2 janvier 2009

Premier obstacle

Shaen s'approcha d'Eliane, et lui murmura à l'oreille :
- Bonne chance! Cette mission risque d'être difficile. Les évènements que l'on m'a relatés me porte à penser que plus d'un dragon est à l'œuvre dans les terres glacées.
- Ne t'inquiète pas! Je ferais tout pour vaincre, car je sais que l'assassin de mes parents s'en prendra un jour à moi et à mon frère. Et qu'il est bien plus redoutable qu'un ou deux dragons. Si je perds maintenant, cela ne pourra que prouver que je n'aurais eu aucune chance de protéger ma famille.
- Garde cet état d'esprit, et ne te laisse jamais surprendre. La concentration est la première arme du guerrier.
- Et comme pour les autres armes, celle de l'Amazone est démesurée ?
- Quoi ?
- Je me souviens encore de la tête de ses soldats, avant que je ne m'évanouisse d'épuisement, la première fois que je t'ai vue.
- Bon voyage, dit finalement Shaen en souriant à l'allusion.
Eliane jeta son sac sur ses épaules et sortit de la hutte. Elle s'avança jusqu'à l'entrée du village, là où le rendez-vous avec Ariane était prévu. Elle aperçut une souche sur le bord et jeta un regard autour d'elle. Encore personne. Elle attrapa l'extrémité du morceau de bois toujours enraciné. Et elle tira. Petit à petit, la teere se souleva, puis elle finit par s'ouvrir, alors que la jeune fille dégageait finalement les restes de l'arbre coupé. Elle jeta sans s'en occuper son trophé dans la forêt. Puis elle donna quelques coups de pieds sur les rebords de la fraiche crevasse qui s'effondrèrent. Elle continua jusqu'au moment où le trou fut rebouché.
Toujours personne. Elle ne s'alarma pas, et n'était pas véritablement impatiente, mais elle savait Ariane très fidèle aux devoirs, consignes et règlements. Entre autre, elle ne pouvait s'empêcher d'être ponctuelle. De plus, la jeune guerrière n'aurait jamais pris volontairement du retard. Finalement poussée par la curiosité, Eliane grimpa aux branches d'un arbre à proximité. En quelques secondes, elle fut en haut, et elle manqua de s'étouffer de rire en remarquant les malheurs que subissait sa pauvre camarade.
Ariane, également lourdement chargée, et victime de sa renommée parmi les jeunes guerrières, s'efforçait avec peine de se frayer, sans violence ni bousculade, un chemin à travers le groupe qui lui souhaitait un bon voyage. L'ensemble des fillettes, et de quelques garçons, semblait, depuis le point de vue d'Eliane, formé une marée continuellement renouvelée se dressant sur la route d'Ariane. Elles n'étaient pas encore partie que déjà la pauvre Amazone renommée croisait le chemin d'obstacles à l'apparence de l'insurmontable.
Cependant, une de ses amies remarqua le problème, et décida d'envoyer tous les plus jeune en séance d'entraînement, intensive et improvisée. Pouvant de nouveau respirer, Ariane remercia l'amie salvatrice, put achever ses adieux, puis arriva, avec un léger retard, au lieu du rendez-vous. Elle allait se plaindre de la lenteur d'Eliane quand la voix de celle-ci survint de plus haut :
- Je préfère les griffes de dragons qu'une attaque coordonnée d'encouragements de la part de tes fidèles! Pas trop dur de s'en dépêtrer ?
- Que fais-tu là-haut, s'énerva Ariane, furieuse d'être sujette à plaisanterie ?
- Moi! J'ai tenté de chasser l'écureuil pour passer le temps en t'attendant. Mais ils n'ont pas voulu se montrer. Dommage, n'est-ce pas ?
Avant d'obtenir une réponse, elle sauta à terre et se redressa.
- Bien, dit-elle en ouvrant la marche, il est temps d'y aller.
Ariane se précipita derrière elle.
- Où ? Ne doit-on pas attendre le guide ?
- Quel guide, demanda Eliane avec un rien de mépris ?
- Je ne sais pas! Quelqu'un qui connaît le coin. Le gars qu'est venu donner la demande, peut-être.
- Ariane. Je vais t'expliquer comment la transmission des informations fonctionne, mais nous avons beaucoup de route à faire, et à pied, vu qu'aucune de nous deux n'a encore de monture. Alors nous parlerons en marchant, d'accord ?
Ariane, véxée de sa propre ignorance, ne daigna pas répondre, et se mit en route. Eliane poussa un soupir résigné et commença son explication.
- Les hommes, et celles qui ne deviennent pas guerrières, s'occupent souvent de la logistique. Comme tu le sais, lors d'une mission, le tiers du tribut demandé va à la guerrière, ou aux guerrières si elles sont plusieurs. Ensuite, un tiers sert de revenus à toute la logistique, et enfin le dernier va à tous le groupe, pour permettre l'entraînement des plus jeunes, l'approvisionnement en nourriture et armes, et toutes les sortes de cérémonies.
- Je sais. Et pour les montures, les guerrières doivent se débrouiller. Acheter un cheval, ou dompter la créature que nous voulons comme monture. Et alors ?
- Pourquoi crois-tu que si peu d'hommes habitent au royaume ? La plupart servent de relais. Ils sont éparpillés à travers les différents pays, et tous ceux qui veulent faire appel à nos service vont vers eux. Celui-ci, selon l'urgence, paye un coursier rapide, ou utilise nos pigeons voyageurs.
- On a ça ?
- Oui. De nombreux pays peuvent ainsi faire appel à nos services en toute discrétion et avec rapidité. Mais si tu veux suivre un pigeon voyageur, je te souhaite bon courage. De plus, la demande était urgente, et l'oiseau doit se reposer un certain temps. Nous ne pouvons attendre son départ.
- Et comment on peut faire alors, s'inquiéta Ariane ?
- Je sais d'où est parti le message. Là-bas, quelqu'un nous attendra pour nous donner les détails de la mission, et nous mettre en relation avec les commendataires.
- Et après, c'est dans mes cordes, fit remarquer l'impétueuse Amazone!
- Ouais, acquiesça Eliane. Après, il n'y a plus besoin de réfléchir.

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