture. Une immense carcasse d'un imposant carnassier aquatique avait été tractée hors de l'eau, ensanglantée.

25 décembre 2008

Sourcier

- Pourquoi tu ne viens pas aujourd'hui ?
- Désolé Lucie, répondit Jillian. Mais il faut que je me repose encore un peu. Je ne peux pas courir partout dans les landes avec toi pour le moment. Mais je vais aider un peu ton père à la ferme.
- Mais tu m'avais dit...
- Je t'apprendrais à guérir, mais tu dois d'abord me promettre une chose.
- Quoi, demanda ingénument la jeune fille ?
- De ne jamais utiliser mon enseignement que pour soigner les gens et les bêtes.
- Que... Pourquoi ? On ne peut faire que ça non?
- Savoir manipuler les énergies pour reconstruire implique également de savoir le faire pour détruire. Il existe des sorciers sombres, qu'on appelle nécromanciens, qui volent leurs énergies aux autres. Il n'y a pas pire engeance sur terre.
- Ce sont eux les méchants qui te poursuivent ?
- Non. L'homme qui veut me voir mort est mauvais, c'est sûr, mais pas à ce point. Je ne sais pas pourquoi, mais il donne plutôt l'impression de s'être égaré, d'avoir perdu une partie de son âme et de son cœur. Mais être prêt à vivre en volant l'énergie des autres, il faut être imprégné du mal même.
- Quelle est la différence ?
- Mon ennemi est plus redoutable car il ne réalise pas le mal qu'il fait. Il ne pense qu'à ses intérêts. Les autres sont vils car ils connaissent le mal qu'ils font, et y puisent leurs forces.
- Comment le sais-tu ?
- L'endroit où je vivais n'a pas été détruit. Je suis une menace pour mon ennemi, et il n'hésitera jamais à me tuer. Mais une fois que je me suis échappé de la chez moi, que je ne m'y cachais plus, il n'a plus vu le moindre intérêt à attaquer et détruire. Un nécromencien détruit pour le plaisir de détruire. C'est-à-dire qu'il tuera sans hésiter n'importe quelle personne, même si elle n'a aucun lien avec elle.
- C'est horrible!
- Je sais que tu ne fera pas cela, mais tu dois comprendre que prendre l'énergie d'un autre être vivant et la mélanger à la sienne propre conduit à la folie, et au malin. C'est pour cela que tu ne dois jamais le faire, même si cela peut sembler nécessaire au premier abord. Le mal qui en découlera sera trop important, quelque soit le bien que tu aies fait.
- Je le jure, s'exclama la fillette, un rien effrayé.
- Ne le dis pas comme cela, la coupa Jillian. Réfléchis aujourd'hui, et si tu es sûre que cette contrainte ne te gênera pas, ne te gênera jamais, alors je commencerais à t'enseigner.
- D'accord, dit-elle en hochant vivement la tête.
- Maintenant vas-y! Les chèvres t'attendent.
La petite fille acquiesça puis partit en courant, vers sa journée bien remplie.
- Alors garçon, tu viens apprendre à faire pousser des plantes, rugit une voix grave.
- Je viens tout de suite.
- Dépêches-toi, nous avons de la route à faire.
- Où allons-nous ?
- Chercher l'eau. La rivière n'est pas assez proche pour que nous puissions irriguer nos champs. Nous devons aller la chercher et la transporter en chariot, dans de grandes jarres.
- C'est encombrant, remarqua le garçon. Pourquoi n'utilisez-vous pas la source ?
- La source ? Quelle source ?
Jillian réalisa soudainement qu'il n'avait jamais véritablement vu cette source dont il parlait. Il l'avait senti, la nuit, pendant son repos, coulant sous terre, et transportant les énergies.
- Bon, tant pis, dit-il.
Il renonçait finalement à cacher son don. Ou plutôt à le cacher entièrement.
- Depuis ma naissance, je sens des choses, autour de moi. Et une source coule, sous vos terres. On doit pouvoir la rattraper avec un bon puits. Une dizaine de mètre, puis vous aurez toute l'eau nécessaire chez vous.
- Oh, s'exclama l'homme. Tu serais donc un sourcier!
- Quoi ?
- Oui, nos prêtres nient les anciennes croyances, mais mon grand-père m'a souvent parlé du temps où les sourciers étaient respectés et aidaient les gens avec leurs pouvoirs! Bien! Pendant que je creuserais le puits, j'aimerais que tu me parles de ce que tu sais faire! Ce serait formidable de garder quelqu'un comme toi à la ferme.
- Je ne peux pas rester trop longtemps, mais...
- Qu'y a-t-il ?
- Votre fille peut apprendre. Elle ne sera pas exceptionnelle, mais au moins douée, et capable d'aider tout le monde autour.
- Quoi ?
- Je peux lui apprendre à soigner les gens et à comprendre la terre. Elle me l'a demandé, et elle en est capable. Mais puisque vous êtes au courant, je préfère vous demander votre avis. Cela ne lui fera-t-il courir aucun danger ?
L'homme eut l'air inquiet, un instant seulement, puis son sourire refit surface, éclatant comme toujours.
- Ne t'inquiète pas! C'est notre partie du problème. Tu es un mage, alors assure toi qu'elle est capable au niveau magie. Nous nous assurerons, sa mère et moi, de sa sécurité auprès de la population. Mais tous ont besoin de soin, et je ne pense pas la voir un jour mal accueilli. Même les prêtres reconnaitront qu'elle ne peut être mauvaise si elle soigne les gens autour d'elle.
Soudainement, une partie du poids de la lourde responsabilité qu'avait contracté Jillian en faisant cette promesse s'envola. Il était prêt à enseigner. Car il le savait, la réponse de Lucie serait positive. Courbant la tête devant son hôte, Jillian murmura :
- Merci.

24 décembre 2008

Guérisseur

- Viens par ici!
Tout en parlant, la fillette se précipita parmi les herbes de la plaine. Jillian, s'aidant de son bâton qu'il n'avait jamais lâché durant son sommeil, se mit à la suivre. Il la retrouva près d'un petit ruisseau, en train de se tremper les pieds.
- L'eau est bonne et pure par ici!
Elle sourit en regardant le garçon qui trempa ses pieds nus à son tour. Les bottes que Mars lui avaient fabriqué dans le passé avait mal vieilli durant sa fuite éperdue, et il s'était finalement résigné à marcher pieds nus. Le sol était cependant beaucoup moins retors qu'en Brocéliande : moins de branches acérées gisant au sol, moins de cailloux pointues prêts à vous écharper la plante des pieds, moins de bêtes cachées sous les feuilles mortes, en attente de la chair fragile de membres postérieurs. En fait, il se sentait mieux sans celle-ci, alors que leur protection n'était plus véritablement utile.
Chassant de son esprit ces pensées d'un temps révolu, il porta à nouveau son regard sur le présent. Les habits de la fillette étaient bien loin d'être riches, mais il était coud avec délicatesse, ce qui les rendaient charmants. Et leur porteuse était vraiment mignonne. De longues boucles blondes courraient ses épaules et encadraient deux yeux verts remplis de gentille malice. Elle tourbillonna dans l'eau en éclatant de rire, et se retourna vers Jillian, qu'elle éclaboussa avec joie.
Il resta un petit moment interloqué, n'ayant jamais eu de camarades de son âge pour jouer. Mais il se reprit vite et riposta dans l'intant. Et pendant quelques minutes, il oublia son passé et ses soucis, arrosant et se faisant arroser de tout son être. Il put rire véritablement, comme il ne l'avait jamais encore fait, comme seul un enfant, inconscient des dangers du monde, pouvait rire.
Un aboiement interrompit la rêverie. La première réaction de Jillian fut de s'inquiéter pour son amie. Si ses poursuivants étaient là, elle serait en danger. Mais avant qu'il n'ait pu se décider sur la marche à suivre, la petite fille s'était déjà précipité vers le lieu d'où venait le jappement. Jillian n'hésita plus et se lança à sa suite. Il s'attendait à voir des hommes armés, ou quelques créatures féériques, mais pour tout comité de réception, il n'eut que la vision du chien, aboyant près d'une chèvre écroulée au sol, et de sa jeune amie, à genou à côté de l'animal allongé.
- Jill! S'il te plaît! Va trouver mon père! Elle est malade.
- Je..., dit-il sans bouger, hésitant.
- Vite! Elle risque de mourir!
- Justement! Je ne sais pas ce que pourrait faire ton père, mais je suis sûr que nous ne reviendrons pas à temps pour la sauver.
- Mais que...?
Jillian ferma les yeux, et sentit son pouvoir se réveiller au fond de lui. Il s'immergea dans le pouvoir du bâton qu'il avait créé, et brida son pouvoir. Puis il le tendit à la petite fille.
- Tiens-moi ça!
- Que...?
Il s'approcha et s'agenouilla à son tour à côté de l'animal malade. Il ferma les yeux et se laissa pénétrer par les énergies alentours. Il sentit les flux du vent autour de lui, la puissance de la terre sous ses pieds, les faibles ressources des herbes qui poussaient lentement. Puis il se concentra sur la chèvre. Il n'avait jamais vraiment étudié le métabolisme des animaux, mais il reconnaissait par les nœuds d'énergies certains organes, semblables à ceux des hommes. Il s'intéressa un certain temps à la structure de ce corps étrange, puis il commença à opérer. Il envoya une partie de son énergie propre dans le corps malade.
Utilisant celle-ci, il modifia les courants d'énergie interne, réparant malaise et lésions, petit à petit. Il agit avec prudence, évitant de blesser l'animal par de manipulations imprécises de ses forces. Puis enfin, il rouvrit les yeux. La chèvre fit de même en face de lui, et le regarda avec de grands yeux brillants. Même si elle ne put parler, il comprit qu'elle le remerciait. Puis elle se releva et s'éloigna, allant rejoindre ses congénères.
- Que s'est-il passé ?
Jillian se retourna et vit la surprise inscrite sur le viasge de la fillette. Elle était jeune, trop jeune pour être effrayée par un tel miracle.
- Elle allait mourir, tu t'es approché, et tu es resté deux heures comme ça, alors que du vent semblait sortir de ton corps et c'est bon, elle est guérie, s'exclama-t-elle d'une traite.
- N'en parle pas, s'il te plaît.
- Pourquoi ? Tu as fait un miracle!
- Des hommes mauvais me poursuivent, et s'ils entendent parler du miracle par ici, ils risquent de venir m'attaquer.
- D'accord, Je jure de ne jamais en parler, dit-elle avec sérieux.
- Merci Lucie, je t'en suis reconnaissant.
- Pas de problème. En revanche, si on ne veut pas être questionné en rentrant, on ferait mieux de rentrer maintenant.
- Tu as raison.
Les deux se mirent en route, derrière le troupeau que le chien reconduisait docilement à la ferme.
- Tu m'apprendras ?
- Quoi, demanda Jillian ?
- A soigner, comme tu l'as fait!
Jillian sourit. Il prit la main de la petite fille et s'insinua entre les énergies de la fillette, sans qu'elle ne s'en rende compte.
- Oui, répondit-il soudainement. Tu en as les capcités! Je ferais de toi une guérisseuse.

23 décembre 2008

Epuisement

Jillian continuait à avancer, de toutes ses forces. Il lui en restait cependant assez peu. Il avait perdu toute notion du temps. Le temps passé dans la forêt lui semblait lointain, invraisemblablement lointain, mais il n'avait pas le choix. Le passé était définitivement révolu. Il ne retrouverait plus l'époque naïve où il s'amusait dans la forêt, et y habitait en compagnie de Shaen, de Mars, de la reine dryade, et surtout de sa sœur. Ses jambes était faibles. Il passait tout son temps à marcher, vers le Sud, comme lui avait demandé la reine des esprits des bois.
Il avait tout d'abord couru sans s'arrêter deux journées de suite, par peur et obéissance, à la fois. Pour seul bagage, il n'avait que le bout de bois magique, unique vestige de sa vie passée. Il s'y tenait fermement, espérant que les elfes s'en étaient sortis sans blessure. Après cette première course éreintante, il avait marché, s'arrêtant de temps à autre pour manger quelques plantes, boire de l'eau s'il en trouvait, et pour se reposer. Combien de fois s'était-il arrêté ? Combien de temps avait-il marché ? Ces questions ne représentaient plus rien pour lui. Seules comptaient la fatigue, imprimée au plus profond de chaque fibre de son corps, et l'inquiétude, qui le tourmentait durant ses brèves périodes de repos.
La douleur grandissait au fur et à mesure qu'il avançait. Son corps lui réclamait un repos que son esprit lui refusait. Il se sentait défaillir de plus en plus souvent, et il parvenait à peine à se tenir debout, se cramponnant de toutes ses forces et de toute sa volonté au bâton. Il dut tout de même plusieurs fois se relever, sans savoir jamais le temps qu'il avait perdu, l'esprit trop embrumé pour faire attention à la position changeante du soleil.
Cette fois-ci, il réalisa qu'il avait perdu connaissance en entendant des voix autour de lui. Il y avait les bêlements de quelques chèvres, qui couvraient en partie une voix de petite fille. Il tenta de se relever, mais ses bras refusèrent de lui obéir. Il ne pouvait que rester au sol, immobile, exténué. Il utilisa ses dernières ressources pour comprendre les paroles de la jeune voix. Ce ne fut pas sans difficultés.
- ...Reste ici, et garde-le, dit-elle! Je vais chercher papa et maman!
Pour toute réponse, la voix ne reçut qu'un aboiement. ensuite, tout s'embrouilla dans sa tête. Il se souvenait vaguement d'une ombre imposante s'approchant de lui, de l'eau qui coulait entre ses lèvres, de discussions qu'il pouvait entendre, mais pas comprendre, et la sensation d'une petite main qui se glissait entre ses doigts. Tout cela flou, mélangé dans sa mémoire épuisée. Puis enfin, il se réveilla. Il se trouvait allongé sur un lit de paille, dans une petite pièce en bois. Il prit une position assise, et la tête commença à lui tourner. Il s'allongea à nouveau, et se reposa comme il le put.
Après quelques heures, il entendit le bruit d'un troupeau qui revenait. Puis, quelques instants après, une fillette de huit ans rentra dans la chambre et s'approcha de lui. Dès qu'elle remarqua qu'il était réveillé, elle rougit et partit en courant. Elle revint en quelques minutes avec un homme, probablement son père. Celui-ci était bien bâti, et aurait pu être effrayant avec sa barbe fournie, si son regard ne pétillaient de joie de vivre.
- Tu t'es enfin réveillé, mon garçon, remarqua-t-il!
- Merci de vous être occupé de moi, dit Jillian en tentant de se redresser.
- Reste allongé, lui conseilla l'homme. Tu as eu une forte fièvre ses deux derniers jours! Tu dois encore être affaibli.
- C'est vrai, mais je dois repartir!
- Non! Tu ne peux aller courir les routes dans ton état!
- Mais...
- Tu resteras ici un moment, avec nous.
Jillian voulut protester, mais son regard se posa sur l'enfant qui se tenait derrière son père. L'homme capta ce signe et demanda gentiment à la fillette d'aller s'occupper de la cuisine pour leur invité. Elle y partit rapidement, et avec bonheur.
- Qu'y a-t-il ?
- Je suis poursuivi, expliqua Jillian. L'endroit où je vivais a été attaqué, et je sais qu'ils en avaient après moi. Je ne peux pas rester ici, je mettrais votre famille en danger!
- Pourquoi t'en voulaient-ils ?
- Je ne sais pas! L'assassin de mon père disait que je gênais ses plans.
- Attaquer un enfant pour ça! Ne t'inquiète pas! S'il vient ici, je lui apprendrais comment se comporter!
Toute la gentillesse contenue dans cette affirmation secoua le cœur du garçon qui sourit. Il savait bien que l'homme ne pourrait rien faire, mais il n'avait pas aperçu de poursuivants de puis des jours. Et La reine des dryades lui avait certifié que Brunulf ne pourrait pas le poursuivre.
- Merci, dit-il simplement.
L'homme sourit de toutes ses dents, et se leva.
- J'espère que tu te rétabliras vite et que tu te plairas parmi nous.

22 décembre 2008

Autel

- Vous êtes allés dans les couloirs, se fâcha le père!
Élie aurait préféré garder cette aventure secrète, même si Jharez soutenait qu'ils devaient en parler. Finalement, ils n'avaient pas eu le choix, car Éric avait innocemment demandé à sa mère ce qu'était le bâtiment en pierre derrière l'abri. Dès que George avait entendu cela, il était devenu fou de colère, et sa femme avait mis plus d'une demi-heure à le calmer, le raisonnant quand on fait que le danger était passé. Mais en revenant devant ses enfants, elle avait ressurgi violemment.
- Vous saviez qu'on vous l'avait interdit!
- Oui, répondit piteusement la petite fille. Désolé!
- Et toi, dit-il alors à Jharez, pourquoi ne les as-tu pas retenu ?!
- Papa, s'indigna alors l'enfant!
- Qu'est-ce..?
- Tu n'as pas à lui en vouloir! Vous lui avez seulement demandé de nous empêcher de sortir, et il l'a fait! Peut-être que si tu lui avais parlé de cette porte, il aurait empêché Éric de s'y promener! Et c'est grâce à lui que nous en sommes sortis!
- Bien... excuse-moi, s'il-te-plaît, dit-il finalement à leur hôte en se calmant. Et merci de les avoir surveillé.
- Ce n'est rien, répondit l'homme. Je comprends que vous soyez affolé!
- Maintenant Élie, raconte-moi ce que vous avez vu.
Et alternant la narration avec Jharez, elle raconta l'épopée souterraine qu'ils avaient vécu. Ses parents blêmirent à plusieurs reprises, et eurent peine à croire certains pasages, malgré les affirmations véhémentes de leur fille, et les acquiescements de leur invité. Puis elle raconta la découverte du temple et le retour à l'abri. La première réaction fut un silence soulagé. La seconde, alors que la précédente agissait encore sur les parents, fut l'exclamation de ravissement du vieux professeur.
- Un temple! Mais c'est magnifique! Où est-ce?
- Allons-y, intervint la mère, revenant à elle.
Elle se leva et prit la main d'Éric. Elle tapa sur l'épaule de son mari, qui réagit enfin et la suivit. Ensuite vinrent le professeur, Jharez et Élie. La petite troupe s'avança, traversa quelques passages dissimulés habilement entre les murs. Ils arrivèrent enfin au temple.
- Magnifique, s'exclama le professeur.
- Qu'y a-t-il ?
- C'est clairement un autel. D'un dieu païen, sûrement! Et le plus étonnant, c'est son âge!
Il s'agenouilla au sol, toucha les pierres et les vestiges, les yeux remplis d'émerveillement.
- Qu'y a-t-il d'étonnant ?
- Cet édifice doit avoir entre mille trois cent et mille six cent ans! Avoir une telle construction, toujours intact, est un miracle! L'Église ne l'aurait jamais laissé exister!
- Notre famille en a la charge depuis bien longtemps!
- Vous êtes sûrement des descendants des hauts-prêtres de cette religion! Voyons voir! Celui qui tient les rouleaux... Qui est-ce ?
- Que voulez-vous dire?
- Voyez cette stèle, dit l'archéologue! Ici devrait être marqué le nom de la divinité. C'est en partie effacé, mais on peut toujours lire 'celui qui tient les rouleaux..'! La divinité présidait sûrement aux scribes et érudits.
- Et à quoi servent ces autres pierres, demanda Eric, en montrant de petit édifice autour de l'autel principal ?
- Ce sont les tombes de tes ancêtres! Les premiers d'entre eux, se firent enterrer à proximité de leur dieu.
- C'est cela, dit la mère. Mais plutôt que de fouiller ces vestiges pour tenter de découvrir des approximations du passé, venez écouter la suite de l'histoire! Ces vestiges et cette histoire sont soumis à la protection des nôtres depuis des siècles. Et il nous faut les transmettre et les réserver.
Eric abandonna vivement l'investigation des tombes et s'approcha avec les autres du centre de l'autel, où se tenait sa mère.
- Vous rappelez-vous où nous en sommes ?
- Oui! Brunulf le méchant va envoyer des loups-garous poursuivre Jillian, répondit le petit garçon.
- Bien, c'est cela! Mais il faut savoir qu'il existe différentes sortes de lycanthropes!
- Lit qu'en quoi ?
- Loups-garous! A quoi pensez-vous si on parle de loups-garous ?
- La pleine lune, répondirent en même temps Élie et Éric!
- Et c'est en partie faux. Les Loups-garous originels, comme on les appelle, peuvent se métamorphoser quand bon leur semble, ce qui a pour effet de décupler leurs forces et leurs sens. Ils deviennent alors de redoutables chasseurs. Grâce à un soupçon d'odeur, ils peuvent retrouver une piste de plus d'une dizaine de jours. Quand ils mordent un humain, celui-ci devient un secondaire! Ceux qui ne se métamorphosent qu'en pleine lune, et perdent l'esprit en même temps. Heureusement, les Originels sont peu nombreux, et utilisent souvent les secondaires en tant que chiens de chasse, pour ne pas risquer leurs vies. Seules les nuits de pleines lunes recèlent donc quelques dangers pour les chassés! Car les attaques proviennent toujours durant celle-ci.
- Et Jillian le savait ?
- Non! Il ne savait même pas quel genre de créature pouvait être à ses trousses! Il fuyait, désespérément, vers le sud, sans savoir ce que lui réservait son ennemi.
- Que lui est-il arrivé alors ?

21 décembre 2008

Héritage et initiation

He! He! He! Après une longue disparition, voici, revenant d'un voyage dangereux au cœur du temps, le génial Kociteb. Évitant la menace du dangereux Brunulf, il traverse les siècles pour distiller les informations qu'il a périlleusement glanées, risquant jusqu'à sa vie pour les ramener dans le monde actuel. L'information d'aujourd'hui concernera tout d'abord...l'héritage. (la magie, y a rien à dire, car l'auteur ne voulant pas finir en asile, il n'avouera jamais qu'elle existe vraiment!!!)

L'héritage dans le royaume franc! Le prince aîné n'est pas, à cette époque, l'unique héritier de la couronne, ou de la richesse du père. Tout fils, quel qu'il soit, a le droit de prétendre à l'héritage. Le cas de Caribert, écarté du trône par son père pour cause d'incapacité à régner(véridique) est une première dans les royaumes francs. Dagobert, durant son règne (nous, on n'y est pas encore) tentera de s'opposer à cette tradition qui conduit à une division progressive du territoire. Cependant, cette tradition ne changera pas de sitôt. On connaît par exemple, près de deux siècles plus tard, le partage de l'empire de Charlemagne entre ses fils.

Cet article, en plus d'apporter la science du superbe Kociteb(' superbe' surtout au sens premier! Pour la magnificence, il n'est pas nécessaire de la faire remarquer!), conclut la première épopée. On finit la période qui pourrait être nommée "Initiation" pour rentrer enfin dans le vif du sujet, la période "Voyage" (Eh ouais! Faut bien que le titre ait un petit rapport avec l'histoire quand même!)

En espérant, comme toujours, que vous aurez du plaisir à lire ces prochaines péripéties!('comme toujours' peut se placer avant ou après 'que', au choix! Cette version est juste nécessaire à la modestie de renommée mondiale de l'auteur, même s'il aurait préféré la seconde version!)

La Valse des esprits des bois

Le mouvement autour de lui s'accéléra. Il perdit toute notion du monde. Seul comptait désormais cette danse effrénée dont il était le centre. Plus rien ne comptait. Il n'y avait plus de pouvoirs, plus d'espace, plus de temps. Mais quelque chose clochait. Il n'aurait pas du en être ainsi. Et, ne pouvant s'immerger totalement dans cette ronde endiablée, il relâcha toute contenance. Il laissa les torrents furieux de sa gigantesque puissance se déverser autour de lui. Et partagé entre la fascination de ce spectacle dont il était le cœur et l'essence divine qui logeait en son corps. Et petit à petit, le rythme se calma. Mais quel rythme était-ce ? Celui de la danse, ou le sien. Tout s'assombrit.
Quand il se réveilla, Brunulf était seul, dans la forêt. La tête lui tourna, et il mit un certain à retrouver ses repères. Petit à petit, la mémoire lui revint. Il avait été trop sûr de lui. Il n'avait pas pensé que les dryades oseraient pratiquer un tel sortilège. Et de ce fait, sa proie avait une nouvelle fois pu s'enfuir. Plein de rage envers lui-même, il ressortit de la forêt. Le campement de l'armée franque été installé là, à l'orée des bois. Dès qu'il s'approcha, les soldats convergèrent vers lui.
- Vous êtes de retour, Seigneur!
- Des troupes ont été envoyé à votre recherche.
- Qu'avez-vous fait pendant ces deux jours ?
- On n'a pas trouvé de bretons, se plaignit même l'un d'entre eux.
- Les bretons se sont lâchement enfuis, répondit-il, quand ils ont vus que Dieu pouvait rendre leurs démons inutiles! Rappelez les troupes. Nous partons. Nous n'avons plus rien à faire ici.
- Ne doit-on pas attaquer..?
- Ce ne sera pas nécessaire. J'ai vérifié, ce qui explique le temps que j'ai perdu!
- Bien, sir!
En quelques heures, le campement fut déblayé et les troupes rassemblées. Et ils retournèrent au palais, où Brunulf fit le bilan, officiel, de l'affaire. Le roi fut rapidement satisfait du travail de son conseiller, et plus qu'heureux de retrouver son fidèle bras-droit pour traiter toutes les affaires du palais. Brunulf s'y attela sans broncher. Il savait qu'il détenait déjà quasiment le pouvoir dans ce pays. Il ne lui manquait plus qu'un peu de temps et d'effort. Et alors que la nuit était déjà tombé, il poursuivait son travail à la lueur de la bougie.
La flamme fragile vacilla un instant avant de gonfler, dessinant dans les airs une tête effrayante, dure et acérée, sombre, et munie d'une gueule remplie de crocs. Brunulf se tourna vers l'apparition sans le moindre effroi.
- Tu as encore raté l'enfant, fit remarquer le dragon.
- Je le sais! Et je vais m'en occuper d'une façon ou d'une autre!
- Comment a-t-il pu t'échapper?
- Les dryades! Elles m'ont emprisonné hors du temps!
- Hors du temps!?! Toi, pouffa le dragon! Tu te moques ?
- C'est leur nature! Elles ne pouvaient rien de définitif contre moi, mais en alliant leurs forces, elles ont réussie!
- C'est impossible! Elles ne devrait pas avoir pu achever un tel sortilège!
- Qui t'a dit qu'il était achevé! Quelques humains ont déjà été pris dans ce charme! Trois dryades suffisent à te faire disparaître de la surface du monde pour plusieurs siècles. Penses-tu vraiment que n'importe qui aurait pu sortir en moins de deux jours du même enchantement lancé simultanément par une cinquantaine des leurs, dont leur reine! Pourquoi crois-tu que leslois de ton peuple t'interdisent d'attaquer Brocéliande! Parce que les rois dragons des anciens temps craignaient tout les peuples elfiques! Tous! Pas seulement les djinns et les naiades! Ceux-là, on peut comprendre! Vos flammes ne peuvent rien face à ceux qui en sont formés! Et c'est encore pire face à celle de l'eau! L'air des sylphes et sylphides peut également être redouté! Mais pourquoi, penses-tu, une créature aussi massive qu'une maison, qui peut cracher des flammes, craindrait des êtres de bois ?
- Je...
- Ne t'inquiètes pas! Je sais que ton peuple s'impatiente! Vous pouvez allez vous défouler dans le Nord Glaciale! Ceux qui vivent là-bas ne me sont d'aucune utilité, et si j'ai besoin de ton peuple, je t'appellerai! Tu peux disposer!
- Brun...
- J'ai à faire! L'enfant est le plus dangereux, mais il est encore jeune! Si un des cinq autres vient s'en mêler, il risque de saborder mes plans! Alors si je te dis que je ne peux pas vous utiliser pour le moment, tu acquiesce et tu obéis! C'est tout!
- Tu penses pouvoir me parler sur ce ton, humain!
- J'ai renoncé à mon humanité il y a bien longtemps, dit Brunulf avec un regard glacial vers le visage de flamme de la créature. Si tu ne veux pas souffrir, tu as intérêt à te souvenir de qui est ton maître! Ou peut-être penses-tu pouvoir me vaincre ?
- Non, je..., dit l'immense créature, effrayée. J'obéis.
Brunulf posa la plume qu'il tenait sur la table. La colère contenu en lui depuis son échec menaçait maintenant d'exploser. Les paroles du dragon avaient failli lui coûter la vie, et Brunulf regretta un moment de ne pas s'être défouler sur lui. Mais il avait encore besoin de la créature. Il serra rageusement le poing, duquel sorti de la fumée. Il lança son bras devant lui, et une boule de flammes s'envola vers le mur. Elle explosa au contact de la pierre. Les flammes se dissipèrent rapidement, laissant apparaître un trou, et des restes de roche liquéfié.
Brunulf prit une grand respiration et retrouva son calme. Il tendit sa main, de laquelle sortit une flamme qui prit l'apparence d'une jeune femme.
- Le gamin s'est échappé! Il ne doit pas vivre! Utilises tes pouvoirs et tes loup-garous pour l'achever.
- Bien, maître Brunulf!
L'image disparut aussitôt, et Brunulf sourit. L'enfant allait passer un mauvais quart d'heure!

20 décembre 2008

Ultimate Warrior

Un souffle. A peine. Même moins. Et déjà, une demi-douzaine de flèches s'envolèrent vers le nouveau venu. Jillian sentit un mur d'énergie se dresser entre les projectiles et Brunulf. Peine perdue. Les flèches des sylvains n'avaient rien à voir avec celles des hommes. On ne les bloquait pas aussi facilement. La barrière n'eut aucune efficacité. Les flèches elfiques pénétrèrent sans aucun problème le bouclier. Personne ne pouvait réagir, dans une telle situation, assez rapidement pour éviter tous les projectiles. Et il n'esquiva pas. Il ne bougea pas. Il n'en eut pas besoin, toutes les flèches étaient déjà dans sa main.
Jillian, ni aucun des sylvains, ne put voir son geste. Y en eut-il un, d'ailleurs ? Que s'était-il passé ? Brunulf sourit en voyant la stupéfaction s'inscrire sur le visage de ses opposants. Il n'y avait aucun doute dans ses gestes et sa démarche. Il était sûr de lui. Il ne craignait aucune des personnes qui se trouvaient près de lui. A vrai dire, il semblait même ne craindre rien ni personne. Jillian s'élança en avant, dirigea sa main vers le ventre de son ennemi. Il concentra toute son énergie et la déversa au moment du contact. Brunulf fut surpris de cette attaque inattendue et se prit le coup de plein fouet. Il fut propulsé en arrière avec une incroyable violence. Mais il disparut. Il était en l'air, puis plus rien. Sauf sa voix, provenant de derrière. Il était tranquillement adossé à un arbre, et même les sens aiguisé des elfes n'avaient pu repéré son déplacement.
- Tu as énormément progressé, on dirait! Le jeune Jillian est devenu dangereux!
- Comment connais-tu mon nom, s'étrangla le jeune garçon ?
- Ah ça! Je ne sais plus... Ah si! C'était à ce moment là!
- Quand ?
- Juste avant de tuer ton père! Il t'a confié à une petite fille, et lui a dit 'Protège Jillian!' ou un truc dans le genre!
- Pourquoi, parvint à articuler Jillian, sentant la rage lui tordre les entrailles ?
- Mais parce que toi et ton père gênaient mes plans. c'est dans ton sang! Parce que tu es né, tu es devenu ma proie.
- Tu veux tuer ma sœur aussi, demanda aussitôt Jillian, avec une pointe de peur et de désespoir ?
- La fillette! Elle n'a pas hérité du sang des mages! Mais elle risque tout de même de le transmettre à sa descendance. J'ai encore le temps, mais je pense que la réponse est oui! Dès que j'en aurai fini avec toi, ce sera son tour.
Jillian sentit ses entrailles remuer. La colère envahit son être. La fureur le posséda. Il sentit des centaines d'énergies converger vers son corps. Elles venaient de toutes les directions et traversaient son corps. Un torrent puissant s'infiltra en lui, balayant tout, ne laissant que la colère qui l'aveuglait. Il avança d'un pas. Sa conscience se détachait petit à petit. Seul comptait désormais son ennemi. Brunulf, lui, semblait interloqué. Il prit une posture de combat, tout de suite aux aguets. Une ronce s'enroula autour de sa jambe, lui arrachant un cri de douleur. Une nouvelle fois, il disparut pour réapparaître de l'autre côté, se tenant la jambe blessée. Mais il n'eut pas le temps de se reprendre. les arbres plièrent sous une volonté étrangère et formèrent une cage autour de lui.
- Quelle tristesse! Je voulais t'achever, mais tu te détruis toi-même, dit-il.
Un mur de flamme s'éleva, détruisant la prison végétales.
- Tu ne sais pas encore utiliser tous tes pouvoirs. Tu n'as aucune chance.
- Jill!
La voix rompit le charme, et la végétation arrêta son mouvement. La reine des bois arriva à une vitesse féérique et s'interposa entre son protégé et Brunulf.
- Mère...
- Ne refais jamais ça! Utiliser les pouvoirs élémentaires sans avoir passé le troisième pacte ne conduira qu'à la destruction de ton corps.
- Mais, mère...
- Promets-le!
- ... Je le jure mère!
- Quelle scène touchante, fit remarquer Brunulf. Ainsi, tu t'es trouvé une nouvelle mère!
- Que...
- Oui, j'ai tué ton ancienne! Juste après m'être occupé de ton père.
- Jillian, intervint la dryade, voyant la colère remonter dans le cœur du jeune garçon. Ecoute-moi! Tu dois fuir! Il ne pourra te suivre sans abandonner ses plans! Ce qu'il n'envisage même pas!
- Mais...
- Va au sud! Dans les sables, tu trouveras celui qui connait la lumière! Il t'apprendra à utiliser tes pouvoirs!
- Très intéressant comme plan! Mais irréalisable, fit remarquer Brunulf, toujours aussi sûr de lui. Mais puisqu'il ne peut partir maintenant, cela ne sert à rien!
- Je peux te retenir pour lui donner ce temps!
- Sais-tu qui je suis ?
- Bien sûr! Mais même si je ne peux te vaincre, ou espérer pouvoir t'affronter pour une longue période, je peux au moins te faire perdre une journée!
Une cinquantaine de dryades apparut entre les arbres. Elles formèrent une ronde autour de leur reine et commencèrent à danser.
- Non, hurla Brunulf.
- Pars, cria l'esprit des bois.
Sans attendre plus longtemps, Jillian se leva et partit en courant vers le sud. Là où elle lui avait dit d'aller. Derrière lui, la danse devint endiablé, laissant Brunulf, en son centre, comme paralysé. Le jeune garçon ne pouvait plus que fuir. Une nouvelle fois.

19 décembre 2008

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S'aidant de ses pouvoirs, Jillian grimpa lestement à un arbre. Au plus grand des arbres de la forêt. Après sa discussion avec les bretons, il était retourné dans la forêt,et avait ramassé de nombreuses pierres, qu'il avait placées dans une sacoche de toile qui pendait à son côté. Désormais, il attendait désormais fébrilement l'arrivée de l'armée franque. De son haut perchoir, il ne pouvait apercevoir que des rayons de lumière réfléchis par les armures brillantes, se frayant un passage à travers le dense nuage de poussière soulevé par les montures des redoutables guerriers. Cette attente semblait éternelle à ces yeux. Il appréhendait l'arrivée de ces ennemis, mais ce qui l'effrayait le plus était l'homme à leur tête. Pour la première fois de sa vie, il n'avait pas à faire confiance à son intuition. Il savait que sa prémonition était juste. Il n'était plus question de croire, ou de ne pas croire, car bien qu'il espère se tromper, qu'il l'espère de tout son cœur, il savait que toute la brutalité, et toute la puissance de celui-ci lui avait été transmise dans son songe éveillé. Et face à cet homme, il savait bien qu'il n'aurait aucune chance.
Le temps passa lentement. Plus lentement que jamais. Jillian avait l'impression d'attendre l'arrivée d'une course d'escargots, prenant leur temps pour atteindre leur but. le plus gros problème était la taille et les armes de ces escargots. Puis, le moment vint. Le moment où cette armée pénétra dans la forêt. Enfin, tenta d'y pénétrer. Un guerrier s'était précipité en avant, au grand galop, pressé d'en découdre avec les prétendus ennemis qui logeaient soi-disant dans la forêt. Il eut une bien mauvaise surprise. Et le guerrier qui venait derrière lui également, car il reçu son compagnon de plein fouet dans le village. Il eut cependant de la chance, car la monture de celui-ci passa à côté, projetée comme son cavalier dans les airs.
Jillian, d'où il se tenait, pouvait apercevoir les moindres mouvements de l'armée adverse. Et il ne put manquer de remarquer l'arrêt des troupes, stupéfaites de l'accueil qui leur avait été réservé. Persuadé de prendre leurs ennemis par surprise, il ne s'étaient nullement attendu à une contre-attaque si fulgurante, et surtout si inhabituelle. Tous étaient des guerriers chevronnés, et n'auraient pas hésité à obéir à l'ordre d'attaquer une bête féroce à mains nues. Mais là, il s'agissait de magie. Quelque chose d'incompréhensible, d'invisible, qui les frappait aussi lourdement qu'un gourdin de bois sec. C'était là une des rares choses qu'ils craignaient. Et cette stupeur, ce blocage devant le bouclier magique que le jeune garçon avait mis en place, donna à celui-là même l'occasion de poursuivre l'attaque.
Il attrapa dans sa besace une pierre. Il la fit flotter devant lui à l'aide de ses pouvoirs et la plaça minutieusement, jusqu'à atteindre la position voulue. Puis, il prit en main le bâton qu'il avait gardé depuis sa rencontre avec les bretons. Il arma son geste, et donna un grand geste fluide vers la pierre. Il n'y eut pas de contact. Pas entre le bâton et la pierre. La magie répulsive contenue dans le morceau de bois, combinée à la vitesse du mouvement, propulsa la pierre à une vitesse ahurissante avant même de l'avoir touchée. Jillian n'était pas spécialement entraîné à ce genre de pratique, et était redoutablement moins précis que sa sœur. Pourtant, il ne manqua pas sa cible. Car il n'avait pas visé un soldat, mais tout un groupe, relativement imposant. Le projectile toucha l'un d'entre eux à l'épaule. Il fut projeté en arrière sur plusieurs mètres et s'affaissa finalement au sol. L'épaule brisée s'était repliée derrière son corps. Il cria de douleur, et tous remarquèrent sa blessure. Mais aucun n'avait vu la pierre, qui gisait un peu plus loin. La peur s'empara de ces braves soldats.
- Qu'êtes-vous, intervint une voix puissante, chargée de mépris et de colère ? De vulgaires fillettes effrayées par des tours de passe-passe.
Le seigneur Brunulf, l'homme de la vision. Même de l'endroit où il se trouvait, Jillian put entendre les paroles de cet être dangereux.
- Si nos ennemis peuvent faire de tels choses, c'est qu'ils se sont soumis au Démon! Mais ne vous inquiétez pas! Nous sommes l'armée de la nation franque! Nous sommes tous baptisé! Dieu nous viendra en aide! Il n'y a pas à avoir peur! Dieu nous protégera du Démon, et nous n'aurons qu'à nous occuper, comme à notre habitude, des guerriers humains! A l'attaque!
Alors que les guerriers se jetaient à l'attaque avec fougue et fureur, Jillian sentit le changement intervenir. De l'orateur provint une sensation d'effroi et de puissance. La même que dans son rêve. Il contemplait pour la première fois, dans la réalité, le vrai visage de son ennemi. Il avait mis des mois a créer toutes ces protections. Il avait passé des heures pour imprégner chaque bâton de son énergie magique. Il avait étudié longuement leur emplacement, pour améliorer leur efficacité, tout en les gardant hors de portée des ennemis. Brunulf leva la main droite.
Jillian ressentit dans son corps l'accumulation de pouvoir. Toute la magie se concentra dans le poing de son ennemi. Puis une vague de puissance déferla. Elle ne sembla qu'une brise pour les guerriers francs, mais elle éclatait à chaque rencontre avec une des balises de Jillian. En un instant, tous les bâtons de protection furent brisés. Tous, sauf celui qu'il tenait encore en main. Il n'avait rien pu faire sauf assister à l'attaque écrasante. D'abord, le désespoir le submergea. Tous ses efforts, anéantis en un instant! Mais le désespoir ne s'accordait pas avec son caractère, et fut rapidement remplacé dans son âme par de la détermination. Il lui fallait devenir encore plus fort. Assez fort pour défendre la forêt, seul.
Et sans remarquer la bataille magique qui avait pourtant eut lieu sous leur nez, les francs pénétrèrent dans la forêt. Mais ils ralentirent rapidement. Une nouvelle fois, la peur était leur ennemie. Pas la peur d'un phénomène inexplicable, cette fois, mais une peur plus habituelle. En effet, ils s'attendaient à tomber sur une armée bretonne, et n'ayant encore rencontré aucun membre de cette communauté, il n'envisageait plus qu'une seule option. On les attendait. Plus loin, quelque part, entre les arbres, dans un endroit sombre, une embuscade devait les attendre. Et peut-être plusieurs. Cependant, cette peur-ci n'était pas suffisante pour leur faire rebrousser chemin. Elle les ralentissait, les incitant à la prudence, mais toute embuscade signifiait des ennemis vivants, en chair et en os. Pas quelque chose qui frappait sans prévenir, sortant de nulle part. Les francs ressentaient peut-être de la part, mais tant qu'ils pouvaient affronter leur ennemi les armes à la main, ils ne reculeraient pas.
Jillian reposa la pierre qu'il avait dans sa main. Il avait continué à envoyer des projectiles vers ses ennemis pendant un moment, mais cela s'était avéré inefficace. Brunulf avait dressé dans la plaine un dôme d'énergie qui repoussait les pierres sans aucun problème. Et une fois que les soldats avaient pénétrés dans la forêt, le jeune garçon ne pouvait plus les apercevoir, et donc les viser. En un instant, toute sa stratégie de défense de la forêt était tombée à l'eau. Il ne restait plus qu'une dernière méthode. L'improvisation.
Il sauta de son perchoir. Sa chute fut courte, et juste avant de percuter le sol, il laissa les énergies s'infiltrer en lui. Il sentit la puissance le soutenir, alors qu'il s'arrêtait à quelques centimètres du sol. Puis il relâcha la pression, et ses pieds touchèrent le sol. Il n'eut pas le temps de souffler qu'un guerrier arriva près de lui et leva son épée. L'arme décrivit une courbe harmonieuse vers la tête de l'enfant. Mais il se jeta sur le côté et évita de peu le coup acéré. D'un réflexe, il effleura du bout des doigts une des pierres dans sa sacoche. Il n'en fallut pas plus. Il réagit sans y penser. Le soldat ne comprit pas ce qui l'attaqua. Un puissant coup, dur comme de la roche, le prit sous le menton. Ses pieds se détachèrent du sol, et il fut envoyer violemment en arrière. Il percuta un arbre et perdit connaissance, avant de glisser, inconscient, au sol.
Cependant, le choc fut tonitruant. Il résonna dans la forêt, et en à peine une seconde, trois hommes encerclèrent l'enfant. Aucun ne baissa sa garde. Il était assez vieux pour être maintenant pleinement considéré comme une menace, comme un adversaire dangereux. Ils approchèrent lentement, leurs mains tenant fermement le manche de leur arme. Ils avaient compris que le premier a attaquer risquerait sa vie. Mais après même si ce serait seulement pour un instant, l'enfant se trouverait sans défense. Pendant quelques minutes, cette situation tendue se prolongea. Ils bougeait, avançaient, reculaient, s'observaient, se défiaient, se tournaient autour, feintaient, mais aucun n'attaquait. L'atmosphère se faisait de plus en plus lourde, et Jillian se savait désavantagé. Si le nombre de ses adversaires augmentait encore, il ne pourrait plus rien faire, et il entendait les bruissements caractéristiques des déplacements lourdauds des personnes non habitués aux mouvements dans la forêt. Et ils se rapprochait.
Une minute passa. Ne tenant plus, il envoya une nouvelle pierre. L'homme fut touché et projeté. Mais pendant l'instant où il avait focalisé son attention sur sa cible, les deux autres guerriers s'étaient jetés sur lui. Les deux épées se dirigeaient vers lui, et il savait ne pas pouvoir les éviter. Mais il n'en eut pas besoin. Les deux hommes disparurent à sa vue. Il tourna la tête et vit leurs deux corps, fichés aux arbres par de longues flèches à l'empennage blanc. Il se tourna de l'autre côté, mais ne vit personne. Une voix intervint cependant.
- Viens à la Capitale! Nous serons plus efficaces tous ensemble!
Il comprit qu'un groupe de sylvains étaient dissimulé entre les fourrés, mais malgré cela, il n'arrivait toujours pas à les apercevoir. Il ne put qu'acquiescer, puis il s'élança en direction de la ville elfique, évitant autant que possible de rencontrer les ennemis, et comptant sur des jets de pierre fulgurants quand il ne pouvait les éviter. Il progressa rapidement dans la forêt. Il localisait l'endroit où se trouvait Brunulf en repérant sa puissance écrasante, et se satisfaisait de s'éloigner de plus en plus de lui. Cela ne dura pas longtemps. En moins d'un souffle, la sensation de puissance écrasante qui venait du nord disparue. Jillian s'arrêta instantanément, et se sentant écrasé, releva la tête. Devant ses yeux se dévoila Brunulf, affichant un sourire désarmant.
- Depuis le temps que j'aurais du m'occuper de toi!

18 décembre 2008

L'illusion sanglante

Sans attendre de réponses, et sans rajouter un mot, Jillian s'enfonça dans la forêt. Les longues années durant lesquelles il y avait vécu lui permettaient de s'y déplacer avec une aisance incroyable, et une remarquable vitesse. Bien sûr, un esprit des bois serait allé plus vite que lui, mais la reine dryade se précipitait dans l'autre sens. Elle avait une confiance aveugle en le jeune garçon, et avait donc choisi de prévenir son peuple du danger.
En quelques instants, l'enfant arriva à l'orée de la forêt et remarqua les guerriers qui attendaient. Aucune menace de leur part. Ils avaient compris la leçon d'il y a quelques années. Jillian ralentit tout de même et attrapa un bâton. Un bâton qui était planté droit dans le sol. Un des nombreux bâtons qu'il avait créés pour protéger Brocéliande. Tous étaient chargé de sa magie, et repoussaient avec violence ceux à qui ils n'étaient pas destinés. C'est-à-dire les dryades et sylvains, Jillian lui-même, Mars, Shaen, et Eliane. Les bretons avaient par conséquent eu la chance de ne pas tenter de forcer le passage. Ils ne s'en seraient pas sortis indemnes.
Son arme dans la main, Jillian s'approcha des hommes de l'ouest.
- Que venez-vous faire ici?
- Mage de la forêt, dit un des guerriers en reconnaissant l'enfant! Un de ces chiens de franc nous as demandé de tenir des négociations dans la forêt! Nous payons toujours un tribut à ce peuple galeux, et s'ils nous proposent de nous rendre nos droits sur nos terres, nous devons y aller!
- A quoi ressemblait cet homme, demanda Jillian ?
- Grand, des cheveux sombres et courts. Certains l'appelaient Seigneur. Il semblait jeune, mais ses yeux démentaient ce fait. C'était les yeux d'un homme vieux, qui a vu de nombreuses batailles et visité le monde.
Jillian avait espéré que ce soit le jeune franc qu'il avait rencontré trois ans auparavant, mais les paroles du bretons anéantit ses espoirs. Et à la place vint la colère. Qui osait prétendre sien Brocéliande? Mais cette situation disparut et le monde disparut à sa vue. Il se trouvait dans une pièce sombre. C'était la nuit. Il vit devant lui le corps sans vie d'une jeune femme, et un homme, armé d'un épée sanglante, un sourire malsain sur le visage. C'était celui dont parlait le breton. Il revint, avec un sentiment d'effroi grandissant, à la réalité et serra plus fort son arme.
- Partez!
- Que...?
- Rentrez chez vous! Les négociations n'auront pas lieu!
- Mais, mage, vous ne comprenez pas, nous devons...
- Non, dit le jeune garçon. C'est vous qui ne comprenez pas. Il n'a jamais et ne sera jamais question de négociations! Cet homme vous tuera juste!
- Quoi? c'est impossible, se défendit le guerrier!
Jillian porta son regard vers l'est où il aperçut un nuage de fumée. Il montra cette direction à l'homme, qui à son tour détourna son regard.
- Sauf si c'est une tradition dont je n'ai pas connaissance, il n'est pas habituel d'emmener toute une armée pour des négociations.
- Mais..
- Ils viennent attaquer la forêt.
- Laissez-nous vous aider alors! Nous nous vengerons de cette trahison, et repousserons vos ennemis.
- Non, répondit Jillian. Une partie de ces hommes est destinée à vos villages! Protégez votre habitat, et je ferais pareil du mien!

17 décembre 2008

Menace

Il sentait les respirations autour de lui. Dans la pierre. Dans la terre. Dans l'eau. Des vagues mouvantes et presque imperceptibles s'y agitaient. Et son esprit ouvert captait ces légères vibrations. L'essence de la matière. L'air purificateur s'infiltra dans sa poitrine, et une nouvelle fois, il reçut ce fourmillement d'informations qu'il apportait. Et cette sensation d'apaisement. Ce détachement. Mais reprenant soudainement conscience de ses actes, il s'arracha à cette étreinte splendide pour réintégrer son corps.
Epuisé, il lâcha tout de même un soupir de soulagement avant de récupérer sa respiration. Comme d'habitude, l'ouverture de sa conscience sur le monde s'alliait à un détachement de soi, et du temps. Les sensations étaient grisantes, et lui apportait l'illusion de comprendre entièrement le monde, mais le risque était grand. S'il s'oubliait lui-même, il était possible qu'il se perde et ne revienne jamais. Et seul la mort l'attendait alors.
- Jill, intervint une voix clair!
Il sauta de de l'arbre sur lequel il était perché et aperçut la reine des bois qui s'approchait.
- Mère! Je suis ici.
Mais il remarqua l'expression inquiète de la dryade. Il se savait capable de se débrouiller dans la forêt, et elle ne s'était jamais inquiété de cela. Il ne restait qu'une possibilité. La forêt. Un danger pour la forêt.
- Que se passe-t-il, Mère, demanda-t-il en arrivant près d'elle?
- Je ne sais pas vraiment. Des hommes de l'ouest attendent à l'orée de la forêt, et tiennent des propos incompréhensibles. Ils disent devoir attendre quelqu'un dans la forêt, et ils ne mentent pas. Mais je ne peux pas mettre mon peuple en danger en les laissant approcher!
- Je vais les voir, proposa le jeune garçon. Mais...
- Qu'y a-t-il ?
- Tu devrais venir avec moi! Tu es la reine de la forêt!
- Que vas-tu faire d'eux ?
- S'ils sont honnêtes, répondit le jeune garçon, je pense pouvoir les amener dans une partie de la forêt assez éloignée de la Capitale. Mais qui pourraient-ils attendre en Brocéliande?
- C'est là que réside le problème.
Jillian parut réfléchir un instant. Puis la couleur de ses yeux se modifia et il releva la tête.
- Mère! Je vais m'occuper des bretons! Retournez à la Capitale et fermez les portes. Que les sylvains se tiennent près pour la guerre.
- Qu..?
- Une menace, dit-il en regardant vers l'est. Quelque chose de terrible va se produire! Et vous devrez être prêts!
- Et toi?
- Je ne sais pas. Tout ce que je peux dire, c'est que nous nous reverrons!

16 décembre 2008

Guerre

- Celui-ci!
- Pas aujourd'hui, répondit Dagobert en posant la main sur l'épaule de son jeune frère. Il est encore trop fougueux pour toi.
- Il est si beau et grand.
- Tu le monteras un jour, le consola l'aîné, mais tu dois déjà apprendre à maîtriser une bête un peu plus docile.
- Tu as bien commencer avec un cheval qui ne faisait que cabrer, remarqua l'enfant. Je te voyais faire!
- Et tu as sûrement remarqué que j'ai failli me briser la nuque plusieurs fois, non? Déjà que Père ne m'a donné l'autorisation de t'emmener voir le royaume qu'à contrecœur, je n'aimerais pas devoir lui expliquer qu'un cheval mal dompté est la cause de ta mort.
- Tu serais triste ?
- Bien sûr, sourit Dagobert. Si tu n'étais plus là, je n'aurais plus de petit frère sur qui veiller!
- D'après ce que j'ai entendu des gardes, il te faudrait déjà veiller sur toi-même.
Dagobert éclata de rire.
- Bien sûr! Donc je t'interdis de te placer avant que je ne sois devenu assez fort pour nous protéger tous les deux!
Continuant à parler avec son frère, Dagobert leur choisit à tous deux une monture, puis ils partirent. Pendant toute la journée, il tenta de faire visiter une partie du royaume à son frère, lui expliquant le rôle de chacune des personnes qu'ils rencontraient. Caribert se réjouissait de cette sortie, car depuis trop longtemps, il était confiné entre les murs d'un palais et protégé par des gardes. Pour la première fois depuis son empoisonnement, il pouvait visiter des lieux nouveaux, sans personne pour le pressé de rentrer au palais.
Ils durent tout de même, avant que la nuit ne tombe, rebrousser chemin pour reprendre la route de la capitale. Quand ils arrivèrent, ils remarquèrent que la ville s'agitait. Dans tous les coins, les francs sortaient leurs armes et boucliers. S'inquiétant de ce soudain remue-ménage, Dagobert partit à toute allure vers le palais. Il rencontra en chemin un guerrier qu'il connaissait, et lui demanda des informations.
- Que se passe-t-il ?
- Les bretons, mon Prince. Nous partons les exterminer une bonne fois pour toute!
- Pourquoi n'en ai-je pas entendu parler!
- Nous avons reçu le message dans la journée! Ils se seraient réfugiés en Brocéliande. Cette forêt est dangereuse, mais des bretons s'y déplaçant librement sont encore pire! Sir Brunulf a convaincu le roi qu'une action rapide était nécessaire. Il conduira lui-même les troupes!
Dagobert aperçut son frère qui e rejoignait enfin. Un étrange pressentiment lui broya le cœur. Brunulf ne faisait jamais rien au hasard et se plaisait à commander. Qu'il s'éloigne volontairement du trône montrait l'importance de cette action pour lui. Quelque chose qui gênait plus ses plans de conquêtes qu'un prince franc suspicieux. Réfléchissant à cela, son frère juste derrière lui, il rentra au palais.

13 décembre 2008

Verdict

- C'est une grave accusation, fils, dit le roi.
- Ce n'est pas juste une accusation! L'homme a bel et bien dit cela, et il était sans conteste un homme de votre conseiller! De plus, ses camarades portaient tous l'emblème de Sir Brunulf, expliqua Dagobert. Il y a largement de quoi se poser bien plus que des questions.
- Brunulf, demanda le roi, as-tu des choses à dire pour ta défense ?
- Je comprends que le prince en est après moi! Il a frôlé la mort, et tout concorde pour m'accuser. Il est vrai que cet homme était à mon service...
- Mais..., attendit le roi, impatient de pouvoir innocenter son plus proche ministre.
Dagobert serra les poings de rage. Il avait pensé que cela suffirait, mais Brunulf ne semblait pas inquiété le moins du monde.
- ...et bien, il faut dire que j'ai de très nombreux ennemis, envieux de ma position à la cour! Et certains ne sont pas honnêtes! Plutôt que de tenter de mettre leurs qualités en avant, même s'ils en ont peu, ils préfèrent me discréditer. Un d'eux à sûrement payé mon lieutenant pour assassiner le prince, puis avouer que l'ordre était mien. Heureusement pour moi, il aurait sous-estimé le prince, qui s'en est sorti vivant.
- Je vois, dit pensivement le roi.
Dagobert remarquait pour la première fois l'influence sans limite que semblait posséder Brunulf sur le roi.
- Dagobert, cet assassin n'a-t-il pas dit ou fait autre chose ? Quelque chose d'étrange ?
- N... Si! Il arrivait à me suivre.
- Beaucoup de mes guerriers sont plus rapides que toi!
- Non! En temps normal, c'est vrai, mais j'utilisais ceci.
Il mit son poing devant son visage, et le sang afflua, dessinant les stries bleutées. Maintenant que Brunulf était au courant, il n'avait plus de raison de garder le secret.
-Depuis combien de temps, s'étonna son père ?
- Trois ans!
- Mon roi ?
- Oui, Brunulf ?
- Si cet individu était capable de suivre les mouvements du sang bleu, il n'y a aucune chance qu'il soit un individu normal. Sûrement un hérétique ayant fait un pacte avec le démon!
- Tu as raison! Tu es baptisé, tu ne peut donc pas être lié à cet homme. Et cette affaire doit être remise entre les mains de l'Église. Tu es innocenté, mon ami, réjouis-toi!
- J'en suis heureux. Mais vous devriez laisser votre fils partir. Il avait promis d'emmener Caribert faire une promenade à cheval. Et maintenant que cette affaire est réglé, rien ne nous oblige à le garder ici.
- Tu as raison. Dagobert! Va donc rejoindre ton frère. Je te reparlerais plus tard, concernant le sujet de ton sang. Vas-y!
Dagobert se retira, furieux de n'avoir même pas pu infliger la moindre honte à son ennemi. Il ne l'avait qu'à peine débarrasser d'un pion gênant, et rien d'autre. Cependant, il sortit calmement de la salle, et se dirigea vers l'endroit où son frère devait l'attendre.
- Mon roi, reprit Brunulf une fois qu'ils furent seuls tous les deux. Dagobert a un don pour diriger le peuple, et il a hérité du sang bleu, alors que Caribert est faible, et constamment malade. Je suis triste de devoir dire cela, mais mon neveu ne pourra assurer correctement sa charge. Je pense qu'il est préférable d'écarter Caribert du trône, au profit de son frère aîné.
- Encore une fois, tes conseils sont éclairés, mon ami!
Clotaire II, roi des francs, ne vit pas le sourire machiavélique de Brunulf s'étendre sur son visage.

11 décembre 2008

Convocation

Il resta un long moment dans les ténèbres. Puis, le voile d'obscurité se déchira peu à peu laissant entrevoir un rayon de lumière. il tenta désespérément de l'attraper. Il tendit les mains, autant qu'il le put. Il sentit ses muscles se tordre, se comprimer, lui infligeant un douleur phénoménale. Et là, il réalisa enfin. Il était assis, sur son lit, dans une pièce faiblement éclairée. Les derniers évènements qu'il avait vécu lui revinrent en mémoire, et il soupira de soulagement. Il s'en était sortit vivant, et sans trop de blessures.
Il lui fallut un instant pour émerger totalement, la douleur dans ses membres se dissipant très lentement. Ses sens aussi prirent leur temps pour revenir et lui permettre de réintégrer la réalité. Puis, il entendit des bruits dans les couloirs, et un guerrier franc entra dans sa chambre. Le voyant réveillé, le soulagement s'inscrivit sur la face de l'homme, avant qu'il ne s'agenouille.
- Prince! Dieu soit loué, vous allez bien!
- Oui, j'ai connu mieux, fit remarquer Dagobert.
- Votre père vous demande dans la salle du trône! L'homme qui vous a attaqué serait apparemment au service de sieur Brunulf, et cette affaire doit être tirée au clair!
- Bien! Laissez-moi me vêtir, et j'arriverai aussitôt!
- Bien, mon prince!
Et l'homme se retira. Dagobert se leva prudemment, recouvrant petit à petit son équilibre. Ses jambes se calmèrent petit à petit et la souffrance diminua. Il connaissait ces symptômes. Après une utilisation trop intense de ses capacités, cela lui arrivaient tout le temps. La première fois, quelques secondes avaient suffi à le mettre dans un état pitoyable pour plusieurs jours. Mais il avait changé. Il avaient tenu le combat dans cet état plusieurs minutes, et il sentait bien que son corps s'en remettait déjà. Dans quelques heures, la douleur s'évaporerait comme un mauvais songe.
Mais il n'avait pas le temps de recouvrir ses forces. Son père l'attendait, et même le prince ne devait jamais faire attendre le roi. Il enfila rapidement une tunique et un pantalon. Dès qu'il fut près, il sortit de la chambre. Le soldat attendait ici. Il inclinait le buste et lui demanda de le suivre. En quelques minutes, ils arrivèrent à la salle du trône. Le soldat poussa les lourds battants de la porte de chêne, et il s'agenouilla.
- Votre majesté, Sir, le prince est là.
Dagobert suivit le mouvement et s'inclina à son tour. Devant lui se trouvaient, assis sur le trône, son père, Clotaire II, roi des francs, et, juste derrière, debout, son conseiller, silencieux pour une fois, Brunulf.
- Père, dit le prince avec déférence. Sir, continua-t-il avec un brin d'hostilité.
- Fils, dit le roi avec un sourire, je suis heureux de te voir en tel forme. Quand les soldats t'ont trouvé, tu gisais dans une marre de sang. Heureusement, il semblerait que ce soit celui de ton adversaire. Ce devait être un rude combat.
- Il l'a été. Mais plus pour lui que pour moi, répondit Dagobert.
Le roi sourit avant de reprendre la parole.
- Mais nous avons un autre problème. Il semblerait que cet homme ne soit pas un vulgaire assassin...
- Il m'a avoué être un homme de votre conseiller, envoyé, selon ses dires, par celui-ci, pour me tuer.

10 décembre 2008

La Hache de pierre, suite

Les veines s'effacèrent de sa peau, qui reprit sa couleur habituel. Il remarqua soudainement la sueur sur son corps. Ses muscles le faisaient souffrir, mais il n'avait d'autre choix que de se battre. Où plutôt esquiver, car il comprit instantanément qu'il ne pourrait survivre à la puissance capable de le repousser quand il utilisait la puissance de son sang.
L'homme se jeta sur lui en soulevant son arme. Il était fort, mais il ne s'attendait pas à voir Dagobert bouger encore si vivement. Il donnait tout ce qu'il avait et évitait de justesse les coups, sentant leur force dévastatrice souffler près de lui comme des ouragans. Il se savait rapide, et tenta donc dès qu'il le put de s'échapper en courant. Mais sans qu'il puisse le voir, son adversaire se retrouva devant lui, l'arme à la main. Le jeune prince tomba à genou, ne sentant plus assez de forces en lui pour bouger.
Le lieutenant de Brunulf leva son arme. La promesse qu'il avait faite à sa mère lui revint en mémoire. Il ne pouvait mourir si piteusement. S'il devait mourir, se serait debout, en se battant, ou d'épuisement après la bataille, mais pas ainsi, simplement exécuté par son ennemi. Et dans cette nouvelle résolution, il trouvera des ressources encore inexploitées. Une nouvelle fois, son sang se réveilla. Son cœur s'emballa, envoyant dans son corps entier une énergie indomptable. Ses muscles vibrèrent en recevant cette pitance, et sa peau reprit la couleur bleu alors que ses veines se dilataient. Et une nouvelle fois, sa conscience s'échappa de son corps pour englober le monde. Il n'était plus lui, il était la totalité. La totalité n'était plus, car il l'avait emprisonné en lui.
Il put voir la goutte de sueur qui perlait sur le front de son ennemi, la raideur de ses muscles fatigués par un effort inhabituel, la soif de sang dans ses yeux, et les vibrations de l'air à proximité de la hache de pierre. Il mit toute la force qu'il avait dans ses jambes et se propulsa en avant, vers son ennemi. Il leva son épée. Ce la suffit.
Ne s'attendant pas à un tel mouvement, l'homme ne put réagir. La lame s'enfonça jusqu'à la garde dans sa chair. Et le prince, sa proie, s'éloigna, avant de tomber d'épuisement un peu plus loin. L'homme sentit ses genoux défaillir. malgré sa volonté, il ne pouvait plus tenir debout. Petit à petit, il sentit le froid l'envahir. Il tenta de s'approcher de son ennemi en rampant pour lui asséner le coup final, mais son corps était trop lourd. Et froid. Très froid. Gelé. Il avait mal. Il le savait. Dans cet état, il ne pouvait que souffrir énormément. Mais la douleur s'envolait, laissant place à un calme absolu. Un calme effrayant. Le Néant. Il tendit devant lui sa main, tentant désespérément de se raccrocher aux derniers brins de vie qui lui restait, mais il se sentit emporter. Et avant de mourir, il ne put que prononcer, faiblement, crachant par là-même son sang :
- Maître,... j'ai échoué.

9 décembre 2008

La hache de pierre

Mais un homme, aux habits sombres, s'avança, et s'interposa entre lui et les autres attaquants.
- Ce n'était pas prévu. Je vais devoir m'y mettre.
- Oh, s'exclama Dagobert surpris. Il n'y avait donc pas que des hommes de paille. N'est-ce pas, Clodomir, 1er lieutenant de Brunulf ?
- Dois-je me sentir flatté du fait que tu te souviennes de mon nom ?
- Si j'ai ton corps, mon père sera obligé de mettre un terme aux agissements de ton maître.
- Ton sang royal te rendait gênant! C'est tout. mais si tu maîtrises le sang bleu, il ne fait aucun doute que tu deviendras un des principaux obstacles sur la route du trône. Je vais donc déblayer le passage devant mon seigneur. Vous, dit-il sans détourner le regard de Dagobert, dans votre rapport, dites 'Dagobert a le sang bleu'! Cela devrait suffire à vous garder en vie.
Les hommes se retournèrent pour s'enfuir. Mais Dagobert ne l'entendait pas de cette oreille et se précipita pour les bloquer, réclamant une nouvelle fois l'incroyable puissance que lui conférait son sang. Sa vitesse fut sidérante. Mais malgré tout, au moment au il passa au côté du lieutenant, il sentit un force incroyable le percuter.
Il fut soulever en l'air et projeter vers le mur derrière. Mais il put sans problème se rétablir dans les airs et atterrir sur ses deux jambes. Il regarda pour comprendre ce qu'il s'était passé, et il remarqua la hache que tenait son ennemi. Une hache faite en pierre uniquement, en granite. Lors remarqua la lueur d'étonnement qui s'alluma dans les yeux du jeune prince.
- C'est mon arme qui te semble étrange! C'est normal, elle est magique! Et elle me permet d'obtenir une force suffisante pour vaincre ton sang bleu!
Dagobert serra fort la poignée de son arme et s'élança sur l'ennemi. Il lança un coup extrêmement puissant et rapide, mais l'autre réussit à interposer de justesse sa hache. Et une nouvelle fois, Dagobert fut rejeté en arrière. Il se releva rapidement, mais remarqua la fatigue qui le subjuguait petit à petit. Il avait utilisé sans s'arrêter pendant presque cinq minute son pouvoir, et les effets commençaient à se faire ressentir.
- Alors petit, tu as le souffle court, rigola l'autre, souriant de toutes ses dents.

8 décembre 2008

Embuscade

-C'était une magnifique cérémonie, non?
- Oui, splendide, dit Dagobert en passant sa main dans les cheveux de son petit frère.
- Demain... tu?
- Oui, ne t'inquiète pas! Je te l'ai promis, et Père nous a donné son autorisation.
- Super, s'exclama Caribert joyeux.
- Mais si tu te sens mal, il ne faudra pas hésiter à le dire. Tu le sais?
- Oui oui!
- Maintenant dors! Ton corps est faible, alors si tu n'es pas assez reposé, il ne supportera pas notre voyage demain.
Sur ces paroles, Dagobert se retourna et sortit de la pièce. Lui aussi irait dormir. Mais il avait des choses à faire avant. Il sortit par conséquent du château, ne prenant pas la peine de dissimuler son identité. Il salua la garde en faction, et se dirigea aléatoirement dans la ville. Comme il s'y attendait, dès que la rue fut sombre et déserte, plusieurs hommes sortirent de l'ombre. Des hommes de Brunulf, trop sûrs d'eux pour cacher leur blason. Un crime dans la ville basse. Quelques pauvres brigands innocents se feraient exécuter pour le meurtre de l'héritier, mais Brunulf n'aurait plus à craindre cet enfant gênant.
Les sourires malsains des quelques soldats lui dirent sans doute aucun qu'il avait deviné juste. Cette embuscade était préparée depuis longtemps, et ces hommes ne ressentait aucune crainte de punition, sûr de la protection que leur fournirait leur maître. Mais il y avait une erreur dans ce plan. Dagobert n'allait pas se laisser tuer sans rien faire.
Un premier homme se lança sur lui. Son épée sortit du fourreau et frappa la main du soldat, qui tomba à terre en gémissant sur son poignet cisaillé. Et les autres se jetèrent d'un seul ensemble sur leur cible. Dagobert dévia avec difficulté plusieurs coups menaçants de sa lame. Puis il attaqua à son tour. Les dégâts qu'il infligea furent léger, mais suffirent à refroidir l'ardeur de ses ennemis.
C'est à ce moment, surement projeté par la lanterne d'un passant d'une rue adjacente, qu'il aperçut à ses pieds une ombre. Il se retourna d'un bond pour voir une immense masse descendre en direction de sa tête. Aucune peur ne s'insinua en son être. Comme il avait petit à petit appris à le faire durant ces trois années, il accéléra sa pulsion cardiaque. Sur ton son corps, ses veines s'épaissirent jusqu'à former un labyrinthe complexe sur son corps. Il prit conscience de tout ce qui l'entourait dans les moindres détails. La vivacité d'une flamme, le battement nocturne des ailes d'un papillons, les grincements des maisons environnantes, la respiration régulière des hommes assoupis et celle saccadé de ses attaquants. Et la masse. Si lente. Si fragile. Il leva son poing qui percuta l'arme. Un craquement assourdissant retentit dans la nuit. La force dégagé fut telle que l'homme fut soulevé dans les airs avec son arme, les deux bras brisé. De la masse, il ne restait plus que le manche. Dagobert se retourna vers les autres :
- Je ne peux pas vous laisser vous échapper!

7 décembre 2008

Couronnement

- Prince! Que faites-vous ? Vous ne devriez pas être ici!
Dagobert retourna au serviteur un regard chargé de colère. Celui-ci tituba de surprise et recula de quelques mètres. Le prince franc prit une longue inspiration et tenta de se clamer. En effet, ce pauvre bougre n'avait rien à voir avec les derniers évènements. Il ne faisait qu'exécuter les ordres.
- Je reste ici encore un moment. Ne vous inquiétez pas, je serais à l'heure pour la cérémonie.
- Oui! Le couronnement de Sychilde, première concubine est un évènement important pour...
- Tais-toi!
- Que... Mais... Mon seigneur...
- Peu importe combien vous attendez cela, il est honteux d'en parler devant le tombeau de ma mère.
- Je...
- Pars! Sinon, je risque de ne plus me retenir!

Le serviteur s'inclina rapidement et disparut du mausolée royal.
- Brunulf! Sychilde! Vous ne vous en tirerez pas comme ça, dit-il avec hargne.
Dagobert se souvenait encore de la dernière fois qu'il avait vu sa mère. Quand elle l'avait prévenu que ces deux-là tentaient d'atteindre et de conquérir le trône. Quand elle l'avait conjuré de ne jamais se laisser manipuler par ces conspirateurs et de protéger son demi-frère. Il resserra rageusement son poing sur une pierre qu'il avait ramassé. Sur sa main, ses veines se gonflèrent et formèrent des stries bleutées. Puis il se releva et tendit sa main au dessus du tombeau où reposait la défunte reine. Il ouvrit son poing et une fine poussière s'envola.
- Je le ferais, mère! Je ne laisserais pas ces deux voler le trône des francs!
L'image de sa mère revint une nouvelle fois à sa mémoire. Si vivante. Le guérisseur avait parlé d'une maladie fulgurante. Mais Dagobert n'avait été dupe. Il avait remarqué le regard terrorisé de l'homme se poser sur Brunulf. La reine avait été empoisonnée. Parce qu'elle était une obstacle sur le chemin du pouvoir. Mais il ne pouvait rien dire. Son père été le roi. Et même s'il était aveugle et se faisait manipuler, ses décisions restaient lois.
- Grand-frère. Viens! Il est l'heure.
Dagobert se retourna et capta le regard de Caribert. Il devait le protéger. Contre son oncle et sa mère. Deux monstres qui n'hésiteraient pas à l'utiliser pour leurs ambitions. Mais il ne pouvait rien lui dire. Juste agir, sans se faire remarquer. Il se leva et reprit contenance.
- Bien! Allons saluer notre nouvelle souveraine, dit-il, bien que ces mots lui blessent les entrailles.

6 décembre 2008

Evasion

- Cinq gardes!
- Alors pourquoi on se cache ?
- Idiote, si un seul peut sonner l'alarme, on risque d'avoir du mal à nous enfuir!
- Peut-être, mais alors pourquoi se cacher ici ? Un recoin sombre aurait fait l'affaire.
- C'est ...
- ... pour t'amuser, termina Lenlen à sa place, continuant à chuchoter. Je savais que je n'aurais pas du t'obéir quand tu disais 'suis-moi'!
- Ma cachette est bonne de toute façon. Tu vois bien qu'aucun des gardes ne pense à regarder au plafond!
Ils étaient tous les deux en train d'avancer prudemment, et sans autre bruit que leurs murmures, s'agrippant entre les poutres épaisses qui soutenaient l'imposant bâtiment. Ils s'étaient échappés sans aucun problème de la prison, et traversaient maintenant le palais grouillant de gardes. Arrivés au bout de la salle, ils se laissèrent tomber sans bruit sur le sol, et sortirent discrètement. Et c'est à ce moment qu'un cri :
- Évasion! La fille a disparu!
Les deux n'eurent pas besoin de se regarder pour réagir en harmonie. Abandonnant toute prudence, ils s'élancèrent à toute vitesse à travers la cours, évitant aisément les quelques soldats stupéfaits. Ils escaladèrent, sans même sembler ralentir, le haut mur de protection, et se retrouvèrent en un instant hors du palais. Ils disparurent parmi la foule et trouvèrent rapidement une coin sombre, dans lequel ils seraient en sécurité. Lenlen avaient perdu toute notion du temps dans les cachots, et elle remarqua pour la première fois l'heure tardive : déjà les ombres s'étiraient, annonçant l'arrivée des ténèbres nocturnes. Et en même temps, elle sentit la fatigue qu'elle avait jusque-là dédaignée. Elle s'assoupit.
Quand elle se réveilla, son frère était à ses côtés, et des bruits de fouille raisonnaient dans la ville endormie.
- Écoute-moi, lui dit-il sans lui laisser le temps de réagir. Ils savent que nous n'avons pas pu quitter la ville. Peut-être que certains des nôtres étaient en sentinelle. Maintenant, il te recherche. Ils n'ont pas l'air de savoir que nous sommes deux! Je vais leur offrir une piste. Ne t'inquiète pas, ils ne m'attraperont pas! Je sais où aller. Toi, tu devras rester ici jusqu'à l'aube. Après, rejoins le camp rebelle et donne cette lettre à Li Yuan, dit-il en lui donnant un morceau de parchemin.
- Mais..., voulut-elle protester!
- Non, lui dit-il en lui mettant la main sur la bouche. Pour une fois, juste pour une fois, je te demanderai de suivre mes ordres sans t'y opposer! D'accord?
Elle eut à peine le temps d'hocher la tête silencieusement que déjà il disparraissait, des cris témoignant que l'on s'était lancé à sa poursuite.

5 décembre 2008

Prisonnière

Obscurité. Ténèbres. Disparaissant dans les profondeurs de leur être, les prisonniers gémissaient plaintivement, souffrant de leur solitude, face à eux-mêmes. Mais cela ne suffisait pas. Une ombre n'avait pas peur des ténèbres, elle y disparaissait, s'y mêlait, pour en ressortir plus forte. Et surtout, malgré l'imminence d'une sentence qui ne tarderait plus à arriver, Lenlen, pour la première fois depuis de nombreuses années, était en paix avec elle-même. Elle avait fait ce qu'elle avait à faire, et quelque soit sa punition, elle savait qu'elle ne renierait pas son geste.
Sachant que dans ses ténèbres presque absolues, ses yeux ne seraient qu'un handicap, elle les ferma et se concentra sur ses autres sens. Petit à petit, une image prit forme dans sa tête. Les cris et plaintes des autres prisonniers la renseignait sur la disposition des cellules. Il y avait plus de dix hommes par cellules. Elle était seule dans la sienne. Trop dangereuse. On l'avait d'abord mis dans une cellule parmi de dangereux criminels, qui avaient été enchantés au-delà du raisonnable par une présence féminine. Ils avaient rapidement déchanté, Et avait hurlé au désespoir, suppliant de les éloigner d'elle. Personne n'avait répondu. Alors, préférant le calme, elle s'était glissé entre les barres de fer de la cellule et s'était dirigé dans une vide. Il avait tout de même fallu quelques instants pour que sa disparition soit remarquée, et que les cris cessent. Depuis, elle avait soit attendu, soit elle s'était concentré pour créer une image mentale de la prison.
Un grincement. Un rayon de lumière. Quelqu'un venait. Mais tout de suite, l'obscurité. Et le silence. Celui qui venait ne devrait pas être là. Et c'était un membre du clan. Aucun doute, elle l'aurait remarqué sinon. L'homme s'approcha de la cellule dans laquelle elle aurait du se trouver et murmura doucement:
-Lenlen.
Elle se glissa derrière lui et lui glissa à l'oreille:
- Qu'y a-t-il, grand frère ?
- Nous partons.
- Qu...?
- L'empereur réclame ta mort! Tu dois fuir.
- Mais...
- Ne meurt pas sans rien faire! Si tu as renié ton devoir envers l'empereur, tu n'en restes pas moins un membre du Xuan Wu! Cela signifie qu'il existe quelqu'un que tu dois protéger, d'une manière ou d'une autre!
- Mais et toi ?
- Pour t'avertir, j'ai également trahi. Partons ensemble jusqu'au campement rebelle. Après, nos routes se séparerons.
-Bien.
- Alors allons-y.

4 décembre 2008

L'éveil du Xuan Wu

Et le barrage, forgé par le devoir constant auquel elle avait été soumise depuis son enfance, se brisa. Et la vague de sa colère déferla dans ses membres. Son sang se mit à bouillir et elle agit sans en avoir forcément conscience, sans la retenue qui aurait pu excuser son geste. Enfin, si celui-ci avait été visible. Car pour tous, elle ne bougea pas. Elle resta assise, à côté du général Li Yuan, alors que le sang du Xuan Wu à la carapace sombre s'éveillait.
Deux soldats, plus rapides que les autres, avait réagis presque avant l'ordre de leur chef. Il le connaissait et s'attendaient sûrement à cette demande. Ils le regrettèrent. Enfin, ils auraient pu s'ils avaient pu percevoir le mouvement, ou du moins rester conscient assez longtemps pour ressentir la douleur. Mais au moment leurs lames allaient toucher le corps du général, resté stoïque malgré la situation, leurs corps avaient semblé se soulever dans les airs, avant de retomber quelques mètres plus loin.
Ce que personne ne vit, c'est qu'à une vitesse incroyable, Lenlen s'était levé, et que son pied avait frappé deux fois, un coup pour un soldat, avant qu'elle ne se rassoit. Imperceptible. Invisible. Parfait.
Feng sortit à ce moment-là, suivi rapidement par son compagnon. Il se dirigèrent avec empressement vers leur maître.
- Pourquoi ne fait-elle rien, pesta Feng ?
- Tu te trompes, murmura l'autre. En ce moment, personne ne peut toucher ne serait-ce qu'un cheveu du général Li-Yuan.
- Quoi ?
- Cela fait longtemps que ce n'était pas arrivé, mais le bouclier du Xuan Wu brille au dessus de sa tête.
- Qu'est-ce...
Alors qu'ils commencèrent à se frayer un passage dans la masse de gardes, L'homme du Zhu Que répondit :
- Certaines techniques ne sont maîtrisables que par les membres les plus doués de nos clans, et sous certaines circonstances! La Carapace du Guerrier Noir en fait partie. Seul un des membres du Bai Hu les plus doué aurait une chance de percer cette défense, et encore...
Réfléchissant aux paroles de son camarade, Feng continua à se battre, étalant impitoyablement quiconque osait lui faire face. Les poings de son camarade volaient dans les airs et touchaient à chaque coup une faiblesse de l'ennemi. Et là, il remarqua. Malgré l'amoncellement de corps du à la bataille, rien ne s'approchait à plus d'un mètre de Li Yuan. Il n'eut cependant pas le temps de s'extasier car il remarqua l'arrivée des membres du clan des ombres. Il voulut s'approcher, mais son ami lui attrapa le bras et l'arrêta.
- Elle est en transe. tant qu'elle sera dans cet état, elle attaquera sans distinction ceux qui s'approchent, lui murmura-t-il.
- Que ...?
- Lenlen, reprit-il sans laisser le temps à Feng de poser sa question. Li Yuan est sauf maintenant. Relâche ta garde et laisse nous le ramener au camp.
Elle sembla s'éveiller, se rappelant les évènements dans un voile brumeux. Elle se rétablit cependant rapidement et confia son protégé aux deux hommes qui s'enfuirent. Les ombres s'arrêtèrent en comprenant la situation. Puisque personne n'avait attenté à la vie de l'empereur, ils ne voulaient pas se fatiguer pour un homme qui tentait de revenir sur sa parole. Et à ce moment, le cri retentit. Un cri de rage qui les poussa tous à se retourner.
- Tu ne partiras pas vivant, hurla rageusement l'empereur.
Il se leva et attrapa une lance qui gisait à ses pieds. En un instant, il arma son geste. Puis, pourfendant le ciel, l'arme bien équilibrée se précipita droit sur Li Yuan. Personne n'eut le temps de réagir. Personne sauf Lenlen. Réagissant par réflexe, elle frappa. La lance dévia de sa trajectoire, et n'atteignit pas sa cible.
Mais cette fois, la colère n'avait pas pris le pas sur son esprit, et bien que très rapide, son geste avait été visible. Ou du moins perceptible. Mais Lenlen ne se soucia pas du regard brûlant de l'empereur mais se tourna vers les fuyards. Feng lui sourit, et elle comprit tout ce qu'il voulait dire. Ses excuses, et ses remerciements, profonds, sincères. L'homme mystérieux du Zhu Que, toujours drapé de ses toiles rouges, lui adresse un signe de tête, lui accordant son respect, et elle put lire dans les yeux de Li Yuan ses remerciements, juste avant que tous trois ne se retournent et ne s'en aillent définitivement, vers le camp des rebelles.

2 décembre 2008

Félonie

Li Yuan eut beau tenter tout ce qu'il pouvait pour convaincre son locuteur, tous ses arguments et toute sa passion se heurtaient à un mur froid d'indifférence et d'orgueil. Inconscient de ses devoirs, seul son propre titre intéressait le tyran. Et après s'être épuisé pour trouver une faille dans ce cœur gelé, le général Li Yuan, un des deux seuls survivant du clan des sages, du s'avouer vaincu. Il s'inclina humblement et avoua sa défaite.
- Je comprends que je ne peux vous convaincre, seigneur, dit-il, conservant malgré tout cette marque de respect. Nos négociations finissent maintenant. Je vais rejoindre les troupes rebelles. J'espère que vous ne regretterez pas votre décision hâtive.
- Ne t'inquiète pas, je ne risque pas de la regretter!
- Nous nous reverrons sur le champ de bataille.
- Je ne pense pas, répondit simplement l'empereur.
- Que...
- Tu vas mourir ici même Li Yuan. Et après cela je tuerais ton fils et annihilerais définitivement le clan des sages.
- Vous..., murmura Li Yuan, le visage blême.
- Maître, s'inclina Lenlen. Vous avez promis de le laisser partir...
- Je sais ce que j'ai promis, dit-il avec colère.
Comprenant qu'elle n'arriverait à rien ainsi, et se rappelant la façon dont son frère avait toujours utilisé la vanité de l'empereur à leur profit, elle reprit la parole :
- Mais Maître! Ce félon mérite-t-il que vous reniez votre parole à son égard ? Lui feriez-vous un si grand honneur, comme s'il pouvait être considérer comme une menace par votre magnificence ?
Alors qu'il allait ordonner l'attaque, ces propos stoppèrent l'empereur dans son élan. Les paroles sonnaient juste, mais il ne voulait pas laisser partir le traître. Il prit le temps de réfléchir, laissant l'atmosphère se charger d'électricité, les gardes attendant les ordres, et Li Yuan sa condamnation. Lenlen sentit un poids quitter ses épaules, en réalisant que pour la première fois depuis ben longtemps, elle pouvait enfin concilier ses actes et ses convictions. Mais seul l'empereur possédait la carte maîtresse : celle du départ de la bataille.
Le maître de l'Empire du Milieu sourit et leva les yeux vers le ciel.
- Il ne faut pas s'inquiéter pour ma personne! Les cieux n'entérinent pas les promesses faites aux traîtres! Ce n'est donc pas comme si je revenais sur ma parole, car elle était ineffective depuis le début.
Un frisson parcourut l'échine de Lenlen.
- Gardes, cria soudainement le félon, tuez ce traître, je vous l'ordonne!