14 octobre 2008

Messager

Les gardes faisaient nonchalamment leurs rondes autour du palais. Aucun d'entre eux ne la vit, installée confortablement dans une zone d'ombre. Elle se dit tout d'abord qu'elle devrait les rappeler à l'ordre, mais avant qu'elle ne mette son plan à exécution, son oreille capta le martèlement sourd d'un cheval lancé au galop. Et en effet, la monture arriva rapidement, son cavalier restant maladroitement en selle. Puis elle ralentit et s'arrêta devant l'immense porte. Les gardes prirent la parole, et l'homme, blessé, voulut argumenter, mais fut repoussé sans ménagement.
Il revint péniblement réitérer sa demande, mais un des gardes du palais le poussa violemment, sans la moindre pitié. Et alors qu'il défaillait et se dirigeait inintentionnellement vers le sol, une poigne de fer le retint. La jeune fille fille fusilla du regard les soldats du palais, qui blêmirent.
- On ne reconnait même plus ses compagnons! Cet homme faisait parti de la garde de voyage de l'empereur, et il revient, visiblement blessé, s'exclama-t-elle en désignant la flèche, qui pointait toujours du dos de l'homme. Pensez-vous que si l'empereur est blessé, les Ombres vous pardonneront d'avoir expulsé le messager!
Les hommes enfoncèrent profondément leur tête dans le sol, tout en se confondant piteusement d'excuses. Mais La jeune guerrière n'en avait déjà plus rien à faire, et conduisait le blessé à l'intérieur du palais, en direction de la salle de conseil du clan des ombres. Malgré son état de fatigue, qui semblait l'avoir immunisé à de nombreuses peurs, la jeune fille put remarquer que l'homme tremblait de tout son corps à l'idée de s'approcher ainsi des gardes impériaux.
- Ne t'inquiète pas, lui dit-elle. Nous voulons juste savoir ce qu'il t'est arrivé. Après, tu seras pris en charge par les médecins du palais.
Puis elle prit son inspiration, et poussa un long sifflement, avant d'entrer dans la salle obscure. L'homme la suivit craintivement, et se retrouva au centre de la salle. Soulagé de n'y voir personne, il respira un peu plus calmement. Mais soudain, une voix sortit des ténèbres.
- Que se passe-t-il Lenlen?
- Cet homme est revenu blessé. J'ai préféré l'amener directement ici.
Le pauvre soldat sentit un regard de braise se poser sur lui, mais il ne savait pas depuis quel direction.
- Tu as bien fait, dit une douce voix féminine. Alors, que t'est-il arrivé, demanda-t-elle au blessé.
- Eh, bien, tenta-t-il d'expliquer en se tournant dans tous les sens, sans savoir vers où il devait s'adresser. Nous avons été attaqué, à notre arrivée aux travaux.
- Rébellion, interrogea la dure voix d'un homme ?
- Oui! Les travailleurs se sont soulevés et l'empereur est pris au piège entre les mécontents et la muraille. Nos troupes le protègent, mais mon capitaine m'a ordonné de prévenir le clan des ombres.
- Combien des nôtres?
- Deux, et deux milles soldats, contre peut-être plus de dix-milles paysans. Nous pourrions les vaincre en guerre normale, mais nous devons protéger l'empereur. Nous ne pouvons faire aucun geste.
- Bien.
L'homme sentit que la tension dans la pièce baissait, et il s'autorisa un coup d'œil dans la pièce. Il ne vit rien. La jeune fille lui toucha l'épaule.
- Venez! Vous avez accompli votre mission. Je vous emmène voir les médecins. Laissez-nous nous occuper du reste.

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