3 janvier 2009

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- Range ça et fais ce que je te dis, s'énerva encore une fois Eliane.
- Pourquoi je devrais le faire ? Mon épée est comme mon âme. Je suis une Amazone.
- Et toi, tu dévoiles ton âme à tous ? Apprends à avoir des secrets! Sinon, je te laisse ici et je trouve un endroit où m'héberger toute seule.
- Ouais, bon, bougonna Ariane. Mais je doute que ton plan fonctionne
Elle rangea tout de même l'imposante arme avec celle de sa partenaire, et leurs arcs, dans des branchages.
- Mais je porte le paquetage, se défendit Ariane.
- Si tu veux, répondit simplement l'autre fille.
Rabattant sa capuche sur son visage, Eliane reprit la marche. Le ciel se couvrait, et elle n'avait pas envie de passer la nuit dehors. Elle avait repéré une ferme éloignée, où elle avait décidée de demander l'asile. Mais les Amazones portaient comme un masque d'effroi, et personne ne leur aurait accordé le gîte. Elles devaient donc cacher leur condition si elles ne désiraient pas être trempées. Eliane avait eu énormément de mal, mais avait fini par convaincre Ariane de cacher son appartenance à ce peuple. Il avait été plus dur de l'éloigner de son épée.
Elles arrivèrent rapidement près de la ferme. La maison était un petit bâtiment, mais les paysans qui y habitaient les laisseraient sûrement avoir un peu de place dans la grange, à côté. Et si elles avaient de la chance, elles pourraient même avoir un bol de soupe. Eliane s'approcha de la porte, sans faire attention à l'air contrarié qu'affichait sa comparse, et frappa à la porte. Elle entendit des pas pressés, et la porte s'ouvrit. Un vieux couples apparut, et Eliane put voir défiler sur leur visage successivement la peur et la colère, puis le soulagement, et enfin la surprise.
- Pardon de vous déranger, dit-elle, mais nous étions parties chercher du bois à la demande de notre père, et nous sommes faites surprendre par la nuit et la pluie. Quand nous avons vue votre maison, nous avons espéré que vous nous permettriez de nous mettre au sec.
- Mais entrez donc, mes pauvres chéries, intervint la maîtresse de maison en donnant un coup de coude à son mari. Nous avons assez de soupe pour vous, et une chambre inutilisée. Vous pouvez laisser votre chargement dans la grange, dit-elle en montrant le bois empaqueté.
Entendant cela, Ariane attrapa et tint fermement le paquet. S'alarmant de la lueur soupçonneuse qui apparut dans les yeux de la vieille dame, elle s'approcha et lui dit à l'oreille.
- Pardonnez à ma sœur. Elle a l'esprit assez simple. Notre père nous a recommandé de ne jamais nous séparer de notre fardeau, et elle refuse par conséquent de s'éloigner de celui-ci.
- Ah, soupira la dame. Je comprends. Il faut obéir à son père, affirma-t-elle en jetant un regard plein de compassion à Ariane. Mais ne t'inquiète pas, dit-elle à Eliane. Ta sœur est jolie, et trouvera sûrement un bon mari.
- Le problème vient plutôt de son caractère, pour cela, avoua la jeune fille, à l'insu de sa compagne.
- Ah ?
- Sauf s'il s'agit de Père et Mère, elle est têtue et irascible. Même avec moi, sa chère et tendre grande sœur.
- Quelle tristesse !
- N'es-tu pas d'accord avec ta grande sœur, demanda Eliane à Ariane qui s'approchait ?
Elle ne daigna pas répondre, et tenant toujours le paquet de bois, elle lui lança un regard noir. La vieille femme soupira à nouveau, puis reprit le sourire et proposa aux deux affamées un bol de soupe qu'elles acceptèrent toutes les deux avec empressement. Ariane mangea, et resta muette pendant toute la soirée, alors qu'Eliane discutait avec entrain et jovialité avec leurs hôtes. Ils étaient clairement pauvres, mais ils n'avaient pas hésité à ouvrir leur porte aux deux jeunes filles. Ariane en parla à Eliane dans la chambre qu'ils leur avaient prêtée.
- Ne leur vole-t-on pas leur pitance, ainsi ?
- Tu as un cœur, finalement, s'étonna Eliane!
- Mais ...
- Apprends à te fondre dans le peuple, c'est important, lui dit sérieusement Eliane. Il y a des moments où l'Amazone ne doit pas se faire remarquer, et ton visage morose attire sans aucun doute l'attention. Mais pour ce qui concerne ta question, continua Eliane sans laisser le temps à l'autre de riposter, je pensais mettre de l'argent, le peu d'argent que j'ai, sur le lit lors du départ. Si nous voulons payer, ils refuseront. Alors que de cette façon, ils ne remarqueront l'or qu'après notre départ.
- Ah, dit simplement Ariane !
A ce moment, elles entendirent un bruit de sabots. Elles tendirent toutes les deux l'oreille, et captèrent des bruits de bottes qui foulent le sol. Puis le visiteur toqua à la porte. Eliane présuma qu'il était celui à l'origine du sentiment de peur qu'avaient les fermiers. La porte s'ouvrit, et une voix grave prit la parole.
- Vous n'avez pas payé l'impôt cette semaine! Si vous ne payez pas maintenant, au nom de mon maître et seigneur, je vous fais déclarer hors-la-loi et vous pends haut et court.

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