19 août 2008

Fuite

Jillian se raccroche désespérément à la main de sa sœur. La sombre forêt l'entoure, mais ce qui l'effraie vraiment ce sont les aboiements hargneux des meutes de chiens et le martèlement sourd des sabots des cavaliers. Il ne comprend pas pourquoi il doit fuir, mais il le fait. Suivant les conseils de leur défunt père, Eliane l'a emmené dans la grande forêt qu'on raconte maudite. Lui la trouve plutôt magnifique, mais une telle course est difficile pour un enfant de cinq ans.
Sa sœur le remarque et ralentit. Elle n'est guère plus âgée, mais elle sait pouvoir tenir plus longtemps que son cadet. Elle trouve un recoin sombre au creux d'un arbre où elle le laisse, lui faisant promettre de ne pas faire de bruit, et d'attendre qu'on vienne le chercher. Puis elle repart sans une regard dans la course folle à travers les bois, attirant les chasseurs vers elle.
Elle court longtemps, mais à chaque foulée, à chaque instant, elle entend les hurlements terrifiants s'amplifier. Alors qu'elle fatigue et qu'elle pense abandonner, elle arrive dans une petite clairière. Devant un feu se trouve une silhouette fine, mais qui dégage une forte puissance. La personne se lève, et Eliane voit une jeune et belle femme apparaître à la lueur chancelante du feu.
- Que se passe-t-il, petite fille, demande l'inconnue ?
Eliane tente de répondre, d'expliquer que des cavaliers arrivent et risquent de les tuer toutes les deux, mais son souffle est court et ses paroles se perdent au plus profond de sa gorge. Et avant que l'étrangère ne puisse esquisser un mouvement, les fourrés s'écartent et laissent passer cinq soldats et une demi-douzaine de chiens. Mais alors que ceux-ci commencent à japper, la femme se relève et leur lance un regard. Glapissant de terreur, les bêtes se réfugient derrière les chevaux, qui eux-mêmes s'ébrouent et cabrent.
D'un geste, les guerriers descendent et se retrouvent face à l'étrangère, les épées au clair.
- C'était donc vous, la raison de cet affolement. Cinq soldats, avec des chevaux, armés jusqu'aux dents, pour pourchasser une petite fille. Quel est donc ce pays ?
- Eloigne-toi, sorcière, si tu tiens à la vie, grogne l'un des soudards. Tu ne nous intéresses pas!
- Peut-être, mais je dois vous préciser quelques petites choses. Premièrement, je ne suis certes pas une sorcière, où vous seriez déjà tous mort! Je venais juste rendre visite à un ami par ici, et je ne suis pas du genre à tuer de loin. Je préfère me servir d'une bonne épée.
Elle jette une rapide coup d'œil dédaigneux aux armes des attaquants.
- Je ne parle bien sûr pas de ces bouts de ferraille que vous portez avec vantardise, dit-elle en se baissant pour attraper la poignée de son arme, mais d'une chose qui cause de véritables dégâts.
Elle soulève l'immense morceau de métal qui fait presque sa taille, et d'un rapide coup, sort du jeu un premier soldat. Elle saute et virevolte malgré le poids de son arme, et en quelques instants, les guerriers se retrouvent au sol, contusionnés, et effrayés.
- J'espère que vous ne songerez plus à contrarier une Amazone, leur dit-elle avant qu'ils ne s'enfuient sans demander leur reste.
La guerrière se retourne et sourit, remarquant que malgré le tumulte ambiant, la petite fille s'est endormie, épuisée.

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