11 janvier 2009

Tao

- Plus que quelques centaines de mètres, et nous y sommes.
Cette voix appartenait au frère aîné de la famille qui l'avait accueillie. Elle avait bien sûr été choquée par leur réponse, mais elle avait décidé de croire en Li Yuan. Même si elle devait être refusée, elle irait jusqu'au bout. Mais ainsi, elle apprendrait peut-être quelque chose d'utile. Elle l'avait annoncé ainsi à ses hôtes, qui avaient essayé de l'en décourager. L'escalade était trop dûre pour une jeune fille ! Mais ils n'avaient pu lui faire changer d'avis. Et comme leur fils comptait faire l'escalade pour tenter de devenir disciple auprès des sages du sommet, ils avaient insisté pour qu'ils y aillent ensemble.
Comme elle avait pris l'habitude de le faire quand elle disparaissait en ville sous une fausse identité, elle avait fait le chemin en cachant ses véritables capacités. Pour ne pa blesser la fierté de son guide, qui était déjà époustouflé de la voir arriver à le suivre. Mais il n'en montrait rien, et indiquait maintenant l'entrée d'une caverne, au loin. Ils s'y pressèrent.
A l'intérieur, de nombreuses torches brûlaient, donnant un faible éclairage. Tous les deux, ils pénétrèrent dans les profondeurs. Lenlen sentit le malaise que l'obscurité provoquait chez son compagnon. Elle savait qu'il en était ainsi pour la plupart des gens, mais l'obscurité la réconfortait plutôt qu'autre chose, surtout qu'elle s'y savait à son avantage.
Après une courte marche, ils arrivèrent dans une vaste caverne, au centre de laquelle flambait un immense brasero. Et de nombreuses personnes étaient assises tout autour. Une voix surgit, venant d'un homme qui se trouvait à l'autre extrémité de la caverne.
- Bienvenue ici. Pourquoi venez-vous ?
- Je viens pour apprendre, répondit son compagnon de route.
- Qui es-tu ?
- Sei Lon est mon nom.
- Le Tao est un art de l'esprit et du corps, reprit l'homme. Tu nous as remis ton âme en donnant ton nom, nous devons maintenant prendre ton corps. Tchen!
- Oui, dit un jeune homme rasé en se levant.
- Teste notre ami, et montre-lui la route qui te sépare de lui.
L'homme, le disciple, s'inclina et se tourna vers Sei.
- Vient et combat!
Sei s'élança. Sa main en avant pour fendre l'air. Mais l'autre déplaça avec facilité le poing qui venait vers lui. Et le coup finit dans le vide. N'y croyant pas vraiment, Sei attaqua à nouveau, mais une nouvelle fois, sa tentative fut déviée. Et le combat continua ainsi pendant près d'une heure, jusqu'à ce que Sei s'écroule d'épuisement.
- Bien, dit le sage en reprenant la parole. Comprends-tu maintenant le chemin qu'il te reste à parcourir ?
- Oui, et je m'en remets à vous comme guide.
- Bien. Suis donc maître Hong, dit-il en montrant un de ses confrères qui se leva, il t'apprendra ce que tu dois savoir pour vivre ici.
Sei s'inclina, et partit avec son nouveau mentor, avant que le sage ne reprenne la parole, à l'égard de Lenlen.
- Sais-tu que nous n'enseignons pas aux femmes ?
- Je l'ai entendu dire.
- Pourquoi es-tu venu ?
- Quelqu'un en qui je crois m'a dit de venir.
- Qui ?
- Le général Li Yuan.
- Quelles sont tes liens avec le rebelle des terres du milieu ?
- Il a sauvé mon âme, et j'ai sauvé sa vie.
- Pourquoi n'es-tu pas resté là-bas ?
- Il ne voulait pas que je combatte là-bas.
- Pourquoi ?
- Ma famille est du côté de l'empereur.
- Pourquoi n'es-tu pas du côté de l'empereur ?
- J'ai été banni.
- L'as-tu trahi ?
- Il m'a trahi.
- Qu'as-tu fait ?
- J'ai agi en accord avec le serment de l'empereur.
- Quel serment ?
- Qu'il ne serait fait aucun mal à Li Yuan durant les négociations à la capitale.
- Que faisais-tu proche de l'empereur à ce moment ?
- Mon devoir.
- Ton devoir, s'étonna le sage pour la première fois. Qui es-tu ?
- Xuan Wu Lenlen.
Trois sages se levèrent en entendant cela, et un d'eux éleva la voix.
- Qui es-tu pour oser proclamer comme tien le nom du Guerrier Noir ?
- Qui pensez-vous que je sois, répondit-elle avec insolence, énervée par les incessantes questions qu'ils lui posaient ?
- Tel est vraiment ton nom, demanda celui qui la questionnait depuis le début ?
- Oui! Voici une preuve, dit-elle en sortant le médaillon de son clan, qu'elle avait toujours sur elle.
L'homme parut réfléchir un instant, puis dit.
- Bien, je t'autorise à passer un test. Si tu réussis à vaincre Tchen, nous t'apprendrons notre art. Mais nous ne pouvons t'accepter comme disciple.
- Bien, accepta Lenlen. Je n'avais aucune envie de me raser le crâne de toute manière!
- Tchen!
Le disciple se leva et s'approcha.
- N'avez-vous pas quelqu'un d'autre, demanda Lenlen ?
- Tu as peur de moi, demanda son adversaire ?
- Je ne voudrais pas te blesser. Vous devez sûrement avoir un disciple plus fort!
- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?
- Sa technique peut sembler incroyable, mais il n'a pas le timing. Contre un ennemi plus lent, ça ne pose pas beaucoup de soucis, mais...
- Je me retenais juste, répondit l'autre, se sentant insulté. Mais ne t'inquiète pas! Je ne me retiendrais pas face à toi! Tu vas comprendre la différence entre nous!
- Je ne demande que ça!
Et tous les deux se mirent en position de combat.

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