2 novembre 2008

Le tyran et l'ombre

La chute dura peu de temps. Lenlen utilisa le morceau de toile pour ralentir suffisamment avant de sauter lestement au sol. Puis, insaisissable et invisible, elle se dirigea vers la tente de l'empereur. Les paroles du sage Li Yuan émergèrent parmi ses pensées au moment où elle entra. Alors que le camp était en effervescence, sur le qui-vive, où la tension ambiante fatiguait les soldats mal-nourris, l'empereur profitait d'un imposant repas.
Mais la jeune fille mit ses sentiments de côté et s'agenouilla directement au pied de son seigneur. Celui-ci continua à manger, sans rien dire, puis fit appeler ses serviteurs. Ceux-ci frémirent en remarquant l'ombre prosternée, mais pas un murmure, pas un souffle, ne s'échappa de leurs lèvres closes. Puis une fois que tout fut propre, il autorisa Lenlen à relever la tête et à lui adresser la parole.
- Empereur des terres du milieu, je viens vous protéger. J'ai besoin pour cela de rencontrer les généraux de l'armée et les ombres chargés de votre escorte.
- Faites, faites. Tant que cela ne me cause aucun inconfort!
- Nous devrons peut-être vous faire galoper...
- Quoi? Mes porteurs nous accompagneront! Je refuse de voyager sans mon palanquin!
- Trois des clans ont trahis, seigneur. Nous ne pouvons les laisser s'approcher de vous! Nous devons vous éloigner de la muraille le plus rapidement possible!
- Balivernes! Vous trouverez un moyen! Que ces fous aient trahis est une chose, mais cela ne doit pas m'indisposer! C'est votre devoir de trouver un moyen de me satisfaire, alors faites-le. Je ne veux aucune dérobade. Quant aux imbéciles qui osent contester la volonté céleste qui m'a placé sur le trône, nous les châtierons plus tard!
Lenlen s'inclina, confirmant avoir compris et accepté les ordres de son maître, mais son cœur se serrait dans sa poitrine. Elle était fière d'appartenir à son peuple, mais elle se rendait compte de la justesse des paroles et des actes des rebelles. Toutes les misères qu'elle avait déjà vues se rappelaient à sa mémoire et lui montrait combien l'empereur s'était éloigné de la voie céleste. Elle ne pouvait qu'obéir, comme à l'accoutumée, mais pour la première fois de sa jeune vie, son cœur et son esprit n'approuvaient plus ses actes.
Cependant, elle se retira et transmis les informations aux généraux et à ses compagnons. Elle devait déjà accomplir son devoir et sa mission, et ensuite seulement elle pourrait se poser des questions sur la légitimité de ses actes,et surtout de ceux de son seigneur.

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