22 décembre 2008

Autel

- Vous êtes allés dans les couloirs, se fâcha le père!
Élie aurait préféré garder cette aventure secrète, même si Jharez soutenait qu'ils devaient en parler. Finalement, ils n'avaient pas eu le choix, car Éric avait innocemment demandé à sa mère ce qu'était le bâtiment en pierre derrière l'abri. Dès que George avait entendu cela, il était devenu fou de colère, et sa femme avait mis plus d'une demi-heure à le calmer, le raisonnant quand on fait que le danger était passé. Mais en revenant devant ses enfants, elle avait ressurgi violemment.
- Vous saviez qu'on vous l'avait interdit!
- Oui, répondit piteusement la petite fille. Désolé!
- Et toi, dit-il alors à Jharez, pourquoi ne les as-tu pas retenu ?!
- Papa, s'indigna alors l'enfant!
- Qu'est-ce..?
- Tu n'as pas à lui en vouloir! Vous lui avez seulement demandé de nous empêcher de sortir, et il l'a fait! Peut-être que si tu lui avais parlé de cette porte, il aurait empêché Éric de s'y promener! Et c'est grâce à lui que nous en sommes sortis!
- Bien... excuse-moi, s'il-te-plaît, dit-il finalement à leur hôte en se calmant. Et merci de les avoir surveillé.
- Ce n'est rien, répondit l'homme. Je comprends que vous soyez affolé!
- Maintenant Élie, raconte-moi ce que vous avez vu.
Et alternant la narration avec Jharez, elle raconta l'épopée souterraine qu'ils avaient vécu. Ses parents blêmirent à plusieurs reprises, et eurent peine à croire certains pasages, malgré les affirmations véhémentes de leur fille, et les acquiescements de leur invité. Puis elle raconta la découverte du temple et le retour à l'abri. La première réaction fut un silence soulagé. La seconde, alors que la précédente agissait encore sur les parents, fut l'exclamation de ravissement du vieux professeur.
- Un temple! Mais c'est magnifique! Où est-ce?
- Allons-y, intervint la mère, revenant à elle.
Elle se leva et prit la main d'Éric. Elle tapa sur l'épaule de son mari, qui réagit enfin et la suivit. Ensuite vinrent le professeur, Jharez et Élie. La petite troupe s'avança, traversa quelques passages dissimulés habilement entre les murs. Ils arrivèrent enfin au temple.
- Magnifique, s'exclama le professeur.
- Qu'y a-t-il ?
- C'est clairement un autel. D'un dieu païen, sûrement! Et le plus étonnant, c'est son âge!
Il s'agenouilla au sol, toucha les pierres et les vestiges, les yeux remplis d'émerveillement.
- Qu'y a-t-il d'étonnant ?
- Cet édifice doit avoir entre mille trois cent et mille six cent ans! Avoir une telle construction, toujours intact, est un miracle! L'Église ne l'aurait jamais laissé exister!
- Notre famille en a la charge depuis bien longtemps!
- Vous êtes sûrement des descendants des hauts-prêtres de cette religion! Voyons voir! Celui qui tient les rouleaux... Qui est-ce ?
- Que voulez-vous dire?
- Voyez cette stèle, dit l'archéologue! Ici devrait être marqué le nom de la divinité. C'est en partie effacé, mais on peut toujours lire 'celui qui tient les rouleaux..'! La divinité présidait sûrement aux scribes et érudits.
- Et à quoi servent ces autres pierres, demanda Eric, en montrant de petit édifice autour de l'autel principal ?
- Ce sont les tombes de tes ancêtres! Les premiers d'entre eux, se firent enterrer à proximité de leur dieu.
- C'est cela, dit la mère. Mais plutôt que de fouiller ces vestiges pour tenter de découvrir des approximations du passé, venez écouter la suite de l'histoire! Ces vestiges et cette histoire sont soumis à la protection des nôtres depuis des siècles. Et il nous faut les transmettre et les réserver.
Eric abandonna vivement l'investigation des tombes et s'approcha avec les autres du centre de l'autel, où se tenait sa mère.
- Vous rappelez-vous où nous en sommes ?
- Oui! Brunulf le méchant va envoyer des loups-garous poursuivre Jillian, répondit le petit garçon.
- Bien, c'est cela! Mais il faut savoir qu'il existe différentes sortes de lycanthropes!
- Lit qu'en quoi ?
- Loups-garous! A quoi pensez-vous si on parle de loups-garous ?
- La pleine lune, répondirent en même temps Élie et Éric!
- Et c'est en partie faux. Les Loups-garous originels, comme on les appelle, peuvent se métamorphoser quand bon leur semble, ce qui a pour effet de décupler leurs forces et leurs sens. Ils deviennent alors de redoutables chasseurs. Grâce à un soupçon d'odeur, ils peuvent retrouver une piste de plus d'une dizaine de jours. Quand ils mordent un humain, celui-ci devient un secondaire! Ceux qui ne se métamorphosent qu'en pleine lune, et perdent l'esprit en même temps. Heureusement, les Originels sont peu nombreux, et utilisent souvent les secondaires en tant que chiens de chasse, pour ne pas risquer leurs vies. Seules les nuits de pleines lunes recèlent donc quelques dangers pour les chassés! Car les attaques proviennent toujours durant celle-ci.
- Et Jillian le savait ?
- Non! Il ne savait même pas quel genre de créature pouvait être à ses trousses! Il fuyait, désespérément, vers le sud, sans savoir ce que lui réservait son ennemi.
- Que lui est-il arrivé alors ?

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