9 janvier 2009

Montagne

Et elle était partie. Pas tout de suite bien sûr. Elle s'était reposé de sa fuite éreintante d'abord, puis avais demandé, comme on lui avait conseillé, l'avis du général Li Yuan. Et elle comprit à ce moment combien l'homme voulait l'aider, elle. Car il avait prévu un itinéraire. Pas celui le moins dangereux, bien sûr! Ce serait une honte pour une ombre de choisir un chemin pour sa facilité. Mais celui qui pouvait lui apporter le plus.
- Je te conseillerais de passer par la grande montagne, par le Tibet. Des moines taoïstes peuplent la montagne, et tu pourras apprendre d'eux. Énormément de chose. De plus, ce paysage ne t'est pas familier, et te permettra de t'accomplir. Tout ton voyage te dépaysera, et tu changeras, parfois sans t'en rendre compte. Donc, tu dois aller par là-bas, puis tu feras un passage au Licchavi, pour rejoindre le nord de l'inde, le royaume du roi Harsa. C'est un roi sage, et il est possible qu'il est besoin de quelqu'un comme toi. Tu pourras, si tu en as envie bien sûr, lui proposer ta protection. Qui sait s'il acceptera.
- Merci, dit Lenlen en s'inclinant. Pour tout ce que vous avez fait, et faites pour moi.
- Va, lui avait-il répondu, et vit ta vie. Bon voyage!
Elle ne l'avait pas revu après. Elle était partie le matin suivant, avant même l'aube. Elle n'avait pas pris de monture, juste quelques armes, et un paquetage contenant le nécessaire. Mais elle était partie à pied. Pour se chercher, pour se retrouver.
Comme il lui avait dit, elle se dirigea vers les montagnes. Elle était en forme, et douée, mais plus elle progressait, et plus avancer devenait difficile. Les épaisses couches de neige ne lui posaient pas le plus de problème, car elle parvenait à marcher dessus presque sans s'enfoncer, mais le froid mordant faisait son office et lui enlevait ses forces, gâchant de précieuses ressources.
Pendant plusieurs jours, elle ne fit que marcher, se nourrissant à l'aide de plantes trouvées sur son passage. Puis la végétation se fit de plus en plus rare, et elle entama les quelques réserves qu'elle avait pu emporter. Elle faiblit de plus en plus, tentant de garder cependant sa direction et son allure. C'est ainsi qu'elle arriva dans un petit village. Personne n'était dehors, car le temps était était à la tempête.
Elle frappa à plusieurs portes, mais personne ne semblait l'entendre. Poussée par le froid, elle se décida finalement à rentrer dans une des maisons. Pénétrer dans un tel lieu ne représenta aucune difficulté pour la jeune ombre. Trouvant quelques couvertures, elle s'enroula à l'intérieur, et s'endormit, éreintée. Et toute la nuit, elle dormit, alors que la tempête glacée rameutait la neige à l'extérieur.
Elle se réveilla quand un rayon de soleil put enfin l'atteindre, passant à travers la neige et le bois. Elle sentit une odeur de riz parvenir jusqu'à ses songes, et elle émergea lentement. Et quand sa conscience perça enfin le voile des songes, elles remarqua le bol. Sous son nez, il y avait un bol plein de riz, que lui tendait un petit garçon souriant.
- Tiens, tu dois avoir faim!
Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait qu'elle était déjà sur ses pieds, effarée. Une demi-douzaine de personnes était dans la pièce, partageant leur repas. Et tous la regardaient avec une lueur chaleureuse au fond des yeux. Mais ne l'ayant jamais vu chez personne d'autre que son clan, elle crut se tromper. Tout les gens normaux haïssaient les Xuan Wu. Elle courba rapidement la tête, se rappelant n'avoir pas été invitée dans la maison.
- Pardon ,s'exclama-t-elle! Pardon d'être rentrée chez vous sans votre permission.
- Tu as eu tout à fait raison, dit un homme au large sourire. Il fait froid dans ses régions, et puisque le village était désert et qu'il te fallait un abris, tu n'as pas eu d'autre solution. Mais plutôt que de rester ainsi, viens reprendre des forces, et mange avec nous. Lenlen releva la tête, et l'enfant s'approcha une nouvelle fois avec la nourriture. Elle lui sourit et prit le bol plein. Dans un éclat de rire, le petit garçon se précipita vers la table, et s'y installa, montrant la place qui jouxtait la sienne à Lenlen. Elle y vint s'asseoir.
- Bienvenue chez nous, reprit l'homme. Désolé de n'avoir pu t'accueillir hier soir, mais notre sage avait prédit la tempête, et nous sommes aller nous réfugier dans un abri, où il fait moins froid et où le vent souffle moins fort.
- Merci de votre accueil tout de même, et de ne pas m'en vouloir de m'être introduit chez vous. Je m'appelle...
- Stop, l'arrêta l'homme. Tais ton nom. Je devine que tu ne resteras pas longtemps, et si nous t'accueillons avec joie parmi nous, nous ne souhaitons pas entretenir de nouvelles chaînes. Ton nom, expliqua-t-il face à son regard d'incompréhension, porte ton âme. Nous ne le donnons qu'à nos familles et ceux en qui nous avons totale confiance. Et seul le temps peut construire la confiance.
- Bien, dit Lenlen.
- Donc pour les présentations, nous n'avons besoin de savoir qu'une chose, que tu voyages. De notre côté, continua-t-il en montrant tour à tour chacune des personnes de la tablée, voici ma femme, mon père, ma fille et mes deux fils.
- Bonjour à tous, salua Lenlen.Puis ils discutèrent, avec entrain, de différentes choses, que souvent la jeune guerrière ne comprenait pas. Puis vint la question, posée par le tout jeune :
- Où vas-tu ?
- On m'a conseillé de chercher les moines taoïstes, répondit-elle.
ET tous se turent.
- Qu'y a-t-il, demanda-t-elle ?
- Ne sais-tu pas qu'ils n'enseignent pas aux femmes, dit le frère aîné.

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