21 décembre 2008

La Valse des esprits des bois

Le mouvement autour de lui s'accéléra. Il perdit toute notion du monde. Seul comptait désormais cette danse effrénée dont il était le centre. Plus rien ne comptait. Il n'y avait plus de pouvoirs, plus d'espace, plus de temps. Mais quelque chose clochait. Il n'aurait pas du en être ainsi. Et, ne pouvant s'immerger totalement dans cette ronde endiablée, il relâcha toute contenance. Il laissa les torrents furieux de sa gigantesque puissance se déverser autour de lui. Et partagé entre la fascination de ce spectacle dont il était le cœur et l'essence divine qui logeait en son corps. Et petit à petit, le rythme se calma. Mais quel rythme était-ce ? Celui de la danse, ou le sien. Tout s'assombrit.
Quand il se réveilla, Brunulf était seul, dans la forêt. La tête lui tourna, et il mit un certain à retrouver ses repères. Petit à petit, la mémoire lui revint. Il avait été trop sûr de lui. Il n'avait pas pensé que les dryades oseraient pratiquer un tel sortilège. Et de ce fait, sa proie avait une nouvelle fois pu s'enfuir. Plein de rage envers lui-même, il ressortit de la forêt. Le campement de l'armée franque été installé là, à l'orée des bois. Dès qu'il s'approcha, les soldats convergèrent vers lui.
- Vous êtes de retour, Seigneur!
- Des troupes ont été envoyé à votre recherche.
- Qu'avez-vous fait pendant ces deux jours ?
- On n'a pas trouvé de bretons, se plaignit même l'un d'entre eux.
- Les bretons se sont lâchement enfuis, répondit-il, quand ils ont vus que Dieu pouvait rendre leurs démons inutiles! Rappelez les troupes. Nous partons. Nous n'avons plus rien à faire ici.
- Ne doit-on pas attaquer..?
- Ce ne sera pas nécessaire. J'ai vérifié, ce qui explique le temps que j'ai perdu!
- Bien, sir!
En quelques heures, le campement fut déblayé et les troupes rassemblées. Et ils retournèrent au palais, où Brunulf fit le bilan, officiel, de l'affaire. Le roi fut rapidement satisfait du travail de son conseiller, et plus qu'heureux de retrouver son fidèle bras-droit pour traiter toutes les affaires du palais. Brunulf s'y attela sans broncher. Il savait qu'il détenait déjà quasiment le pouvoir dans ce pays. Il ne lui manquait plus qu'un peu de temps et d'effort. Et alors que la nuit était déjà tombé, il poursuivait son travail à la lueur de la bougie.
La flamme fragile vacilla un instant avant de gonfler, dessinant dans les airs une tête effrayante, dure et acérée, sombre, et munie d'une gueule remplie de crocs. Brunulf se tourna vers l'apparition sans le moindre effroi.
- Tu as encore raté l'enfant, fit remarquer le dragon.
- Je le sais! Et je vais m'en occuper d'une façon ou d'une autre!
- Comment a-t-il pu t'échapper?
- Les dryades! Elles m'ont emprisonné hors du temps!
- Hors du temps!?! Toi, pouffa le dragon! Tu te moques ?
- C'est leur nature! Elles ne pouvaient rien de définitif contre moi, mais en alliant leurs forces, elles ont réussie!
- C'est impossible! Elles ne devrait pas avoir pu achever un tel sortilège!
- Qui t'a dit qu'il était achevé! Quelques humains ont déjà été pris dans ce charme! Trois dryades suffisent à te faire disparaître de la surface du monde pour plusieurs siècles. Penses-tu vraiment que n'importe qui aurait pu sortir en moins de deux jours du même enchantement lancé simultanément par une cinquantaine des leurs, dont leur reine! Pourquoi crois-tu que leslois de ton peuple t'interdisent d'attaquer Brocéliande! Parce que les rois dragons des anciens temps craignaient tout les peuples elfiques! Tous! Pas seulement les djinns et les naiades! Ceux-là, on peut comprendre! Vos flammes ne peuvent rien face à ceux qui en sont formés! Et c'est encore pire face à celle de l'eau! L'air des sylphes et sylphides peut également être redouté! Mais pourquoi, penses-tu, une créature aussi massive qu'une maison, qui peut cracher des flammes, craindrait des êtres de bois ?
- Je...
- Ne t'inquiètes pas! Je sais que ton peuple s'impatiente! Vous pouvez allez vous défouler dans le Nord Glaciale! Ceux qui vivent là-bas ne me sont d'aucune utilité, et si j'ai besoin de ton peuple, je t'appellerai! Tu peux disposer!
- Brun...
- J'ai à faire! L'enfant est le plus dangereux, mais il est encore jeune! Si un des cinq autres vient s'en mêler, il risque de saborder mes plans! Alors si je te dis que je ne peux pas vous utiliser pour le moment, tu acquiesce et tu obéis! C'est tout!
- Tu penses pouvoir me parler sur ce ton, humain!
- J'ai renoncé à mon humanité il y a bien longtemps, dit Brunulf avec un regard glacial vers le visage de flamme de la créature. Si tu ne veux pas souffrir, tu as intérêt à te souvenir de qui est ton maître! Ou peut-être penses-tu pouvoir me vaincre ?
- Non, je..., dit l'immense créature, effrayée. J'obéis.
Brunulf posa la plume qu'il tenait sur la table. La colère contenu en lui depuis son échec menaçait maintenant d'exploser. Les paroles du dragon avaient failli lui coûter la vie, et Brunulf regretta un moment de ne pas s'être défouler sur lui. Mais il avait encore besoin de la créature. Il serra rageusement le poing, duquel sorti de la fumée. Il lança son bras devant lui, et une boule de flammes s'envola vers le mur. Elle explosa au contact de la pierre. Les flammes se dissipèrent rapidement, laissant apparaître un trou, et des restes de roche liquéfié.
Brunulf prit une grand respiration et retrouva son calme. Il tendit sa main, de laquelle sortit une flamme qui prit l'apparence d'une jeune femme.
- Le gamin s'est échappé! Il ne doit pas vivre! Utilises tes pouvoirs et tes loup-garous pour l'achever.
- Bien, maître Brunulf!
L'image disparut aussitôt, et Brunulf sourit. L'enfant allait passer un mauvais quart d'heure!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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