15 janvier 2009

L'Inde

L'échange avait commencé dans l'instant. Les coups pleuvaient. Lenlen attaquait à un rythme fulgurant, mais son opposant parvenait à dévier ses attaques, et même à placer quelques coups de temps à autre. Mais aucun de ceux-ci ne semblait avoir le moindre effet.Mais seul l'adversaire de Lenlen paraissait s'épuiser. Après dix minutes de combat, ils s'arrêtèrent, Tchen reprenant son souffle.
- Tu n'es pas si forte que cela, fit remarquer un des taoïstes de l'assemblée!
- Vous m'avez demandé de le vaincre. Pas d'utiliser toutes mes capacités pour le faire, répondit-elle simplement. Mais j'ai bien peur que vous ne puissiez pas voir mes véritables capacités de toute manière!
- Te penses-tu vraiment si supérieure à moi, ragea son adversaire ?
Elle tourna la tête vers lui, intriguée.
- Je ne te sous-estime pas! Tu es très fort, mais pas suffisamment pour me vaincre! Mais ils ne pourront voir mes capacités car le principe même de l'ombre est de ne pas être vue.
- Quoi ?
- Tchen, dit-elle! Tu t'es bien battu, pour me tenir tête si longtemps, malgré ta nature de simple humain. Apprends maintenant à avoir peur du noir.
Et devant les yeux ébahis du disciple, et de ceux de nombreux maîtres taoïstes tout autour, l'image de la jeune fille se troubla pour se confondre sous un voile de ténèbres. Tous retinrent leur souffle, attendant l'action, s'attendant à voir réapparaître Lenlen au moment de l'attaque. Seul le vieux sage resta calme. Tchen commençait à sentir l'angoisse le saisir, mais il s'efforça à garder son calme.
- Je suis là, lui susurra une douce voix à l'oreille.
Il se retourna brusquement, mais rien n'était visible, et personne n'avait rien vu, comprit-il en remarquant leurs regards étonnés. Elle s'était approché à quelques millimètres de lui, et personne n'avait réussi à la remarquer. Ses battements de cœur augmentèrent encore. Il comprit qu'à aucun moment la jeune fille ne l'avait sous-estimé. Qui donc pourrait se battre contre ce qu'il ne pouvait percevoir ?
- Prépare-toi, le prévint la jeune fille, toujours invisible. J'attaque.
Il était prévenu. Il se préparait à réagir au moment du contact. Même s'il devait perdre, il pensait pouvoir donner un bon coup. Il n'en eut pas le temps. Sans pouvoir bouger, il se prit deux coups de pieds dans le ventre, puis un sous le menton. Ses pieds se détachèrent du sol lors de l'impact, mais il parvint à atterrir plus loin, et à conserver un semblant d'équilibre. Sa fierté lui interdisait de tomber si facilement devant toute l'assemblée de ses maîtres.
- Bien, intervint le vieux sage en se levant. Arrêtons-nous en là!
Tchen voulut réintégrer les rangs, mais ses jambes faibles défaillirent. Heureusement, il se sentit supporté, avant de remarquer que Lenlen était réapparue, et l'avait empêché de s'écrouler. Il la remercia d'un signe de tête, avant de s'éloigner.
- Tchen s'est remarquablement bien battu, fit remarquer le maître. Je ne le pensais pas capable de tenir si longtemps face à un Xuan Wu. Quant à toi, jeune fille, je comprends pourquoi le Qi Lin Li Yuan t'a envoyé ici. Reste donc le temps que je t'apprenne notre voie. Elle te permettra de te comprendre toi-même, et de devenir plus forte. Seule l'expérience te manquera encore pour pouvoir réveiller alors ton véritable potentiel.
- Merci, dit Lenlen en s'inclinant.
Et c'est ainsi qu'elle resta plus d'un mois à travailler avec les taoïstes, apprenant et s'endurcissant. Puis, malgré tout ce qu'il lui restait encore à apprendre, vint le moment où elle dut reprendre la route. Elle dit adieu à ses enseignants, et partit sans crainte vers le Licchavi. Elle apprit à vivre parmi le peuple, cachant encore son identité, dans ses contrées que les légendes du Xuan Wu avaient atteintes. Puis, elle arriva enfin en Inde du Nord.
Le royaume du roi Harsa était magnifique. Mais la guerre se préparait. Les Chalukya, au sud, prenaient les armes pour unifier le pays. Elle avait tenté de rentrer dans le palais par la voie principale, mais on l'y avait refusée. Elle s'y infiltra donc, à la manière des ombres. Elle parvint sans aucun soucis jusqu'au roi. Elle lui avait expliqué la situation, avant qu'il ne puisse même feindre d'appeler la garde.
- Je n'ai nul besoin de protection, avait-il dit.
- Laissez-moi affronter votre meilleur guerrier, avait-elle demandé! Vous verrez que je peux vous être utile!
Elle lui avait tellement demandé qu'il lui avait finalement accordé ce combat. Qu'elle remporta. Mais le roi Harsa n'avait pas changé d'avis.
- Ton bras est fort, avait-il reconnu, mais tu ne pourras t'intégrer à mon armée. Et malgré ta force, tu ne peux rien faire seule à cette échelle. Pas contre un peuple entier.
- Mais, avait-elle tenté de protester,...
- Écoute, si on ajoutait à ton clan un homme redoutablement fort, pour certaines missions, mais qui n'est absolument pas l'habitude de combattre à vos côtés, il n'aidera pas les autres, ou pire, les gênera. Et quant à être mon garde du corps, c'est inutile. Je n'aurais besoin d'un tel garde que si nos troupes sont décimées. Je n'aurais alors d'autre choix que de me rendre pour le bien de mon peuple. Et tu n'auras servi à rien. Continue ta course vers la dernière demeure du soleil jeune fille! Tu finiras par trouver ce que tu cherches.

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